PANTAIS, Jeanne dite « JEANNETTE » [née GARANDEL]

Née en Bretagne à Carnoët, le 29/08/1919, décédée à Trélazé le 01 septembre 2014.

Elle survit à l’âge de 4 ans à une méningite grâce à l’intervention du maire. Elle émigra à Trélazé à l’âge de 8 ans. Quand elle arrive à Trélazé, elle va en classe avec des enfants plus jeunes qu’elle et elle est d’ailleurs persuadé que la Bretagne est alors un autre pays que la France.

Elle commence à travailler à l’âge de 12 ans. Elle fut bonne chez de « faux-bourgeois » mais préférait la couture. Elle refusa toujours de dire « Madame est servie ».

Sympathisante libertaire et assidue de l’auberge de jeunesse Floréal fondée à La Daguenière, dont il lui semble que Salmon Bernard, Prieul Michel et Plaisant Henri s’occupaient activement (entretien du 18/01/1999). Elle pense qu’elle était très sportive et elle était d’ailleurs souvent en short et elle se souvient en rigolant des problèmes de pilosité et d’épilation. Les auberges étaient mixtes « et ça se passait très bien ».

Jeanne Garandel avait épousé le 18 juin 1940 à Angers le militant libertaire Roger Pantais : « Nous nous sommes mariés le 18 juin 1940, il était non rasé et en bleu de travail. Notre première rencontre date de son retour d’Espagne. J’étais montée dans un arbre et je l’ai vu passer. Il racontait son séjour en Espagne, et fut fascinée » (Témoignage de J. Pantais). Jeannette, se souvient de l’émoi de sa mère lorsqu’elle lui annonça qu’elle allait se marier avec un « ananarchiste ».Jeannette se souvient en rigolant du jour où les allemands arrivèrent car avec Roger ils étaient occupé à brûlé les papiers, revues, journaux, etc. Toutes choses qui passaient au feu, dans le poêle, après une approbation rapide de Roger elle demanda alors si un truc  devait y aller, « oui oui » répondit son mari, il s’avéra que s’était un bout de dynamite.

Pendant la guerre, elle participa à l’entr’aide avec certains internés de Chateaubriand, ou des militatEs anarchistes. Il lui semble que Gaston Leval fut caché dans les environs de Trélazé (?) pendant quelques temps. Dans les carrières, elle particpa à plusieurs vols d’essence aux allemands qui furent ensuite redistribués aux ouvriers carriers. Elle faisait le guet.

A la Libération elle participa avec Roger à la reconstruction du mouvement libertaire et de la Fédération anarchiste (FA) où, dans les années 1950, tous deux s’opposeront à la tendance menée par Georges Fontenis et l’OPB. Après la victoire de ces derniers et après que la FA soit devenue FCL, Jeanne et Roger participèrent à la reconstruction d’une nouvelle Fédération anarchiste (congrès des 25-27 décembre 1953). De 1954 à 1956 elle fut la trésorière du bulletin intérieur de la FA, Le Lien (Trélazé, 10 numéros de janvier 1954 à mai 1956), dont son compagnon était le responsable.

Au niveau professionnel, elle s’occupa de la paperasserie du garage. Ils faisaient des réparations souvent sans faire payer ce qui ne contribuait pas à enrichir le couple. Ils eurent souvent des problèmes avec les huissiers mais l’entraide n’était pas un vain mot selon Jeannette. Ils eurent la volonté dans ce couple « d’être heureux tous ensemble ».

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Photo prise en Espagne, Madrid. Y figure assis de gauche à droite : Raymond Patoux assis près de l’affiche de pub (secrétaire CGT-FO 49 et anarcho-syndicaliste), Roger et Jeannette. Photo prêtée par Jeannette. LB

Jeanne Pantais était également membre active de la Libre Pensée où elle exerça plusieurs mandats. Elle participa également aux tournées de propagande des frères Lapeyre au cours desquelles elle participa aux avortements clandestins et à la diffusion des moyens contraceptifs. Lors d’entretiens, outre les souffrances tant psychologiques que physiques des femmes, elle dénonçait l’hypocrisie de la société, rappelant que « des femmes de flics venaient se faire avorter par les anars d’Angers ou Trélazé, et aussi des femmes de cléricaux qui n’en pouvaient plus de toute leur marmaille« .

Elle participa également à l’apprentissage de l’esperanto et quelques cours eurent parfois lieu chez eux.

Sources : R. Bianco « Un siècle de presse anarchiste… », op. cit. // Entretiens de Laurent Beaumont avec Jeanne Pantais //

 

 

 

 

 

 

Angers, le 03/09/2014

CherEs camarades, cherEs compagonNEs

C’est avec tristesse que nous venons d’apprendre le décès de Jeannette Pantais, née Garandel. Une notice biographique lui est consacrée sur ce lien pour celles et ceux qui n’ont pas eu la plaisir de la connaître.

PANTAIS, Jeanne dite « JEANNETTE » [née GARANDEL]

« Plaisir de la connaître »  c’est bien l’expression, tant sa joie de vivre, sa sérénité était grande.

Elle fut pour certains d’entre-nous qui la connaissaient depuis près de vingt ans, et au delà de l’affection sincère que nous pouvions lui porter, elle fut « notre grand-mère » en anarchie. Non pas une anarchie théorique, une anarchie blablateuse ; mais une anarchie vivante, respectueuse, une anarchie déterminée.

Forcément dans ce milieu trélazéens, sa caboche dure comme le granit de Bretagne ne pu que s’y épanouir, en particulier avec son mari Roger, sa famille proche et éloignée dont elle nous parlait sans cesse mais aussi, avec tous les vieux et vieilles camarades et compagnonEs de Trélazé la rouge et noire. Nous avons une pensée, pour les Lelièvre, les Tharreau, les Rivry, Marie et Zoulou décédé le 1er Mai dernier ; pour sa sœur Ginette, mais aussi, bien d’autres encore.

Anarchiste, elle s’impliqua dans le mouvement libertaire ; internationaliste, elle pratiqua l’esperanto ; libre-penseuse elle eut de nombreux postes de responsabilité à la Libre-Pensée locale et départementale ; « féministe » avant-l’heure, elle participa activement à nombreux avortements qu’ils fallaient « bien faire » et à la propagande théorique et pratique pour la maîtrise de la natalité. Antifasciste, alors qu’elle résidait à la résidence Beaumanoir, elle nous passa un coup de fil après avoir eu un tract fasciste dans sa boîte-aux-lettres pour savoir si nous les « jeunes » voulions bien venir rapidement si par hasard elle les voyaient revenir tracter ! Son énergie -que de souvenir de sa gym !, le pied bloqué dans le bidet – elle savait la transmettre, jamais désespérée y compris devant la vieillesse, elle disait « avoir bien vécu ».

Soucieuse de transmettre le passé, elle nous fit rencontrer une multitude de vieux et vieilles camarades et compagnonEs. Elle fit don également de nombreux livres, brochures et nous autorisa à dupliquer de nombreuses photos pour que l’histoire, une histoire sociale, une histoire des libertaires soit possible, une histoire qui s’éloigne des dogmes et pratiques récupératrices des communistes autoritaires ou des libéraux. Des photos présentes dans le blog d’ailleurs. Mais, même alors qu’elle ne pouvait presque plus se déplacer elle vint nous voir à quelques réunions à l’Étincelle ou à la librairie Les Nuits Bleues. Ne pouvant plus militer, elle continua à verser son obole pécuniaire pendant de nombreuses années à la Fédération anarchiste, à aider ponctuellement le groupe Reflex d’Angers et continuait à être abonné à des revues de la Libre Pensée.

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Jeannette et Roger. Congrès De la Libre-Pensée.

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Repas à Noyant-Méon ? On y voit à droite Jeannette et Roger. Arch. N.R.

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jeannette aimait à se déguiser et pousser la chansonnette. Un de ces déguisement fétiches : Charlot

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Contrairement à ce que certainEs veulent bien dire, Jeannette fut bien une militante à part entière du mouvement. (LB.)

revolutionnairesangevins.wordpress.com

4 commentaires sur “PANTAIS, Jeanne dite « JEANNETTE » [née GARANDEL]

  1. Jeannette | dit :

    […] avec tristesse que nous venons d’apprendre le décès de Jeannette Pantais, née Garandel. Une notice biographique lui est consacrée sur le site Mouvement révolutionnaire angevin  pour celles et ceux qui n’ont pas eu la plaisir de la […]

  2. patoux annick dit :

    Bonjour
    Je suis une des filles de Raymond PATOUX pouvez vous m en dire plus au sujet de la photo prise en espagne comme l année l’évemement ….ect en possédez vous d autres ? merci

  3. laurentbeaumont dit :

    Bonjour, j’ai pris bonne note de votre demande. Dès que je pourrais, je recherche dans mon fatras de documents afin de voir si j’avais noté les dates de ces photos. Mais, je ne vous caches pas mon pessimisme.
    Je n’ai pas beaucoup étudié la vie de votre père, car nous avons essayé, peut-être à tort, de travaillé sur « notre » histoire jusqu’à la seconde Guerre Mondiale. Il me semble que votre père est arrivé en Maine-et-Loire à ce moment. Je sais, d’après mes souvenirs, qu’il s’est rapproché des Trélazéens en particulier, notamment lors de l’action de « récupération » de marchandises et de nourriture à la gare pour faire chuter les prix du marché noir alors qu’existait toujours les tickets de rationnement. Mais je ne connais pas le détail.
    Toujours dans mes souvenirs, je n’ai pas l’impression d’avoir vu d’autres photos de vacances ou autres dans les albums de Jeannette. Elle est malheureusement décédée et n’étant pas de la famille, je ne sais pas ce que sont devenue les photos qu’elle possédait.
    Je vous recontacte, via ce blog, si je retrouves des détails concernant votre demande. cordialement, LB.

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