PAJAUD (épouse SANDRE), Julie, Louise dite « Séraphine »

 Née en 1858 en Charente Maritime – CGT – Ile de Ré & La Rochelle (Charente Maritime) –

Notice établie par R.D sur le site de biographies anarchistes. Voir ici. Elle est indiquée comme quelques autres car elle est venue faire quelques conférences en Main-et-Loire.

SéraphinePajaud 1903 p37 Lesantitouts

photo scannée du livre Les Antitout de jean Bourgoin aux éditions Les Mondédières, sur les anars de Saint-Junien.

Julie Séraphine Pajaud signalée dans un rapport de police du 25 juin 1898 comme étant mariée à un certain Sandré dont elle avait un fils, fut une active propagandiste anarchiste, anticléricale et antimilitariste qui parcouru toute les régions de France.

En 1899 elle fit une série de conférences à Limoges (Haute Vienne) puis dans le futur bastion anarchiste de Saint-Junien. Le 17 février 1900 une conférence à Moulins (Allier) où elle avait abordé les thèmes suivants : « La vérité au peuple – Dieu n’est pas – Voies et moyens pour arriver à l’émancipation intégrale – Les positions anarchistes vis à vis du capitalisme, du nationalisme et de l’antisémitisme » (cf. L’Indépendant de l’Allier). Puis elle gagna le nord de la France où elle fit une série de conférences notamment sur le contrôle des naissances et la place de la femme dans la société. En février – mars 1901, elle fit une nouvelle tournée dans l’ouest (le Mans, Brest, Morlaix, Rennes) puis de nouveau dans le Nord (Lens, Hénin-Liétard) lors de conférences anticléricales où elle distribuait la brochure de J.Most La peste religieuse. Le 1er mars 1902, à la suite d’une conférence sur « l’inexistence de Dieu », elle fut condamnée par défaut par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer, à 6 mois de prison et 100f d’amende pour « excitation au meurtre, pillage et incendie ».

En 1904 elle participait à une nouvelle tournée de conférences notamment dans les Deux-Sèvres et en Haute Vienne où elle revenait notamment à Saint-Junien ; elle était alors domiciliée à l’île de Ré en tant que veuve Sandré.

Elle fut ensuite la conférencière d’une série de réunions antimilitaristes tenues dans l’Allier en octobre 1905 – notamment à Montluçon, Commentry, Domérat et Désertines – organisées par les groupes libertaires et aux quelles participèrent activement Marius Marchand, Bonnat, Bonnefont et Antoine Duchereux.

Lors de la conférence tenue à Montluçon, le commissaire central de la ville signalait la présence d’une cinquantaine de personnes, dont 15 femmes et une trentaine de socialistes du groupe de Constants ; au cours de la conférence, dont Duchereux avait été désigné président par acclamation, et dont les thèmes portaient sur « la guerre est un crime, la désertion une inconséquence, le gouvernement révolutionnaire une stupidité » Séraphine Pajaud avait également évoqué « l’arrestation de Louis Grandidier et ouvert une souscription pour assurer sa défense  » (cf. Rapport du 20 octobre 1905). Le 21 octobre, à Commentry, lors de la réunion à laquelle assistèrent une cinquantaine de participants dont sept femmes (le prix d’entrée était de 20 centimes pour les hommes et gratuit pour les femmes), armée et caserne avaient été qualifiés « d’écoles du vice » et de « défense des coffres forts des bourgeois  », les capitaines avaient été traités de « bandits et assassins », la conférencière avait incité à la désertion et «  aussi à la propagande antimilitariste dans les casernes » et avait demandé « la suppression des armées, patries, gouvernements même révolutionnaires  » La réunion s’était terminée par la chanson libertaire Supprimons les patries (cf. rapport du commissaire spécial de Commentry, 22 octobre 1905). Le lendemain elle donnait une conférence à Domérat à laquelle participèrent, outre des compagnons de Montluçon, une dizaine d’adhérents du groupe local et le lendemain 23 octobre elle récidivait à Désertines ce qui lui valut d’être le 25 octobre l’objet d’un rapport du sous préfet de Montluçon au Préfet de l’Allier lui demandant d’ouvrir contre elle des poursuites pour « les propos odieux tenus lors de ses conférences antimilitaristes  ».

Après l’adoption en décembre 1905 de la loi de séparation de l’église et de l’état, elle poursuivit une tournée dans le Périgord (Montignac sur Vezère, Saint Leon sur Vézère, etc).

L’année suivante, elle fut arrêtée à Alès (Gard) sous la double inculpation « d’apologie de crime et insultes à l’armée ».

Martial Desmoulins, qui la prénomme bizarrement « Amélie » et l’avait rencontré au début des années 1930 chez un vieux compagnon d’origine juive, ami d’Alexandre Jacob, qui l’avait recueillie chez lui à Nice, l’évoquait en ces termes : « …Ce fut une des propagandistes les plus fameuses de l’anticléricalisme après la Commune et jusqu’en 1914. Elle faisait ses conférences de ville en ville, souvent n’ayant pas d’argent pour aller à l’hôtel et prendre le train, couchant dans des granges et sur le trimard. J’ai connu des camarades de Périgueux et de Bordeaux qui avaient organisé des conférences avec la camarade Pajaud, ils en faisaient des éloges. Moi, jeune anarchiste, lorsque je la rencontrai, je ne la trouvai pas extraordinaire, brave femme que le copain gardait parce qu’il la connaissait depuis très longtemps. Donc Amélie Pajaud faisait chez le copain un peu la femme de ménage. Sébastien Faure descendait chez ce copain avant de descendre chez Honorée Teyssier, qui fut à partir de 1936 la compagne de Louzon. Je me souviens que tous les deux racontaient leurs souvenirs. A. Pajaud avait parcouru toute la France sauf deux départements. Elle avait assisté avec émerveillement à la naissance de la CGT, à son organisation, et croyait que la révolution était une question de jours et de mois. En 1934, il me semble qu’elle se retira en Charentes Maritimes dont elle était originaire« . En effet, en 1934 André Lorulot l’avait rencontrée à la Rochelle.

Sources : Arc. Nat. BB 18/2 290, 128A05 — AD Cher 25 M39 – Temps Nouveaux, 21 mars 1902 & 24 février 1906 – L’Idée libre, janvier 1934 = Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier…, op. cit. // Libertaire, année 1904 // Bulletin du CIRA, Marseille, n° 19-20, mai 1983 (Souvenirs de Martial Desmoulins) // Site Libcom (Notice de Nick Heath) // AD Allier, notes de René Laplanche) // C. Dupuy, Encreve « A Saint Junien, un bastion anarchiste en Haute-Vienne (1893-1923) // J. Laloutte « La Libre Pensée en France (1848-1940)//

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