année 10. Numéro 33. 16/12/1905. Pillage d’une maison d’un directeur à Combrée

extrait de Les Temps Nouveaux, n°33 du 16/12/1905    p4, rubrique mouvement ouvrier par P. Delesalle

« A Combrée (M&L), les ouvriers ardoisiers, las de voir qu’un directeur non seulement ne voulait pas faire droit à leurs réclamations, mais encore se moquait d’eux, ont, dans un moment d’exaspération, pillé sa maison et menacé d’y mettre le feu. Voici comment les faits se seraient passés : les ouvriers, à la suite d’une réunion, avaient demandé la réintégration sur les chantiers de deux de leurs camarades ; le directeur ayant refusé d’entrer en pourparlers avec leurs délégués, les ouvriers décidèrent de faire une réunion ; mais ils étaient obligés de se réunir au-dehors, faute de salle, ils envoyèrent demander à l’administrateur l’autorisation de remonter à 4 heures au lieu de 5. On ne reçut pas davantage les délégués, et le directeur fit savoir que si le travail cessait à 4 heures, il considérerait cet acte comme une grave infraction à la discipline. Exaspérés de ce double refus, les ouvriers quittèrent quand même le travail et allèrent manifester devant la maison du directeur. Bien mieux, après avoir renversé le portail et l’avoir brisé en morceaux ainsi que les fenêtres du rez-de-chaussée, les ouvriers ont envahi la maison. Les meubles de la salle à manger ont été brisés et la vaisselle pulvérisées. La cuisine a été également saccagée, les casseroles de cuivre percées, etc. Ils ont de plus mis le feu au dépôt de pétrole et à immense meule de foin de 120.000 kilos. Les pompiers de Combrée ont pu empêcher l’incendie de s’étendre à la maison du directeur. Enfin les fils télégraphiques et téléphoniques ont été coupés. Le sous-préfet de Segré a fait appel à la garnison d’Angers, et des détachements du 6e génie et du 25e dragons sont sur les lieux. La situation est grave et l’agitation grandit parmi les ardoisiers de la région qui sont nombreux et d’ordinaire très solidaires entre eux. »

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