DAVOUST Gaston, Émile dit CHAZÉ Henry

DAVOUST Gaston, Émile dit CHAZÉ Henry (du lieu de sa naissance)

Né à Chazé-Henry (Maine-et-Loire) le 23 février 1904 ; mort le 28 septembre 1984 à Grasse (Alpes-Maritimes) ; ingénieur ; militant syndicaliste ; membre du Parti communiste puis oppositionnel ; dirigeant de l’Union communiste.

Son milieu familial contribua sans doute à orienter Gaston Davoust vers le mouvement ouvrier : son père Eugène Davoust — voir ce nom — était ouvrier et sa mère gérante de coopérative. Dès l’âge de treize ans, il assista à une manifestation de ménagères qui le sensibilisa aux problèmes sociaux. Deux ans plus tard, il fut renvoyé de l’École J.-B. Say pour propagande révolutionnaire. Quand il devint élève-ingénieur au Conservatoire national des Arts et métiers, il s’orienta naturellement dans le sens de la constitution d’une structure présyndicale de ce milieu jusqu’alors inorganisé. Il participa à la création de l’Union générale des élèves techniciens puis de l’Union générale des élèves-enseignants. De cette époque datèrent à la fois ses contacts avec l’Union syndicale des techniciens, ingénieurs, cadres et assimilés (USTICA), dont il devint plus tard un responsable, et son engagement au Parti communiste.

Durant son service militaire, qu’il accomplit après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur en 1925, il mit en pratique les mots d’ordre antimilitaristes du PC en retardant de plusieurs heures une escadre. Il était en liaison avec Raymond Guyot, responsable des activités antimilitaristes des JC qu’il rencontra le 3 avril 1926 à Paris. Revenu à Brest avec du matériel de propagande, Davoust reçut le 10 avril la visite de la police dans la chambre qu’il avait louée en ville. La perquisition permit la saisie de lettres à des journalistes communistes américains, de cours de l’École de Bobigny et de brochures. L’armée lui infligea quatre-vingt-dix jours de prison et le garda pendant deux mois supplémentaires.

À son retour, en juillet 1926, il présida une séance du congrès de fondation de l’Union fédérale des étudiants.

Devenu ingénieur aux aciéries d’Hirson (Aisne), ses liens avec l’USTICA se relâchèrent en même temps qu’il militait plus activement au PC et à la Fédération sportive du travail à laquelle il appartenait depuis 1918. Il collaborait au journal de la Région Nord-Est du PC : L’Exploité. De retour dans la région parisienne, en 1928, il devint chimiste de production chez Pathé puis, de 1928 à 1932, secrétaire appointé de l’Union des syndicats de techniciens. Sensibilisé aux luttes internes du PC, il eut l’occasion de lire L’Unité léniniste dirigée par Albert Treint dont il refusa d’ailleurs de voter l’exclusion. Il devint, peu à peu, plus critique vis-à-vis de la ligne officielle du Parti et, militant dans le 15e rayon (Puteaux, Suresnes, Nanterre, Courbevoie) et membre de son bureau, il organisa un groupe d’oppositionnels qui fut finalement exclu en août 1932.

Gaston Davoust, à la tête des opposants, essaya de se faire entendre à la conférence du rayon le 30 octobre avant de voir son exclusion confirmée. Le groupe dit de la banlieue ouest tenta alors un regroupement qui donna naissance, en avril 1933, à la Fraction de la gauche communiste. De cette organisation et d’une scission de la Ligue communiste naquit, en novembre, l’Union communiste dirigée en partie par Gaston Davoust. En 1936, il fut responsable de L’Internationale, son organe mensuel, et de la revue Bilan, organe de la fraction italienne de la gauche communiste.

Ce courant, très faible numériquement, issu en partie du trotskysme, sympathisait avec les thèses défendues par Amadéo Bordiga. Gaston Davoust déclara, en juillet 1936, au Cercle d’études de Courbe-voie, dont il était l’un des animateurs, que les travailleurs couraient un grave danger s’ils se « laissaient entraîner derrière leur bourgeoisie nationale contre le fascisme et pour la défense de l’URSS. »

Parallèlement à cette évolution politique, Gaston Davoust milita activement sur le plan syndical. Alors qu’il était licencié de chez Pathé, à la fin de 1929, il devint secrétaire administratif et trésorier permanent de l’USTICA pour une période de trois ans. À cette époque l’Union rompit avec la Confédération des travailleurs intellectuels. Devenue indépendante, l’USTICA adhéra, en 1936, à la CGT réunifiée et se transforma en Fédération des techniciens. Bien qu’ayant quitté, en 1932, son poste de permanent, Gaston Davoust resta membre de la commission exécutive fédérale jusqu’à la guerre. Il entretint avec Alfred Bardin — voir ce nom — une action oppositionnelle contre les dirigeants communistes et réformistes de la CGT et participa notamment aux tentatives de regroupement des oppositions syndicales autour des journaux de L’Avant-garde syndicale, en 1935, et Le Réveil syndicaliste, en 1937. Durant cette période fortement marquée par la guerre d’Espagne, Gaston Davoust eut des relations avec la CNT anarchiste et se rendit plusieurs fois dans ce pays, notamment à Barcelone.

Arrêté pendant l’Occupation, Gaston Davoust séjourna, du 10 octobre 1941 au 19 avril 1943, aux prisons de Fresnes et d’Angers, puis, du 21 avril au 8 mai 1943, aux camps de Royallieu et Compiègne. Le 10 mai 1943, il arriva au camp de concentration de Sachsenhausen-Oranienburg (matricule 66 373, commando Heinkel, usine d’aviation). Le camp fut évacué vers l’ouest le 21 avril 1945. Au cours de cette « marche de la mort » de deux cents kilomètres qui prit fin le 2 mai, une importante proportion des quelques 30 000 détenus trouvèrent la mort.

Revenu d’Allemagne en très mauvaise santé, Davoust abandonna l’essentiel de ses activités syndicales. Il resta membre de divers petits groupes d’extrême-gauche.

ŒUVRE : H. Chazé, Chronique de la Révolution espagnole. Union communiste 1933-1939, Paris, Spartacus-R. Lefeuvre, 1979, 128 p.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13163, F7/13164. — Arch. J. Maitron. — Arch. PPo. carton 46, dossier Union communiste. — La Vérité, 15 août, 22 septembre et 15 décembre 1932. — L’Internationale, 1933-1936. — J. Rabaut, Tout est possible !, Paris, 1974. — D. Glukstein, Les Mouvements oppositionnels au PC (1924-1928), Mémoire de Maîtrise, Paris VIII, 1976. — Témoignage autobiographique. — Notes de L. Bonnel.

J.-M. Brabant et J. Maitron Cd-Rom Maitron.

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