« Le Pacte de famine ». Chanson datant de 1880, d’Amiati.

 

Un jour, Paris se réveilla
Le ventre creux criant famine
Soleil de France, crois-tu çà ?
Les greniers manquaient de farine
Les financiers et les marquis
Et les ministres de l’Église
Nobles et prêtres, tout pactise
Pour pouvoir affamer Paris

{Refrain :}
Pendant qu’on danse au palais de Versailles
Au poids de l’or, peuple, on te vend le pain
Sautez, marquis, pendant que la canaille
Dans les faubourgs, pleure et crève de faim

C’est en vain que, dans les sillons
Creusés sous le soc des charrues
Naissent et germent les moissons
La faim te guette au coin des rues
Tous les petits manquent de lait
Les femmes n’ont plus de mamelles
Les maîtresses du roi sont belles
Peuple, qu’est-ce que cela te fait ?

{Refrain :}

Dans un salon rempli de fleurs
Les courtisans, ployant l’échine
N’entendent pas tomber tes pleurs
Courbés devant le roi qui dîne
La reine porte sur son front
Plusieurs millions pour diadème
Pendant que tes fils, le teint blême
Mourant de faim, s’endormiront

{Refrain :}

Crève de froid dans tes faubourgs
Crève, peuple, la cour s’amuse
Tu peux trouver les impôts lourds
Mais paie d’abord, pauvre buse
Exilé du festin royal
Tremble et grelotte sous la bise
Pendant qu’au bras d’une marquise
Le roi, ce soir, ouvre le bal

{Refrain :}

Tisse la soie et le velours
Brode la plus fine dentelle
Donne tes sueurs, nuits et jours
Pour que la reine soit plus belle
Puis, rêvant de la liberté
Peuple, endors-toi dans ta misère
Jusqu’au moment où ton tonnerre
Va foudroyer la royauté

{Refrain :}