Histoire (partielle) des groupes anarchistes d’Angers et Trélazé (et un peu ailleurs : segréen, Saumur, Daguenière, Les Ponts-de-Cé, etc.)

Mise à jour : 04/07//2021.

UNE HISTOIRE PARTIELLE ET PARTIALE DES GROUPES ANARCHISTES SPÉCIFIQUES ANGEVINS, TRÉLAZÉENS ET AUTRES des origines à la fin des années 30 (1939 !)

Avertissement :

Il s’agit d’une ébauche d’un article qui sera beaucoup plus long dans les années à venir !… Il se construit, se modifie, s’enrichit au fur et à mesure des découvertes.

L’article est conçu d’une manière sans doute très discutable, mais tellement plus simple pour moi, c’est-à-dire chronologiquement.

Pour l’instant, cet article n’est concentré que sur la vie générale des groupes et des compositions des membres des bureaux. Un paragraphe commence à s’attacher à la propagande par la presse écrite. Viendront -ENFIN NORMALEMENT !- des paragraphes sur les élections (campagnes abstentionnistes, abstention aux élections, etc. qui en est à l’ébauche) mais aussi sur la place de l’anarchisme politique dans certaines campagnes, les thèmes développés, etc.

Pour ce qui concerne cette ébauche, il manque des dates, il manque des noms, il manque des fonctions, il manque des lieux (il a existé ponctuellement des groupes au quartier des Justices composés majoritairement d’ouvriers de Trélazé, à La Daguenière, à Saumur).

Tous les noms ici présenté sont recoupés avec plusieurs sources (journaux différents, rapports de flics, etc.) et parfois non. J’essaye de mettre de l’ordre dans mon fatras de notes et je cite peu à peu les sources !!!

N’hésiter pas à m’envoyer des infos, des suppositions, des réflexions sur des choses merdouilleuses ou pas claires et surtout si vous voyez des erreurs.

Ceci n’est qu’une esquisse, j’insiste, et la composition des groupes est à prendre avec des pincettes.

J’AI d’ailleurs DES DOUTES SUR CERTAINS BUREAUX, QUI SEMBLENT SE RECOUPER AVEC LE BUREAU DE SYNDICAT ARDOISIERS C.G.T.S.R. ET AUTONOME … En Particulier vers 1937 et l’apparition de la Fédération Anarchiste Francophone -F.A.F.-

Entre parenthèse des noms (ou prénoms) qui me paraisse soit mal orthographié, soit dont je ne trouve nul trace dans la vie sociale locale, soit parfois des noms qui peuvent apparaître sous des orthographes différentes. (LB.)

 

Les différents groupes jusqu’en 1914.

(Après la Première Guerre Mondiale j’ai mis  les bureaux par ville )

En 1887, une propagande par la distribution de journaux est faite par Hamelin, tant sur Trélazé que sur Angers. Un groupe anarchiste des Amis de l’Idée ouvrière se réunit chez lui1.

A l’été 1888, à la fin juin, parution d’une brève dans le journal La Révolte, le numéro 39, 2, de la création d’une groupe anarchiste à Angers, dont la correspondance est a adresser chez Émile Hamelin. le groupe se nomme La Guerre Sociale.

En Février 1889, toujours dans le journal La Révolte3, une brève annonce que le groupe les Égaux Angevins se réunissent tous les deuxième samedi du mois. A cette date, est-ce un groupe spécifiquement anarchiste ? J’en doute. Celui qui semble être le secrétaire du groupe est Henri Mercier. A ce moment, existe-t-il un groupe spécifiquement angevin, un plus localisé sur Trélazé/Les Justices ? Une brève publié dans La Révolte n°39 semble l’attester, au début de l’été 1888, puisque le groupe se nommerait La Guerre Sociale. Toujours est-il qu’au mois de mai 1889, une autre brève de La Révolte4, annonce que les groupes possibilistes se rallient aux idées anarchistes (je suis septique !) et une réunion commune doit avoir lieu en mai afin d’étudier les meilleurs moyens de propagande.

Notons qu’en 1889, probablement Mercier (le compagnon M), La Révolte lui fait parvenir les journaux et brochures suivantEs : L’Union internationale des Femmes (journal révolutionnaire féministe animée entre-autres par Louise Michel et consultable sur Gallica), le « Procès Gille » et « L’Anarchie« .

En 1890, le compagnon  »T » de Trélazé semble s’occuper de la correspondance avec les journaux, des contacts avec les autres camarades en France, voir de faire parvenir des mandats aux journaux.

En 1891, à Trélazé, dans Le Père Peinard5, numéro 111, il est fait mention de la création d’un groupe de jeunes anarchistes appelé Les Révoltés dont le secrétaire est Toutain Auguste. Faut-il prendre cela comme l’existence/persistance de groupe de plus vieux ? ; la réponse est clairement oui. Ce groupe non seulement existe, mais à mon avis il est assez important en nombre de militantEs, il est organisé et structuré — les réunions du Groupe d’Études Sociales (parfois appelé Groupe d’Études Sociales de Trélazé-Malaquais) se tiendront d’ailleurs deux fois par mois à la Chambre syndicale à Malaquais (Le Père Peinard n°137 du 01/11/1891), les samedis soir à 19h (n°98 du 01/02/1891) — puisqu’il prépare la venue de Sébastien Faure pour une série de conférence à Angers et Trélazé plusieurs mois à l’avance mais qu’il envoie également une somme importante pour cette venue (Le Père Peinard n°129 du 06/09/1891). Toujours est-il qu’un groupe de La jeunesse libertaire existe toujours en décembre 1896, même s’il ne semble plus très vaillant. À Angers, un groupe d’anarchistes se réunit, au printemps au moins, place Cupif au café Garnier, le Dimanche matin. Les compagnons peuvent y trouver des journaux et des brochures.

En 1892, le groupe anarchiste est toujours actif, à Trélazé, puisqu’il verse de l’argent pour les prisonniers (Le Père Peinard n°146 du 03/01/1892), à Angers, les anarchistes sont très présent dans le mouvement syndical.

Au début 1893 (fin 1892), le groupe de Trélazé se nomme Groupe d’Études Sociales de Trélazé, dont le secrétaire est Émile Sevry, est bien dans le giron anarchiste et se prépare à organiser une conférence sur Angers mais cherche à organiser avec les orateurs pressentis, Tennevin et Meunier, une tournée de conférence (la tournée se fera).

Fin 1893, rapport du 16/12, les gendarmes de Trélazé estime qu’il n’y a qu’un groupe anarchiste dans cette localité. Ils se réunissent dans les cambuses par groupe de 20 à 40, dans les carrières, dans les ateliers, à La Solitude voire chez eux. Les gendarmes pensent, à juste titre !, qu’il existe un groupe constitué en tant que tel car circulent des billets, des mots d’ordres. Par ailleurs les anarchistes Ménard Charles dit Ludovic, Bahonneau, Guénier Charles, Sevry Émile, Mercier Henri correspondent avec d’autres anarchistes extérieurs au département où à la France.

A Angers, toujours en 1893, il est probable qu’un groupe, au moins informel, s’occupe de la propagande. Une fête privée, sans doute en hommage à la Commune de Paris est organisée le 18 mars (Le Père Peinard n°210 du 26/03/1893). Philippe Auguste demande des brochures, envoie les mandats au journal La Révolte. À partir de la fin juillet de cette même année 1893, les anarchistes de cette ville, se réunissent chez Heriché (Le Père Peinard n°228 du 30/07/1893 et le n°229 du 06/08/1893). Probablement à partir du mois de septembre, Philippe loue un local au 48 route de Paris, ce qui permet de tenir des réunions publiques, ce local est un appartement, il est le premier lieu, je pense, spécifiquement anarchiste pour la ville d’Angers (Le Père Peinard n°237 du 01/10/1893 et n°241 du 29/10/1893).

En 1894, il y a deux groupes principaux chez les anarchistes de TRÉLAZÉ. L’un se réunit la société d’agrément La Solitude, plus porté sur la question syndicale et réunit selon les flics 52 membres. Les plus influents de ce groupe sont Ménard, Georget, Pironi, Lemaître, Sevry, Attibert François, Bahonneau, etc. On peut remarquer que les plus anciens des membres de la Solitude sont en général d’ancien mariannistes et pour nombre des autres membres, logique dans une petite ville à l’identité ouvrière rebelle marquée, sont des descendants de mariannistes. Un second groupe, plus insurrectionnaliste est regroupé via « l’arche de noë anarchiste » et parmi les membres les plus en vues, il y aurait Mercier. Il y aurait, toujours selon la police et la gendarmerie, 84 membres au sein de ce groupe. Ce qui n’empêche pas l’existence d’autres sous-groupes affinitaires (âge, par lieux d’habitation, de travail -via les cambuses par ex-, etc.).

En 1895, un groupe d’anarchistes organise des réunions hebdomadaire à Angers (La Sociale n°21 du 29/09/1895) : avec des thèmes comme les barrières d’octroi. Il y aurait un groupe « Les Indépendants » dont seraient proches les trélazéens Lelièvre Eugène et Piriou, mais aussi des angevins comme Philippe, Cantal, Bedouet (voir rapport du 19/08/1895 par ex.).

Fin 1896, un groupe de Jeunes Libertaires se relance6. Fin 1896, La Solitude verse de l’argent au Père Peinard. Existe-il à Trélazé un groupe nommé Germinal, basé à Malaquais, voire même lié à La Solitude  comme peut le laisser supposé une liste de souscription dans La Sociale n°55 du 24/05/1896 et du Libertaire n°85 du 25/06/1897 ?

À ce moment des réunions publiques ont également lieu sur Angers et aussi sur Trélazé. Une série de conférences à lieu autour du Pain gratuit, porté par Le Père Peinard / La Sociale de Pouget et en opposition avec Les Temps Nouveaux de Grave. Cela permet d’aborder d’autres thèmes. Conférences sur « Le Pain gratuit et la Grève générale », « question sociale et pain gratuit », «  Le pain gratuit et les groupements« , « Le Pain gratuit et le communisme« , « l’Amour libre et le Pain gratuit » (à Trélazé), « Les élections municipales, le pain gratuit, la grève générale« ,  » Le Pain Gratuit et la Révolution« , etc. À la suite de cette propagande intensive, un groupe L’Action Sociale d’Angers, groupant anarchistes et non anarchistes est créé dont le secrétaire est Philippe (La Sociale n°49 du 12/04/1896).

En 1897, selon un article paru dans Les Temps Nouveaux, il existe un groupe anarchiste à  Trélazé et un à Angers, comprenant entre-autres, selon les flics7 : Bruon, Burgevin (Joseph ?, Gabriel ?), Bedouet, Bernard (Henri ?) et une dizaine d’autres compagnons ; en outre il existe un groupe de La Jeunesse Libertaire8, mais ce groupe est-il uniquement angevin ou trélazéen ou mixte ?

À Saumur, entre 1898 et 1900 -1901 aussi- au moins, il est probable qu’il existe un groupe au moins affinitaire, à défaut d’un groupe structuré, de diffusion des idées libertaires comme le laisse supposer les traces de reçu des versements -par P. (et H.P. le même ?), C. et M.- de ventes de journaux anarchistes comme Les Temps Nouveaux, Le Libertaire ou le Père Peinard, d’envois de brochures, de souscriptions pour la publications de brochures ou de comptes-rendus.

Fin 1899, aux Ponts-de-Cé, sous l’initiative d’Émile Hamelin, des réunions ont lieux chez lui le dimanche soir. La présence de carriers anarchistes œuvrant à Trélazé/Saint-Barthélemy d’Anjou est attesté selon les rapports policiers et gendarmesques. Mais cependant, un groupe réellement constitué voit-il vraiment le jour ? Du monde passe-t-il à ces réunions ? (Les Temps Nouveaux n°27 du 28/10/1899).

En 1900, un nommé M., à Nuaillé, envoi des fonds et des règlements de ventes de journaux des Temps Nouveaux. Dans ce coin « reculé » des Mauges, il existe donc un embryon de propagande libertaire (Les Temps Nouveaux n°43 du 17/02/1900 et n°23 du 29/09/1900).

En 1901, à Angers et à Trélazé, il existe un Groupe de Propagande anarchiste qui semblent se réunir régulièrement, mais où ? (Les Temps Nouveaux n°51 du 13/04/1901 et n°47 du 16/03/1901). À l’été 1901, à Angers il se réunit tous les lundis soir (Les Temps Nouveaux n°12 du 20/07/1901). À la fin de l’automne où au début de l’hiver, il existe deux groupes anarchistes à Angers. L’un Les Affamés, l’autre les Indépendants. Ils projettent ensemble une campagne abstentionniste (Le Libertaire n°90 du 09/11/1901). Est-ce le groupe de propagande anarchiste qui a un nom spécifique à Angers (à Trélazé aussi d’ailleurs) où est-ce un 3e groupe ?

Par ailleurs les anarchistes locaux sont capables de trouver de très grosses sommes d’argent pour financer le retour de Régis Meunier en France, d’abord pour lui payer le voyage peut-être en Guyane anglaise puis en Martinique et enfin le retour à Saint-Nazaire (par ex. le numéro 28 du 10/11/1901 des Temps Nouveaux). Si cette campagne part de Paris, les angevins/trélazéens sont capable de financer seul, puis de coordonner la campagne nationale.

En cette même année 1901, les libertaires sont très actifs dans la création de l’Université Populaire d’Angers, avec en particulier Henri Mercier (Les Temps Nouveaux n°29 du 17/11/1901).

Toujours en 1901, par deux fois, le groupe Les libertaires de Tours, invite les groupes des anarchistes des environs pour se lancer dans un Congrès régional. Il semblerait que début juillet 1901, les anarchistes organisés de Trélazé et Angers n’aient toujours pas répondu à cette invitation (Les Temps Nouveaux n°10 du 06/07/1901). Ce congrès aura-t’il lieu ? À noter qu’au début de l’année 1901, pas mal de libertaires, ardoisiers, sont en Isère pour le travail : Lelièvre, Gernigon (Théophile ?), Rumiano, Chauvin (Eugène ?), Georgette  Pierre, Georgette Théophile, Hamelin (Le Libertaire n°56 du 13/01/1901).

En 1902, il semble toujours exister deux groupes anarchiste à Angers, l’un nommé Les Affamés, qui se réunit par exemple en réunion privée après une conférence de Régis Meunier à l’Université Populaire (Les Temps Nouveaux n°13 du 26/07/1902). Au moins en août, ce groupe ce réunit tous les samedis (Les Temps Nouveaux n°15 du 08/08/1902). L’autre groupe anarchiste angevin, se revendique lui communiste anarchiste et se nomme Les Ennemis de l’Autorité. Un des animateurs semble être Louis Legloahec (Les Temps Nouveaux n°18 du 30/08/1902). À l’automne, les deux groupes anarchistes, à l’initiative du groupe communiste-anarchiste (Le Libertaire n°43 du 30/08/1902) se réunissent régulièrement ensemble, voire tous les dimanches (Le Libertaire n°47 du 27/09/1902) sans doute pour évoquer la possibilité de créer un journal anarchiste local, qui aurait pour titre La Révolution Sociale (Les Temps Nouveaux n°19 du 06/09/1902, n°23 du 04/10/1902 et n°26 du 22/09/1902) mais aussi pour une campagne d’affichage et de tractage antimilitariste à destination des soldats (Le Libertaire n°45 du 18/09/1902).

En 1902, sur la circonscription de Trélazé, Mercier se présente comme candidat abstentionniste pour les élections législatives (Le Libertaire n°23 du 13/04/1902). Si les décisions sont déjà prises en amont, la campagne abstentionniste est néanmoins ouverte aux camarades souhaitant s’investir lors d’une réunion le mardi premier avril (Le Libertaire n°21 du 30/03/1902).

En 1903, une partie des anarchistes sont membres, voire à l’origine, du « Groupe d’Études Sociales et de pensée libre », groupe nommé Germinal. Ce groupe comprend des membres d’Angers et Trélazé. Ce groupe semble se créer, avec « l’affadissement » de l’Université Populaire, au reflux de la propagande anarchiste et du mouvement. Il est, malgré son ouverture, dans le giron libertaire puisque les 2 personnes chargées de recevoir la correspondance sont Guichard à Angers et Mercier à Trélazé.  (Le Libertaire n°31 du 05/06/1903). Au sein du mouvement libertaire, il existe des tensions, peut-être à l’origine de l’existence deux groupes anars d’Angers (Les Temps Nouveaux n°11 du 11/07/1903). Le groupe des Ennemis de l’Autorité organise toujours des réunions interne et externe (Les Temps Nouveaux n°10 du 04/07/1903). Legloahec diffuse également L’Ennemi du Peuple probablement dès 1903 mais de façon certaine en 1904 (n°09 du 01/12/1903 et n°19 du 01/05/1904). En cette année 1903, des anarchistes lancent un « Syndicat mixte » ouvert aux employé-e-s de n’importe quelle corporation ; mais aussi, à celles et ceux qui n’ont pas de travail fixe comme les journaliers et journalières, les manœuvres. Si les femmes sont nommées, ce qui n’est pas souvent ; ce syndicat est adhérent à la C.G.T. ; mais, perdurera t’il ? L’initiative en revient à des militants anarchistes : Mercier, Hamelin, Guichard (Les Temps Nouveaux n°3 du 16/05/1903 et Le Libertaire n°27 du 08/05/1903)). Toujours dans cette idée de propagande, Guichard (ou par l’intermédiaire de la voix de ce dernier ?), lance un appel pour créer une troupe de théâtre à dimension sociale et de propagande dans le département (Le Libertaire n°49 du 11/10/1903).

Toujours en cette année 1903, le groupe anarchiste de Saumur semblent ne plus donner de nouvelles. Ainsi à deux reprises Girault propose d’y venir pour une conférence, dont l’une avec Louise Michel, mais rien. Les militants sont il parti, ont-ils arrêtés, sont ils pris par la création de l’Université Populaire, etc. ? (Le Libertaire n°10 du 11/01/1903, n°15 du 15/02/1903, n°19 du 15/03/1903, n°24 du 19/04/1903 ; n°41 du 15/08/1903, n°42 du 22/08/1903, n°43 du 29/08/1903, n°44 du 05/09/1903, n°45 du 13/09/1903).

En 1904, le groupe communiste-anarchiste (s’appelle t-il toujours Les Ennemis de l’Autorité ?) est investi dans les débuts de la section d’Angers de l’Association Internationale Antimilitariste (ou A.I.A.). Le groupe semble même tenter de « diriger » ou à défaut d’orienter « la propagande à faire » de l’AIA (Le Libertaire n°02 du 13/11/1904).

L’Amicale des idées pacifistes (non anarchiste), est une section locale de l’Association Internationale Antimilitariste dont le siège est à la coopérative d’Angers-Doutre se transforme en 1906.

CPA. La coopérative était boulevard Henri Arnault, pas très loin du théâtre actuel le Quai en allant vers les Arts et Métiers. Si par hasard vous connaissez les noms de ceux qui posent, n’hésitez pas !

En Octobre 1906, création d’un Groupe Libertaire d’Études Sociales9, qui prend la suite de l’Amicale des Idées pacifistes. En cette fin d’année, il existe plusieurs groupes anarchistes : Angers, Les Justices et Trélazé9 bis.

Sources : BNF / Gallica. Les Temps Nouveaux n°15 du 08/08/1908

En 1908, paraît dans les Temps Nouveaux n°15 du 08/08, l’annonce d’une réunion pour le groupe Les Eunuques. Je n’ai aucune autre info sur ce groupe et de sa localisation précise.

Sources : Arch. Le Vraux / Boulan A. Groupe libertaire de Trélazé vers 1910

Sources : Arch. Le Vraux / Boulan A. Groupe libertaire de Trélazé vers 1910.

Fin 1909, à Trélazé, se crée un groupe non spécifiquement anarchiste, mais plus de Sociabilité révolutionnaire, un groupe de « La Chanson Sociale ». Ce groupe, dont le siège social est chez Émile Hamelin, entend promouvoir les idées d’affranchissement à l’aide de la chanson (La Guerre Sociale n°04 du 22/12/1909).

En 1910-1911-1912, il existe un Groupe d’Éducation Sociale. Créé fin 1910, il s’adresse aux lecteurs du Libertaire, des Temps Nouveaux, de la Guerre Sociale. Il s’inscrit bien dans la sphère libertaire. Dès le 27 décembre une réunion publique est programmée au Guillet-Gardais dans le Faubourg Saint-Michel10. Au début de l’année 1911, ce groupe se réunit tous les premiers et troisième mardi du mois à la coopérative de L’Avenir, 11 boulevard Henri Arnault. Chaque réunion du Groupe se divise en deux. Tout d’abord la réunion proprement dite puis à chaque fois une causerie faite « par un camarade » qui ponctue la réunion. Ces réunions sont nombreuses autour des thèmes de l’émancipation sociale  : questions liées à l’Éducation, au Féminisme (parfois avec des tournures de phrases malheureuses, voir la samedi 26 mai 1911), etc. mais aussi autour de l’exploitation (les retraites, les syndicats). Un nommé P.G., probablement Pierre Grelée, semble s’occuper de la correspondance (secrétaire ?). Parfois, il peut y avoir des réunions exceptionnelles, comme le samedi 02/09/1911 « sur une controverse avec des camarades de passage«  autour de la propagande par ex.

Toujours en 1911, il semble y avoir un groupe à Trélazé qui existe puisque le groupe anarchiste parisien des « exilés » des Originaires de l’Anjou semble tenter d’unir les groupes d’Angers et de Trélazé11.

Il existe également, à Angers, au moins à partir de la fin 191112, un groupe des amis de la Bataille syndicaliste, groupe qui se redéfinira ouvrier révolutionnaire et antiparlementaire13 (voir plus loin sur la Presse) Un groupe avant tout syndicaliste révolutionnaire et non pas spécifiquement anarchiste. Au début ce groupe se veut une œuvre de Propagande de la Presse Révolutionnaire sur le modèle parisien (Voir Guichard Émile), malgré son apparence plus large que la sphère anarchiste, cette organisation de Propagande est adhérente à la Fédération Communiste Révolutionnaire, en juin 191213 bis,   une fédération anarchiste essentiellement parisienne et de banlieue.

Sources : AN F7/13053, dossier FCAR

Sources : AN F7/13053, dossier FCAR

En août/septembre 1913 : tentative de création d’un groupe communiste-anarchiste à Angers par Pierre Vary et Émile Hamelin 14. Selon un rapport de mai 1914, ce groupe est adhérent à la Fédération Communiste Anarchiste Révolutionnaire. A-t-il adhéré avant ? Est-il réellement actif ? S’il est vraiment un groupe adhérent à la F.C.A.R. (et que ce n’est pas un délire des flics pour en rajouter sur le péril anar à la veille de la guerre qui se prépare) depuis quand le groupe est adhérent ?

En octobre de la même année, il existe un groupe anarchiste spécifique, mais qui ne semble pas florissant. Il se réunit rue Lyonnaise (n°82), le dimanche à 10h du matin. Il existe des organisations où les anarchistes sont très présent, voire forme l’ossature militante des ces organisations avec des mots d’ordres similaires des anars, principalement ou syndicaliste-révolutionnaire : Jeunesses syndicalistes de Misengrain, d’Angers (secretaire : Bahonneau), de Trélazé (secrétaire : Boulan) ; syndicats (les ardoisiers et allumettiers principalement); Comité de Défense Sociale (à Trélazé principalement), sans oublier les multiples lieux de sociabilité ouvrière.

En décembre 1918, échec de la création d’un groupe des Amis de la Paix qui devait s’inspirer des principes « socialistes et libertaires »15. Ce groupe semble assez proche de ce que sera la F.O.P.

Toujours lancé par E. Hamelin, création d’un groupe « des amis des journaux d’avant-garde » en 1919.

20 novembre 1921 : le groupe anarchiste d’Angers adhère à l’Union anarchiste (U.A.)

Juillet 1923 : création d’un groupe anarchiste à Trélazé.

16 novembre 1924 : adhésion du groupe de Trélazé à l’Union anarchiste.

1927, les groupes anarchistes se transforment en Groupe d’Études Sociales, tant à Angers (juin) que Trélazé (septembre).

Vers 1928, les groupes anarchistes locaux sont suffisamment fort (tout est relatif !) pour prendre en charge le secrétariat des la fédération de l’Ouest.

A Trélazé, vers la fin 1936/1937, le groupe anarchiste (autonome) se scinde. Il existe deux groupes spécifiques anarchistes, l’un adhérent à l’Union anarchiste l’autre à la Fédération Anarchiste de langue française (F.A.F.). Ce dernier soutien « de toutes ses forces la C.G.T.S.R. »

1937 : création d’un groupe adhérent à l’Union anarchiste à Saumur.

Composition nominative des membres des « bureaux« (Trélazé et Angers)

[avec des marges d’erreurs ]

Trélazé :

  • 13 janvier 192918 :
        • secrétaire : Moreau Louis ; secrétaire-adjoint : Lelièvre Germinal.
        • trésorier : Allain Pierre ; trésorier-adjoint : Bodin Mathurin.
        • répartiteurs des journaux : Morçay et Le Fouler Joseph.
        • Commission de Contrôle : Lejuge Louis, Vinouze Alexandre.
  • 7 août 192919 :
        • secrétaire : Allain Pierre.
  • mars 1931 :
        • secrétaire : Vinouze Alexandre.
  • juin 1932 : (70 adhérents ?)
      • secrétaire : Lelièvre Germinal ; (secrétaire-adjoint : Bossé Julien ?)
      • librairie : Duigou (Henri)
  • 1933 – 1934 :
        • secrétaire : Duigou (Henri)
  • 1937 : groupe de l’Union Anarchiste  : secrétaire : Duigou (Henri)
  • février 1937 : groupe de la F.A.F. (lié à la C.G.T.S.R.) :
                  • secrétaire : (Le Fouler Joseph.)
                  • trésorier : (Julé Pierre)
                  • MAIS dans le Combat Syndicaliste n°195 du 12/02/1937, p3, le secrétaire du groupe anarchiste d’Angers-Trélazé adhérent à la F.A.F. est Mahiet et le trésorier Le Fouler.
  • novembre 1937 :
          • secrétaire groupe F.A.F. : Pasquiou François20.
          • trésorier F.A.F.: Julé21.

 

Angers :

  • mai 1914 :
        • secrétaires : Hamelin Emile et Vary Pierre.
  • décembre 1921 :
  • janvier 1923 :
  • 1928 : secrétaire : Bonnaud François + secrétaire de la Fédération anarchiste de l’Ouest22.

La propagande par la presse [ÉBAUCHE] :

(c’est un peu pêle-mêle mais bon …(LB.))

arch. F.H.

arch. F.H.

Archives autonomies

Archives anarchistes

Arch. Dictionnaire international des militants anarchistes

Arch. Dictionnaire international des militants anarchistes

 

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BNF/ Gallica (journal Syndicaliste-révolutionnaire)

numérisation0008

numérisation0007

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Nouvelle mise en page et nouveau titre des Temps Nouveaux. 10e année, n°13 du 30/07/1904.

Arch. BNF/Gallica

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Arch. BNF/Gallica. L’Action Antimilitariste sert de relais à l’A.I.A. au niveau national.

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photo GW, arch. CHSA

Archives anarchistes n°02 du 15/01/1912

l’Insurgé. d’après ephemanar.net. Journal Lyonnais reçu à Angers en 1893 d’après Marcel Massard, Histoire du mouvement anarchiste  Lyon (1880-1894). ACL, dispo aux Nuits Bleues p136.

attaque 1189

Arch. BNF / Gallica

Sources : affiches pub pour La Sociale. placard info et http://archives.ville-saint-denis.fr/galerie

Arch. CIRA Marseille transmis par FH. pour liste anardico

Arch. BNF / Gallica

 

Archives autonomies non encore mis en ligne

Archives autonomies non encore mis en ligne

Archives Autonomies

Arch. autonomies. Fragments d’Histoire de la gauche radicale

Archives autonomies.

Archives autonomies

Les anarchistes d’Angers et de Trélazé, comme tous les membres de groupes politiques, sociaux, syndicaux organisés cherchent à diffuser leurs journaux.

Pour les jeunes camarades, il faut aussi vous imaginer un monde sans facebook, instagram, des applis en veux-tu en voilà ; un monde sans télé, ni ordis. Un monde sans texto ni téléphone portable. S’ouvrir au monde nécessitait de sortir [et de se sortir les doigts du c..] et de rencontrer du monde en vrai : au théâtre, aux réunions publiques conçues comme un lieu d’affrontement verbal (et parfois physique) mais aussi lire … La citation de Pelloutier ci-dessous prend tout son sens à mon avis : apprendre par soi-même et pour soi-même, remettre en question et en perspective.

« Nous sommes des révoltés de toute les heures, des hommes vraiment sans Dieu, sans maître, sans patrie, les ennemis irréconciliables de tout despotisme moral ou matériel, individuel ou collectif, c’est à dire des lois et des dictatures (y compris celle du prolétariat) et les amants passionnés de la culture de soi-même. » Fernand Pelloutier (1867-1901)

 

Peut-être plus encore que les autres groupes politiques révolutionnaires, la presse est fondamentale chez les anars de cette époque. Une autre raison de l’importance de cette forme de propagande chez les anarchistes ; c’est -qu’à mon avis- ils et elles ne cherchent pas forcement à être l’organisation la plus forte mais à irriguer le mouvement émancipateur de ses réflexions, de ses mots d’ordres, de ses modes d’actions.

Par ailleurs, on peut même, sans trop exagérer, considérer que la structurations du mouvement anarchiste –au moins en Anjou et sans doute de façon plus large, mais je n’ai pas les connaissances suffisantes pour l’affirmer- a existé à la fin du XIXe et début XXe, grâce à sa presse : Le Révolté, La Révolte, Les Temps Nouveaux, Le Père Peinard, puis Le Libertaire, ou des journaux moins connus comme L’Idée ouvrière ou L’Attaque (pas toujours anarchiste) précèdent de plusieurs années l’apparition de groupes.

Plus, ces groupes peuvent être directement liés aux journaux. Ces groupes peuvent être, en plus, subdivisés en groupes affinitaires, de chantiers, de lieux de sociabilités, d’âges… Le rôle des crieurs de journaux, tel Émile Hamelin, par exemple, est fondamental pour cette diffusion et le maintien des contacts. Ainsi, à Angers, en 1896, le groupe avec des individus comme Philippe par exemple, est beaucoup plus proche des thèses développées par le Père Peinard et sa campagne pour le « pain gratuit » que les Temps nouveaux.

Le Père Peinard jouera, un rôle de catalyseur dans la propagande anarchiste. Ainsi, le commentant en 1931, Paul Delesalle écrivait : « Les petits pamphlets de Pouget eurent un succès dont on se rend difficilement compte aujourd’hui. Tant que dura Le Père Peinard […], il y eut dans certains centres ouvriers une réelle agitation prolétarienne, et je pourrais citer dix, vingt localités ouvrières, telles Trélazé, Fourchambault où tout mouvement est tombé à rien après la disparition de ses pamphlets. À Paris, notamment, parmi les ébénistes du faubourg Saint-Antoine, le mouvement revendicatif dura tant que vécut Le Père Peinard. » (citation de G.Davranche)

Ainsi, en 1896-1897, la police estime à plus de 420 numéros de journaux anarchistes qu’Hamelin vend par semaine23 alors qu’en mai 1897, les 3 vendeurs d’Angers et Trélazé qui s’occupent de la diffusion – Bruon, Pironi et Lelièvre– n’en vendent plus que 300 environs.

Archives Autonomies non encore mis en ligne. Extrait du Libertaire n°03 du 29/11/1895.

A cela, il faut ajouter les abonnés aux journaux qui sont 4 dès les premiers numéros du journal Le Libertaire en 1895 mais ne sont que 14 pour Le Libertaire en Maine-et-Loire, au 18/11/189724. En septembre 1898, les anarchistes qui s’occupent plus particulièrement de la diffusion de la presse Hamelin pour Angers, Pierre ANDRÉ pour Angers et Trélazé, Piriou Jean-Marie (dit la Sardine) [qui remplace Lelièvre pour La Forêt et Misengrain] se font aidé par Lelièvre, Constant Bruon, Guénier dit « La République » et Boulaire dit « Le Bleu » pour faire une grande tournée de diffusion de journaux et brochures dans le département pour diffuser les idées anarchistes25Pour l’occasion Pierre André et Émile Hamelin reçoivent 150 exemplaires des brochures de Bernard Lazare : « Antisémitisme et Révolution », d’« Inquisition et Antisémitisme » de Constant Martin et de (« l’inévitable » dixit la police) Jean Most « La Peste religieuse »26. Cela ce faisait quelques années avant, en 1895, pour le journal La Sociale, qui exista entre deux séries du Père Peinard en 1895-1896 (La Sociale n°28 du 17/11/1895). -On peut voir la régularité des ventes pour cette époque, en regardant la partie chronologique du blog, par année, par ex. 1898)-. À cette époque, vers 1898, il existe également des traces de diffuseurs épisodiques à Cholet mais surtout à Saumur -au moins deux-.

Cette propagande des idées anarchistes n’est pas, cependant si coordonnée, comme pourrait le laisser penser le passage ci-dessus, pour la fin XIXe. Je pense en effet, qu’il s’agit plus d’une action concertée entre individus que d’une véritable propagande de groupe. Ainsi, les deux principaux vendeurs d’Angers-Trélazé -où ce qu’ils me semblent être- ne communiquent que fort peu. Certes Hamelin n’est pas très souvent là, ni régulièrement ; mais lorsqu’il est sur la ville, Pierre André passe par les Temps Nouveaux pour lui faire passer un message sur des acheteurs indélicats… (Les Temps Nouveaux n°17 du 20/08/1898).

Cette propagande ne se passe pas toujours bien. À l’été 1893, Pierre ANDRÉ, alors qu’il vend des journaux, est témoin que des flics, ivre selon le journal, malmène un gamin. Il intervient verbalement, se fait embarquer, se fait condamner pour outrages et rebellions (une vieille coutume française des argousins) à 6 jours de prisons mais il se fait aussi tabasser (Le Père Peinard n°227 du 23/07/1893, n°228 du 30/07/1893). En août 1895 ce sont Lelièvre Eugène et Piriou Jean-Marie qui se font prendre à jeter des journaux (La Sociale et Les Temps Nouveaux) et des brochures dans la cour des militaires de la caserne Dupetit-Thouars27.  Cette façon de faire, jeter les journaux par-dessus les murs d’enceintes ou en donnant directement aux militaires, est souvent relaté par les flics et les militaires jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, et n’est pas l’apanage des seuls libertaires. Hamelin lui subira un procès en 1906 et se verra condamné à la prison. Par ailleurs, je pense peut-être à tort, qu’une pression sociale plus sournoise est mise en œuvre par certains patrons : à Bessoneau, en 1896, il semble que le patron joue sur plusieurs registres en même temps, pour le bien de ses affaires. « Philanthrope », « patron social » proche des ouvrier-e-s, il organise (et paye, certes avec les bénéfices résultant de l’exploitation de ces mêmes ouvrier-e-s) des festivités, des conférences éducatives, des vins d’honneur mais il semble aussi mettre en place un sorte de police des ateliers qui surveille les réfractaires, celles et ceux tentés par la grève (et les fait renvoyer), etc. (La Sociale n°47 du 29/03/1896). Différents indices laisse supposer qu’il en est de même aux ardoisières de Trélazé. Il y a bien entendu l’exemple connu de l’argent donné par les patrons pour aider à financer les flics après la Marianne, le fait que les militaires qui viennent occuper Trélazé et les environs lors dès grèves sont dédommager par les Ardoisières, où plus simplement en 1928 quand Bossé vend le journal sur les chantiers le Combat Syndicaliste et se retrouve pris dans un engrenage juridique. D’ailleurs, l’année précédente en 1927, que (et là je cite les flics)  « devant l’organisation et la l’augmentation sans cesse croissante des extrémistes » (=C.G.T.S.R. en particulier, le syndicat communiste n’étant pas encore très fort) il y a la volonté de la part des ardoisières « de créer un organisme de sécurité interne en relation officieuse avec les autorités » (-AD49 : 15J586-). Les flics sont toujours à la recherche de comment procède les diffuseurs pour récupérer les journaux mais aussi les informations (boîte aux lettres mortes, complicité, portage par des employés du chemin de fer ou des postes entre Paris et Angers, etc.) (rapport du 04/07/1895 par ex).

En parallèle à la vente à la criée, à la diffusion gratuite comme propagande, aux abonnés, les lecteurs peuvent acheter leurs journaux libertaire dans les kiosques de la ville. Si le Libertaire est en vente dans certains kiosque d’Angers, le Père Peinard, au moins dans le début des années 1890, est en vente dans tous les kiosques d’Angers ce qui contribue avec les affichettes en devantures à une plus grande visibilité du mouvement (Le Père Peinard n°103 du 08/03/1891 par ex).

En 188928, les journaux anarchistes les plus lus sont Le Père Peinard (loin devant en terme de vente), puis L’Attaque et La Révolte. On peut sourire des noms choisis (journaux, noms de groupes, surnoms des individus), mais dans une culture populaire, bien différente dans son langage et ses codes de la culture bourgeoise et « citoyenniste » que nous connaissons aujourd’hui, l’existence de surnom était monnaie courante. Or, certains surnoms donné reflètent l’importance de journaux anarchistes extrêmement populaire : « la Mère Peinard » pour Manceau Aimée ou « le Père Peinard » pour Henri Mercier.

En 1890 puis aux alentours de 1900, les anarchistes locaux s’intéressent et s’impliquent pour fournir de l’argent à deux tentatives de quotidiens anarchistes. « Les années de La Sociale correspondent à une intense activité d’Émile Pouget, en pleine communion avec Fernand Pelloutier et Bernard Lazare pour mettre en œuvre une stratégie de rapprochement des anarchistes et des socialistes antiparlementaires à l’échelle européenne pour combattre l’influence croissante de la social-démocratie dans le mouvement ouvrier. Ce rapprochement devait se faire sur la base de l’antiparlementarisme, du syndicalisme et du grève-généralisme. Au printemps 1896, tous trois essayèrent — sans succès — de lancer un quotidien, La Clameur, auquel ils souhaitaient associer Jean Allemane. » (Guillaume Davranche). On peu même après coup, regretter (bah oui je suis un libertaire !) cet échec qui aurait peut être contribué à asseoir la notoriété et l’influence des anarchistes dans le mouvement ouvrier au détriment des groupes socialistes autoritaires. (La Sociale numéro 048 du 05/04/1896).

Nous pouvons suivre également la vie des journaux grâce à trois éléments. Tout d’abord, grâce à la flicaille et à ses mouchards, et aussi, parfois aux militantEs. Par exemple, la régularité des ventes ainsi que leur importance d’une manière indirecte, grâce aux rubriques dites « petites correspondances« , « petites postes », etc. qui existent dans chaque journal. Le plus souvent il s’agit d’accusé de réception de la part du journal de sommes et des paiements de journaux, tel ci-dessous ((etc. voir notre rubrique sources (les sources, journaux et revues) et les nombreuses brèves que nous avons déjà reproduite). Des listes de souscriptions peuvent circuler et les sommes reçues sont également mentionnés. Tout ceci prouve la plus ou moins grande vitalité des libertaires selon des périodes données également, qu’elle tendance également :

arch. F.H. Le Père Peinard, n°37 du 10/11/1889

 

arch. F.H. Le Père Peinard, n°42 du 15/12/1889.

 

Arch. BNF/Gallica. Liste de souscriptions vierge insérée dans le n°08 du 17/06/1899.

En 1896, les dépositaires des Temps Nouveaux, journal anarchiste ayant une présentation plus austère que le Père Peinard, est disponible auprès de Duvivier (librairie ?), Dron et Leduc. Ce dernier portant à domicile (par ex. Les Temps Nouveaux n°10 du 04/07/1896).

En mars 1898, nous avons les dépositaires du journal le Libertaire : (Hamelin en demande 20 pour le Havre en poste restante) ; Pierre André en reçoit 150 par semaine ; J.B. Cornu à Noyant-la-Gravoyère : 15 exemplaires ; Chotard à Saumur : 2 (!) et la librairie Duvivier à Angers, rue Plantagenet : 15 exemplaires29. Je n’ai pas les nombres reçus par des dépositaires de Trélazé comme Lelièvre fils (Eugène donc à cet époque), Ménard ou Pinguet 30.

AD49 : 4M6/22 ; dossier Piriou. Rapport du 04/07/1895

Les flics suivent avec plus ou moins de régularité les ventes, les abonnés.

En juillet 1895, un rapport du commissariat spécial sur la propagande par la presse à Trélazé, affirme que les habitants préfèrent l’acheter au numéro et ne pas s’abonner. Piriou et Cantal sont les dépositaires réguliers alors de La Sociale et des Temps nouveaux. Le premier, Piriou, « les portant sous son paletot, (…), sans en avoir l’air » distribue aux ardoisières « d’atelier en atelier » une centaine d’exemplaires de La Sociale le samedi ainsi qu’une cinquantaine de Temps nouveaux. Cantal,  toujours sur Trélazé, vend une cinquantaine de La Sociale et une vingtaine de Temps nouveaux.

Nous savons d’après leur enquête31, qu’il y aurait, en 1899, 800 acheteurs réguliers, par semaine, de journaux libertaires en Maine-et-Loire : 400 sont placés par Pierre André à Angers et Trélazé, 200 à Angers par Émile Hamelin, 150 par Piriou à La Forêt et Misengrain et 50 à 80 par d’autres dépositaires. Mais les flics estiment qu’après avoir été acheté, les journaux se passent de main en main à des fin de propagande et qu’il faut estimer « au plus bas mot » à 5000 lecteurs par semaine ! (Ça fait rêver).

A ces journaux hebdomadaires, il faut ajouter la centaine d’exemplaire du Journal du Peuple qui est quotidien. Ce dernier journal qui apparaît au début 1899, lancé entre-autre par S. Faure, sera par exemple vendu à 250 exemplaires quotidiens au début mais 250 autres numéros sont donnés gracieusement à de fin de publicité et de propagande32. Dans cette même année, nous savons également que Ludovic Ménard demande 2000 journaux de l’Attaque à des fins de propagande (Arch. Nat. : BB 166451 : correspondances, dossier Caen. Courrier saisies le 16/05/1892 chez Stéphane Moulin, à Paris).

Cette propagande par la presse est souvent doublé par voies d’affiches et manifestes (= tracts) pour faire connaître le journal : les pubs du Père Peinard sont célèbres, mais au lancement du Journal du Peuple le 06/02/1899, ce sont plus de 2000 affiches qui sont distribués sur Angers, 2000 également pour la tentative du journal L’Anarchiste lancé par Girault, etc.33

Il faut rajouter les abonnés, en novembre 1897 ils sont 15 (voir note24  ; en janvier 1898 Lelièvre alors fendeur à Misengrain, Massai Julien également à Misengrain ainsi qu’Hamelin se réabonne. En 1920, nous savons que les abonnés au Libertaire sont peu nombreux en Maine-et-Loire (et cela ne signifie pas qu’ils sont anars) : Bonnamy Louis rue de la Blancheray à Angers ; Brunet Auguste à Gennes ; Baron à La Pyramide, Madebien instituteur à Saint-Mathurin et Louis Bouët à Saumur34.  En 1924, il y a 5 abonnés à Angers, en 1927, ils sont 31 abonnés, en 1939 : 2. (voir plus loin)

Avant la Première Guerre Mondiale, deux autres journaux, qui ne sont pas spécifiquement anarchiste mais où les libertaires sont très impliqué, sont très lu en Maine-et-Loire. La Guerre Sociale, un journal fondé en décembre 1907 – dépouillé pour l’instant jusqu’à la fin 1910 grâce à la BNF- édité par un regroupement de militant issu du Socialisme de gauche, des insurrectionnalistes, des libertaires …. Sous la direction plus ou moins effective de Gustave Hervé (qui

Jeunesse syndicale de Renazé, probablement !, avant la 1e G-M

participe aussi au journal anti-militariste le Pioupiou de l’Yonne et qui est lu également en Maine-et-Loire comme l’atteste certaines photos de groupes, par ex. ci dessus) puis à partir de 1911, face au tournant plus légaliste, plus classique du socialisme électoral, la Bataille Syndicaliste prendra la relève au sein de la mouvance Syndicaliste-Révolutionnaire. Un groupe des Amis de la Bataille Syndicaliste, se revendiquant ouvrier, révolutionnaire et antiparlementaire, verra même le jour à Angers, fin 1911, qui même s’il n’est pas très actif, place quand même 60 timbres d’adhésion au mois de janvier ou février 1912 (la Bataille Syndicaliste, n°301 du 21/02/1912). Cependant, plusieurs syndicats ou individus prennent des actions afin de soutenir le journal (Hamelin, Syndicats des Allumettiers -en particulier, des Ardoisiers, des Vendeurs de Journaux, Syndicat du Bâtiment) mais se sont surtout à de nombreuses réunions, bals, etc. que sont organisées des collectes au profit de ce journal (pour cela voir les années 1911 et 1912).

Un des moyens de communication des anarchistes est le Bulletin de la Fédération Communiste anarchiste juste avant la Première Guerre mondiale.

En 1922, une revue comme La Revue anarchiste, possède 14 abonnés en Maine-et-Loire (dont probablement François Bonnaud puisque cette revue est dans ses archives déposées à la Bourse du Travail d’Angers) ; à titre de comparaison pour cette revue, le Finistère à 15 abonnés, la Loire-Atlantique (dite encore Inférieure): 835.

En 1924, Le Libertaire devenu quotidien est en vente dans tous les kiosques et bureaux de tabacs d’Angers et Trélazé et avec la possibilité de se le faire porter à domicile par les vendeurs de journaux36. Est-ce le cas dans le reste de la France ou un petit plus local pour la propagande ?

Des discussions ont lieux dans les réunions anarchistes sur les meilleures façons de soutenir le journal et de la vendre, tel à la réunion du Dimanche 17 février 1924. Pour soutenir l’effort de propagande et le manque de moyen du journal, des collectes ont lieu, un bal de soutien également. Mais cet effort est alors soutenu uniquement par le groupe d’Angers. Dans cette ville en Mars 1924, il y a 5 abonnés et 40 journaux achetés quotidiennement en kiosque37 (il faudrait adjoindre le nombres d’exemplaires vendu par les militantEs, chiffres que je n’ai pas).

Le groupe de Trélazé, décide de s’abonner au Libertaire et à l’Étincelle (journal anarchiste de Rennes qui précède Le Flambeau) à sa réunion du samedi 19 décembre 1926 puis à partir d’avril 1927, le journal le Libertaire est vendu sur « les chantiers » de la ville. A partir de juillet 1927, les trélazéens vendent également Le Flambeau. Ce journal se réclame « l’Organe mensuel du Comité de Libre-Pensée et d’Action sociale de l’Ouest« . La rédaction et les abonnements sont gérés à partir de la Maison du Peuple de Brest et est ouvert aux camarades et compagnons des départements et régions de Bretagne, Basse-Normandie, Maine, Anjou, Vendée. Il paraître de juin 1927 à juin 1934 au numéro 80 ; mais, sa vie se prolongera dans les colonnes de Terre Libre jusqu’en 1936. Ce dernier est soutenu à bout de bras par les militants de la C.G.T.S.R. de Trélazé et sert de tribune à la scission de l’U.A.C.R. qui condamne et critique le syndicat anarchosyndicaliste.

Dans le numéro du Vendredi 30/09/1927, les compagnons de Trélazé affirment vendent 150 numéros du Libertaire par semaine et 450 Flambeau par mois. Mais, ils estiment qu’ils n’arrivent pas à bien faire les ventes. C’est pourquoi à partir de janvier 1929, deux personnes, Le Fouler et Morçay sont chargés de la répartitions des journaux sur les chantiers de la ville. Malheureusement je n’ai pas de chiffres pour savoir s’ils ont stagné, progressé ou diminué. En 1933, plusieurs personnes sont dépositaires du journal Le Flambeau pour le diffuser, au moins Duigou et Lelièvre avec au moins une autre personne (plus ?) mais d’autres personnes sur Angers38. En plus, sur le département il y a 31 abonnés individuel au journal Le Libertaire. Notons qu’à cette date les abonnés ne sont pas nombreux en France : par exemple 1 en Mayenne, 7 en Loire-Atlantique et seuls les Bouche-du-Rhône (55) et la Seine (195) ont plus d’abonnés.

Les chiffres d’abonnés suivant datent ensuite de 193939 que seul Bardelay Jean-Marie demeurant à Noyant-la-Gravoyère et Klein Georges sont abonnés au Libertaire.

D’autres journaux libertaires sont également reçus en Maine-et-Loire. il y a La Voix Libertaire (en cours de dépouillement), dont François Bonnaud est abonné. Ce journal est lu et soutenu par des versements plus ou moins réguliers de militants angevins comme Bouby (?), Chantard (?) ou Chautard (?), Meunier L., Émile Hamelin, Gillet, Seizé ou Serzé, G.Lenfant mais aussi à Trélazé : Duigou, Langlet, Lelièvre Germinal, Lescop, Bossé, Vinouze. Notons que la C.G.T.S.R. des ardoisiers verse également son soutien financier tout comme la Jeunesse ouvrière de Bell-Air/Misengrain. Ce journal est l’organe de l’Association des Fédéraliste Anarchiste (A.F.A.).

Des espagnols40 sont entre 1913 -probablement (pas de traces d’anarchistes étrangers-militants vers 1913 résidant dans le Maine-et-Loire) 1920- et 1928 Bravo Joseph et Mercedes Cardenas demeurant route de Briollay à Angers et Homelian Emile (??) à Angers.

Au niveau local, les anarchistes participent par des articles au Cri Populaire d’Anjou, publié de 1913 à 191441. Notons que ce n’est pas un journal libertaire mais socialisant (pas travaillé dessus). Animé par un militant curieux : Collongy, mais aussi Boudoux, Hamelin y écrit très régulièrement. ce journal est extrêmement critique vis-à-vis de militant comme Ludovic Ménard.

Toujours niveau local, une expérience originale vivra du 19/03/1921 au 22/09/192342, ce sera un journal hebdomadaire créé par le « Parti communiste » puis qui se transformera, en étant ouvert au diverses tendances révolutionnaires. L’Anjou Communiste devient L’Anjou Communiste, syndicaliste et coopératif. Les débats seront nombreux entre partisan du PC et ses adversaires ; entre partisan du syndicalisme-révolutionnaire et ceux du syndicalisme dit pur (futur anarchosyndicalisme) ou syndicalisme lié au PC, il relate la vie du mouvement coopératif d’associations telle la Fédération ouvrière et Paysanne, etc. A sa disparition, pendant quelques numéros (non consultés !!!….) existera un journal régional basé à Tours et se nommant L’Avant Garde. Mais très rapidement, apparaît un journal -juin 1924- se nommant La Lueur créé par les anars du 49 et de l’Indre-et-Loire. (non consulté également !!!!). Ce journal cesse de paraître dès le mois de décembre 1924.

Les élections et la propagande anti-électorale [plus qu’une esquisse!]

Proportions des abstentions aux élections législatives, à Trélazé43.

Dates des élections

Inscrits

Votants

% d’abstentions

Août 1893

1554

764

50.84 %

Mai 1896

1678

816

51.38 %

Avril 1902

1629

973

40.28 %

2e tour

1629

934

42.65 %

Mai 1906

1711

1166

31.86 %

Avril 1910

1795

1408

21.56 %

Avril 1914

1748

1063

39.19 %

Bien que je n’ai pas étudié particulièrement cette période, j’ai un doute sur 1914 car j’avais le chiffre de 2400 inscrits et 800 abstentions, soit 33.33 % d’abstentions ; mais je me suis probablement trompé car mes chiffres furent inscrits sur un bout de papier.

Après la Première Guerre-Mondiale, les anarchistes, tant à Trélazé qu’à Angers continuèrent cette vieille tradition anti-électoraliste.

  1. Candidats et campagne abstentionniste avant la 1e Guerre Mondiale : article non fini

Cantonale 1889 : campagne abstentionniste : les anars multiplient les interventions à Angers et Trélazé au moins, font dattaque 1189es conférences impromptues dans des quartiers ouvriers, distribuent en quantités des journaux anarchistes, perturbent des meetings électoraux comme celui  de Peysonnié au Cirque-Théâtre. Pour la semaine du 15 septembre 1889, au moins deux réunions publiques organisées par eux sont tenues à Trélazé, une aux Justices salle Duroy et une autre salle Louet (?) avec le compagnon Tennevin.

En 1892, le groupe de Brest propose à différents groupes de faire une tournée de conférences sur le thème du Premier Mai et sur les élections municipales (Le Père Peinard n°150 du 31/01/1892). Toujours est-il, que les élections de l’automne ne rencontre pas un franc succès, semble-t ‘il, puisque le nombre de votants n’atteint pas le quorum ? (Le Père Peinard n°185 du 02/10/1892)

À l’occasion des élections législatives de l’été 1893, les anarchistes diffusent les affiches du Père Peinard (1) et (2). Fin août, un vendeur de journaux libertaire, Pierre ANDRÉ, se fait prendre une soixantaine d’affiches. Pour saisir d’autres affiches, la police fera plusieurs perquisitions chez les compagnons (Le Père Peinard n°232 du 27/08/1893). Par ailleurs, des colleurs d’affiches seront poursuivis et le manifeste de Mirbeau La Grève des électeurs également saisi (Le Père Peinard  n°234 du 10/09/1893).

En 1898, 1906, 1910, 1914 et en novembre 1919, Hamelin est candidat abstentionniste aux législatives.

Mercier plusieurs fois également, Philippe au moins une fois.

En 1898, Caris Édouard domicilié à Angers, se présente comme candidat abstentionniste à Paris.

AD49 : 4M6/29 candidature abstentionniste

AD49 : 4M6/29
candidature abstentionniste

 

  1. 1902

Henri Mercier est candidat abstentionniste en 1902 pour les élections législatives (Le Libertaire n°23 du 13/04/1902).

  1. Les législatives de 1924

La campagne de propagande pour l’abstention lors des élections législatives de mai 1924 est anticipée de longue date par les anarchistes angevins. Il faut se rappeler, contrairement à l’historiographie habituellement admise, que le mouvement libertaire au sens large est en plein essor.

La « liste socialiste, pacifiste, libertaire »  composée de Maurice Poirot, de l’ancien condamné à mort François Péan, du syndicaliste ardoisier Mathurin Bodin et de Louis Girard est déclarée à la Préfecture dès le 22 avril, c’est-à-dire le jour même d’ouverture du dépôt des listes électorales1. En fait, dès le mois de janvier 1924, le secrétaire du groupe de Trélazé -qui n’existe que depuis quelques mois-, rappelle à l’ordre les « copains de Trélazé » pour qu’ils ne désertent pas les réunions ; d’autant plus « que la foire électorale va bientôt battre son plein, il va falloir profiter du moment, pour démontrer une bonne fois pour toutes, que les pitres, les polichinelles ont l’air de prendre les bons bougres pour des poires »2. L’objectif, de cette campagne, outre les thèmes traditionnels de propagande pour leurs idéaux que sont l’autonomie des individus, le fédéralisme, la démocratie directe est de « faire connaître et aimer toutes les victimes de la réaction qui moisissent dans les geôles de la IIIe République »3. C’est la continuité des campagnes pour la libération de tous les prisonniers politiques et antimilitaristes, campagnes débutées les années précédentes.

En plus de faire de la propagande sous une forme habituelle : tracts, affiches, réunions publiques ; ils vont dans les réunions publiques organisées par les partis traditionnels pour y effectuer la contradiction. Cependant, au cours d’une d’entre-elle, un des candidats de la liste libertaire, François Péan conclu un discours sur l’Amnistie en appelant à voter en faveur du Bloc des Gauches ! Dès la semaine suivante, dans Le Libertaire du 20 mai, une réunion est convoquée pour le mercredi 21 mai et où « Péan est instamment prié de venir s’expliquer au groupe au sujet des paroles prononcées par lui »4. Pour faire bonne figure, et en l’absence de Péan, qui sera désavoué, le groupe décide d’un communiqué et passe une note explicative dans le journal fédéral pour relater l’affaire5.

  1. Les législatives de 1928.

Les candidats abstentionnistes sont désignés lors d’une assemblée Générale des Groupes d’Études Sociales d’Angers et Trélazé au café Bossé, aux Justices, le premier avril (Le Libertaire du 16/03/1928). Les deux candidats désignés pour se présenter pour la forme, seront les ardoisiers Lelièvre Germinal pour la première circonscription et Le Fouler Joseph pour la seconde. Dès le lendemain 02 avril, les candidatures sont déposées. Des affiches sont posées :

« Aux incorrigibles votards

Demain, peuple, tu seras appelé à te donner de nouveaux maîtres.

Une fois de plus comme ça se fait périodiquement tous les 4 ans, tu auras à choisir, parmi les caméléons, de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, de nouveaux guides pour gérer tes affaires (nos bons parlementaires ayant bien soin de te dire que tu es trop bête pour t’occuper de ton sort).

Donc, c’est eux, ces arrivistes arrogants, autoritaires, ambitieux et fourbes, qui iront au Parlement bourbeux discuter de quelle sauce il faudra te manger.

Naturellement, quoiqu’en déposant un bout de papelard dans la boîte carrée, tu croises exprimer ta volonté et faire valoir tes droits ; ceux-ci te seront, après le beau tapage passé, aussi limités, s’ils ne seront plus restreints. Car en somme de quoi aurais-tu à te plaindre si demain, après avoir voté tu deviendras plus misérable ; plus malmené ; moins libre, en un mot plus esclave qu’avant ; c’est toi-même qui te seras fichu le collier au cou et mis le fouet entre les mains de tes bourreaux.

En votant, tu renies ta valeur, ta conscience, ta propre force, et tu deviens le jouet des politiciens plus roublards que courageux.

Laisse de côté cet éternel attrape nigauds, ce trope l’œil qu’est le bulletin de vote et rentre avec nous dans les organisations syndicales et groupements d’avant garde, libre de toutes tutelles. Là nous mènerons ensemble le bon combat, plus fécond en réalisation de bien-être et de meilleur avenir que tout le tam-tam des négoces de la mare aux grenouilles qui nous pond qu’impôts écrasant et lois pour le plus grand soutien de nos buveurs de sangs.

Répondez, camarades, aux belles promesses des futurs députés en vous abstenant de voter et en entrant aux groupes libertaires que vous trouverez partout pour préparer la Révolution Sociale qui mettra en fuite tous les maîtres caméléons, tous les corbeaux, vautours, maquereaux et maîtres ?

Le Fouler Joseph

Candidat abstentionniste de Trélazé. »

Ce sera d’ailleurs l’occasion d’une campagne contre la Dictature du Prolétariat.

Sources : AD49

Sources : AD49

Cette élection a lieu également dans une période de tension vive où les anarchistes doivent s’imposer dans des affrontements physiques et verbaux face aux staliniens qui tentent de faire taire toute opposition. Ce ne sera pas le cas à Angers mais surtout à Trélazé. Dans de nombreuses conférences des uns et des autres, cela finit en bagarre générale. Avant et après le départ de François Bonnaud, ce dernier est menacé car il reste anarchiste malgré son voyage au Paradis Soviétique, il faut que les anars montrent les dents et menacent de graves représailles les staliniens pour que Bonnaud puisse continuer ses activités. A la conférence du renégat anarchiste Colomer (issu de l’individualisme), ce sont les anarchistes, accompagné du militant d’origine russe Nicolas Lazarévitch, qui s’imposent, malgré de nombreuses bagarres pour essayer de le faire taire. Le discours de ce dernier dure plus d’une heure. Peu après, le même Nicolas Lazarévitch tiendra une conférence dans le cadre de cette campagne.

Il faut dire qu’à cette période, en aux alentours de 1928, les anarchistes sont des habitués pour faire (ré)établir l’ordre (héhé, souvenez-vous de la phrase du philosophe libertaire Reclus : « l’anarchie est le plus haute vertu de l’ordre » et non l’anarchie n’est pas le bordel) dans leurs réunions, parfois sous l’œil admiratif de la police !… À la réunion du 11 février 1928, par exemple, ce sont près de « 400 camelots, séminaristes mené par le sieur De La Grandière » qui voulaient prendre leur revanche (le Flambeau n°8 de mars 1928) qui seront calmé. Ce dernier, un oublié de la raccourcisseuse, se fera boxé puis expulsé manu-militari sous les coups de pieds, de chaises et de tables… À la conférence de Sébastien Faure, ce sont « 150 jeunes gens de l’Action française ( qui seront) invités à ne pas interrompre, sous peine d’expulsion de la salle » et ce « après avoir été enveloppé par les organisateurs » (AD49, 4M6/28 rapport du 02/02/1928) ; à chaque fois, les compagnons restent maître du terrain.

  1. 1932

  2. 1936

RÉPRESSIONS POLICIÈRES, PATRONALES CONTRE LES INSOUMIS, LES RÉVOLTÉS, LES RÉVOLUTIONNAIRES ET DONC LES ANARS

–> affaire des bandits anarchistes : condamnations, procès d’assises : mort de Chevry au bagne, de Fouquet aux bataillons disciplinaires, déportation de Meunier en Guyane ; Philippe en sursis et devra partir s’exiler en Grande Bretagne suite à une nouvelle condamnation…

–> la police dénonce aux employeurs, aux logeurs les militants anars : ex. (Le Libertaire n°146 du 11/09/1898). Voir aussi ex de Meunier, Hamelin à Nantes et St Naz

–> À Trélazé, Constant Martin dans Le Libertaire (an 05, série 02. n°02 du 27/08/1899) qu’un militant de Trélazé raconte que chaque semaine un gendarmes vient voir s’il n’a pas déménagé et ce depuis 2 ans.

–> 1928, affaire Julien Bossé

–> surveillance particulière contre la CGTSR aux ardoisières

–> les anars, comme tous les révolutionnaires se font virer au fur et à mesure des grèves.

–>

(LB.)

 

NOTES :

1 L’Idée Ouvrière, n°17 du 31/12/1887.

2 La Révolte n°39 du 30 juin au 06/07/1888 , p3. Rubrique « Communications et Correspondance ».

3 La Révolte, n° 25 (03-09/03//1889). p4,  rubrique « Convocations ».

4 La Révolte n°34, deuxième année, page 4, rubrique « Convocations ».

5 Le Père Peinard, n°111, dimanche 03/05/1891. p7, rubrique « Petite Poste ». 

6 Le Père Peinard, n°6, 2e série, 29/11/1896 et n°8 du 13/12/1896.

7 AD49 : 4M6/15.

8 Les Temps Nouveaux, n°35, du 26/12/1896 au 01/01/1897.

9 Boussion Samuel. L’Antimilitarisme en Anjou à la Belle-Époque (1900-1914). Mémoire de maîtrise d’histoire, Angers, Histoire, 1997, 195 p., et le Cri Social, journal du P.S.U. du 49, 20/10/1906.

9 bis Les Temps Nouveaux, n°28, 10/11/1906, p7, rubrique Convocations

10 Les Temps Nouveaux n°16 du 25/12/1910 et La Guerre Sociale n°54 du 21/12/1910.

11 Les Temps Nouveaux n°15 du 12/08/1911.

12 Les Temps Nouveaux n°30 du 25/11/1911.

13 Les Temps Nouveaux, n°36 et 44 de 1912.

13 bis AN F7/13053, liste des organisations communiste-anarchiste établie en Octobre 1913.

14 Les Temps Nouveaux, n°17 du 06/09/1913.

15 AD49 : 4 M6/59.

16 Le Libertaire du 26/10/1928.

17 Le Libertaire du 26/10/1928.

18 BN, Per Micr. D92. Boîte 15. 01/1929 à 12/1931. Le Libertaire, n° du Vendredi 18/01/1929.

19 Groupe adhérant U.A.C.R Adhésion individuelle U.A.C.R. Facultative ; adhésion mensuelle au groupe local 1 franc ; + carte de soutien à 5 francs pour ceux ne voulant pas adhérer au groupe. BN, Per Micr. D92. Boîte 15. 01/1929 à 12/1931. Le Libertaire, n° du Vendredi 03/08/1929.

20 Le Combat Syndicaliste n°228.

21 Le Combat Syndicaliste n°228.

22 Le Libertaire du 26/10/1928.

23 AD49 : 4M6/15.

24 A. Nat. : F7/12506 : Abonnés au Libertaire, liste saisie le 19/11/1897. Dans le 49, il y a : ANGERS : Bruon, Bedouet, Dron, un ancien forçat (?), Guichard, Duvivier, Hamelin, Mercier ; à TRÉLAZÉ : Périon J.M (?) (= Piriou Jean-Marie ?) et Pierre André ; Chotard à Saumur ; Dog(r)eau à Corné ; Cornu J.B. à Noyant-la-Gravoyère et deux vendeurs officiels (?) de journaux : Coudrais rue nationale et Place Travot à Cholet ; Duvivier rue Plantagenet à Angers.

25 AD49 : 4M6/29. Rapport du 15/09/1898.

26 AD49 : 4M6/29. Rapport du 21/09/1898.

27 AD49 : 4M6/29 : rapports multiples.

28 source La Révolte n°6, troisième année, 19-25/10/1889.

29 AN F7/12506.

30 AN F7/12506, liste R.

31 AD49 : 4M6/29. Rapport du 08/02/1899.

32 AD49 : 4M6/29. Rapport du 07/02/1899.

33 AD49 : 4M6/29 : divers rapports.

34 AN : F7/14791-2 : listes et notes de renseignements des abonnés au Libertaire, 1920-1932.

35 http://www.la-presse-anarchiste.net/spip.php?article2876

36 Le Libertaire du Lundi 07/01/1924.

37 d’après Le Libertaire du Samedi 01/03/1924.

38 Le Flambeau n°73, novembre 1933.

39 AD49 :1M6/86 rapport du 30/01/1939.

40 AN F7/14 791-1 : Anarchistes espagnols et abonnés au journal Iberrion.

41 AD 49 : 35 Jo1.

42 AD49, 9 Jo 1.

43 Avant la Première Guerre-Mondiale : sources : Brachet J-P.

notes sur les élections

1AD49 : 3 M319. Rapport du Commissaire Spécial du 06/05/1924 pour le scrutin du 11/05/1924.

2Arch. LB. : le Libertaire, Jeudi 10/01/1924.

3Idem.

4Arch. LB. : Le Libertaire, Mardi 20/05/1924.

5Arch. LB. : Le Libertaire, Mardi 03/06/1924.

2 commentaires sur “Histoire (partielle) des groupes anarchistes d’Angers et Trélazé (et un peu ailleurs : segréen, Saumur, Daguenière, Les Ponts-de-Cé, etc.)

    • laurentbeaumont dit :

      Bonjour, merci pour votre lien. De mémoire je crois qu’il est déjà quelques part sur le blog, dans la biographie de Ménard. Il y a quelques autres vidéos disséminés ici ou là, pas beaucoup.Il faudrait sans doute que je fasse une rubrique sur ces liens ? cordialement (LB.)

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