1894

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Caserio. Sources : BNF / Gallica

En janvier, vague de répression en France contre le mouvement anarchiste, suite aux votes des lois dites scélérates (et votées par les députées socialistes, lois dès 11 et 12 décembre 1893) : perquisitions, locaux mis à sac, militants emprisonnés, les journaux Le Père Peinard et La Révolte s’interrompent, des dizaines de militants se réfugient à Londres en particulier dans un quartier où de nombreux proscrits trouvent refuge : La petite France. Auguste Vaillant condamné à mort est exécuté le 07/02. 12 février : attentat de l’anarchiste Émile Henry dans le hall de l’hôtel Terminus à Saint-Lazare. 24 juin : assassinat du président Sadi Carnot par l’anarchiste italien Caserio.

25-27 juin. 3e congrès de la Fédération nationale des Bourses du Travail tenu à Lyon. 29 juin : Loi sur les retraites ouvrières et les caisses d’assurance maladie des mineurs.

17 et 27 juillet. Nouvelles « lois scélérates » de sûreté générale contre les anarchistes.

En août, deuxième procès spectacle de l’anarchisme à Paris, « le procès des Trente » qui tourne lui-aussi au ridicule pour l’accusation. En octobre, de l’exil de Londonien, les journaux The Torch et Le Père Peinard appellent les anars à investir le mouvement syndical. 14-16 septembre : Congrès national du P.O.F. tenu à Nantes. 17- 22 septembre : 6e congrès de la Fédération des syndicats tenu à Nantes, en commun avec la Fédération nationale des Bourses du Travail. Le congrès se prononce pour l’indépendance du mouvement syndical et la grève générale. Rupture avec les guesdistes.

Début de l’affaire Dreyfus (24/09) et en décembre, condamnation du capitaine Dreyfus.

  • 1894

// Thierry Buron, sans citer de sources me semble-t-il, indique que le nombre d’anarchiste aurait gagner 47 nouveaux militants, passant ainsi de 6 à 53 ! Un rapport issu des Archives nationales (F7 / 12506) parle lui de 97 anarchistes, dont 28 rayés et 5 considérés comme dangereux. (BURON Thierry, Le Mouvement anarchiste à Angers de 1892 à 1914, mémoire fait sous la direction de Jean le Yaouanq, 1990, Université François Rabelais, Tours).

// À Cholet, environ 17 000 habitant-e-s ; l’industrie textile ferai vivre dans la ville et les villages alentours près de 30000 personnes selon un article de l’Émancipation Ouvrière (n°01 de juin 1894).

  • JANVIER
  • 01 Janvier

À Brest, arrestations d’Hamelin et Meunier, en compagnies d’autres personnes. Leur logement est également perquisitionné (le Radical du 03/01/1894). Est-ce le même jour, est-ce le 08 janvier ?, toujours est-il que Meuneir est arrêté, suite à un mandat du parquet d’Angers. Il est mis en détention préventive avant d’être transféré sur Angers (La Petite presse du 09/01/1894).

  • 04 Janvier.

Angers. 1er Interrogatoire d’Henri Mercier par le Juge d’Instruction.

  • 08 Janvier

Angers. 3e interrogatoire d’Henri Mercier.

  • FÉVRIER
20150708_110818 AD49 4M6 29 fevrier 1894 A Carnot le Tueur affiche saisie

AD49 : 4M6/29.

// Alors qu’ils sont l’objet d’une surveillance étroite, les anarchistes – Philippe et Mercier- se font interroger pour un lot d’affiches à leur destination, en provenance de Londres et intitulé « Carnot le tueur !« . Ils répondent qu’ils ne sont pas responsable de ce que l’on envoie à leur adresse, voire même d’une ancienne adresse pour Mercier… (Arch. Nat. BB1 86450 : courrier du Proc. Général du 19/02/1894 ou note du 21/02/1894).

  •  16 février

Angers. 5e interrogatoire de Mercier par le juge d’instruction d’Angers. Henri Mercier reçoit à une ancienne adresse, qui plus est au mauvais numéro, l’affiche « Carnot le tueur » envoyée de Londres à Angers.

  • 18 février 1894

Dans un rapport du 18 février 1894, du commissariat spécial sur Eugène Lelièvre, lors de la grève des Allumettes, il aurait « excité les dragons à la désobéissance en s’écriant ‘’frères de misères, si on vous commande de charger, tournez la crosse en l’air’’. Par ailleurs il incite les ouvriers des allumettes, avec d’autres carriers, à tenir bon. (AD49 4M6/15)

  • 19 février 1894

Lors des perquisitions chez les anars de Loire-Atlantique, l’anarchiste Prion est arrêté car il entretenait une correspondance avec l’anarchiste Philippe, « impliqué dans l’affaire Vaillant ». Les anars du 44 recommandent la prudence et la discrétion. (Y. Guin, p.294)

Le même jour, premières perquisitions de l’année, en Anjou chez les anars. (Sources : Brachet J-P.)

  • 20 février 1894

Par 14 voix contre 9 et une abstention, Bernard est exclu du poste de secrétaire de la Bourse du travail. Deux facteurs se rencontrent pour l’exclure. Le premier est qu’il est anarchiste, révolutionnaire et que la majorité est plutôt modéré. Mais le fait principal est qu’il lui « est reproché retards, négligences dans la besogne administrative, des absences injustifiées, parfois un état d’ébriété avancé », ce qu’il admet d’ailleurs. Le nouveau secrétaire de la Bourse du Travail d’Angers est Lhumeau de tendance plus modéré.

  • 11 mars

Perquisitions en Anjou chez les anarchistes. (sources : mémoire de Brachet J-P). Entre autres : Bernard, Georget Olivier, Monternault Louis, Chrétien Eugène

  • 14 mars

Angers. 6e interrogatoire de Mercier par le juge d’instruction d’Angers sur ses liens avec Hamelin, etc.

  • 17 mars

Angers. 7e interrogatoire de Mercier par le juge d’instruction d’Angers sur ses idées et sa propagande.

  • fin mars 1894

A propos du procès en Assises, des fréquentations des uns et des autres « Bien que la situation soit très calme en apparence, il semble que les esprits soient quelques peu excités. Ainsi on a fêté, samedi soir par d’amples libations, dans un débit de vins tenus par un sieur Blot, la mise en liberté des compagnons [Veau?] Morin et Houassin Ernest, arrêtés récemment pour cris séditieux » le 14 mars (ils ont chanté la Carmagnole). Par ailleurs, il semble que certains anarchistes aient tenus des réunions secrètes, à proximité de la carrière de la Grand’Maison avec Ménard, Georget, Becmoeur, Morin, Lemaitre, Pironi, Laurent, Monternault, Leroy, Bahonneau, etc. et ce à aux moins deux reprises. (AD49 4M6/15)

  • rapport du 1 avril 1894

Perquisition au domicile de Philippe suite à une délation. Le but : « recherche d’engins meurtriers ou incendiaires agissant par explosion » au 14 rue Millet. S’y trouvaient 3 hommes et deux femmes : sa concubine ; le père de cette dernière Cléro J-P ; Henri Arnault, tisserand à Cholet ; Coutant Hortense (épouse d’Arnault). (AD49 4M6/15)

  • rapport du 6 avril 1894

D’autres perquisitions ont lieu à Angers et Trélazé ; chez Maillard sa femme est surprise a caché de la correspondance et des n° du Père Peinard « dans son corsage ». Moru se plaint de s’être fait prendre des registres de son travail et du coup d’avoir perdu son travail ; des réunions ont lieu par ailleurs dans la cambuse collective gérée par Ménard et Georget entre autres. Toutes ont lieu en rapport avec l’explosion du restaurant Foyot.
(AD49 4M6/15)

  • 23-28 avril
img-45 Trélazé Loiuse menard 1894 congrès

phot issue de In Situ, revue des patrimoines, 26-2015. Membres du comité central de la Fédération nationale des ouvriers et ouvrières des manufactures d’allumettes de France, lors du deuxième congrès national tenu aux Quatre-Chemins en avril 1894. Au centre, Louise Ménard, présidente d’honneur et déléguée de Trélazé. Archives Fédération CGT des tabacs et allumettes. © CGT Tabacs et Allumettes.

  • 21 Mai à juin 1894

Procès des anarchistes Philippe, Meunier, Chevry, Fouquet, Mercier et Guenier devant la Cour d’Assises : procès pour association de malfaiteurs. Les 5 hommes sont (ré)arrêtés en avril 1894 et poursuivis en vertus des lois scélérates de novembre 1893 : propos ou correspondances anarchistes, placards affichés (AD49 4M6/15.) L’appel en Cassation sera balayé tant sur les arguties juridiques que sur des éléments de fonds tel la question : peut-on être jugé sur un prétendu délit, commis antérieurement à la promulgation d’une loi (Journal des Parquet, 06/07/1894).

Voir article et sources

  • JUIN

// Parution du Bulletin mensuel de la Fédération nationale du Textile, publié à Roubaix. D’inspiration guesdiste, les anciens camarades du choletais écrivent régulièrement dedans.

L'Émancipation_ouvrière___bulletin_mensuel_[...]Fédération_nationale textile an01 n01

arch. BNF/Gallica

  • 25 au 29 juin

Lyon. Congrès de la fédération nationale des Bourses du Travail. Les Bourses de Cholet, Saumur et d’Angers sont respectivement représentées par Dubois de Paris ; Bousquet de Toulouse et Yvan -sans précision, sans doute Lyon-. Toutefois Angers et Saumur devaient se faire représentées (comme Rennes) par le délégué de Nantes : Colombes. Les autres délégués refusent cette combinaison donnant à une personne plus de voix et de mandats que les autres. (L’Ouvrier Syndiqué des Bouches du Rhône, n°131 du 15/09/1894).

  • JUILLET

// Envoi de cotisations pour les syndicats de tisserands du May-sur-Èvre, de Cholet et de la Bourse de Cholet ; de renseignement divers pour Cholet et la Séguinière ; envoi de 40 francs via Cholet, pour moitié du Comité Régional de l’Ouest et pour moitié du syndicat de Cholet pour la délégation de Manchester (L’Émancipation ouvrière °2 de fin juillet).

  • 06 juillet

Perquisitions chez des anarchistes (Brachet).

Rejet du pourvoi pour Chevry et Meunier.

  • 08 juillet

Perquisitions en Anjou chez des anarchistes (Brachet)

  • 10 juillet

Perquisitions (Brachet)

  • 18 juillet

Perquisitions (Brachet)

  • 27 juillet

Perquisitions (Brachet)

  • AOÛT

// Versements des cotisations des syndicats de tisserands de Cholet, du May-sur-Èvre, de La Séguinière ; des renseignements de Cholet (L’Émancipation n°3 de la fin août 1894, compte-rendu du Conseil Fédéral du 23/08/1894).

  • 6 août 1894

Ménard part à Paris comme témoin à décharge pour le procès des Trente.
(F. Lebrun, L. Ménard…)
ménard à paris 1894

  • 9 août 1894

Paris. Suite à une perquisition à Aix, chez l’anarchiste Leyet, des registres de Sébastien Faure sont saisis. Les noms de Sevry Emile, Pyramide à Trélazé ; Guénier de Trélazé et Maynard hôtelière à Trélazé sont trouvés. Des perquisitions sont demandées. En réponse à cette note du 4e bureau, il est affirmé que chez Sevry rien d’utile ne fut trouvé ; que Guesnier bénéficie d’un acquittement pour association de malfaiteur ; pour la veuve Maynard, les flics affirment qu’elle a bonne réputation, ne semble pas être anar ni son fils ; mais que son débit de boisson est fréquenté par des compagnons et qu’«elle peut leur remettre des correspondances sous son couvert». (AD49 4M6/15)

  • SEPTEMBRE

// Versement de cotisation pour le syndicat de Cholet ; renseignement à une demande précise du syndicat de Bégrolles (L’Émancipation n°4 de septembre et octobre 1894 – pour être publié en début de mois – compte-rendu des Conseils Fédéraux des 06 et 20/09/1894).

// En septembre, le Congrès corporatif de la Fédération des syndicats à Nantes qui débat de se rallier à la grève générale et ainsi/aussi rejeter la tutelle des partis politiques provoque une scission. En gros, restent à la Fédé. des Syndicats les guesdistes. Ceux partisans de la grève générale s’en vont et vont créer la C.G.T.

  • OCTOBRE

// Versement de cotisations et demande de journaux pour le syndicat des tisserands de La Séguinière (L’Émancipation n°5 de novembre 1894).

  • 16 octobre 1894

La fête de Malaquais est calme, sans aucun incident ! Une grande première selon les flics. Selon les argousins, les habitantEs obéissent aux consignes de discrétions données par les anarchistes pour ne pas « donner de prises à la police« . « Du reste, dès qu’un individu commence à parler politique, il se trouve toujours un camarade ou, à défaut, le débitant, pour le faire taire ou détourner la conversation au moment opportun. ». Il n’y même pas une chanson révolutionnaire ou « un refrain séditieux sans lesquels il n’y avait pas de bonne fête autrefois« . Lors de la fête, il note que Philippe et sa maîtresse se promène en compagnie du ménage Lemaître, que Mercier est accompagné de sa famille et du couple Lelièvre mais qu’on aperçoit déambulant également d’autres anarchistes seul ou en couple : Ménard et sa femme, Bahonneau, Bertin, Arlet, Gasnier (Henry ou Adolphe ?), etc.

Au cours d’une réunion à « La Solitude », les conseils donnés –auraient- été pris par Ménard, Lemaître, Georget, Bahonneau, Attibert François, Sevry, etc. « il faut se taire et se taire partout, ne plus parler d’anarchie, car il y a des oreilles qui ne laissent rien perdre ».
(AD49 4M6/15, rapport du 15/10/1894)

  • NOVEMBRE

// Lors du Conseil Fédarl du 15/11/1894 de la fédération du Textile, dans le compte-rendu publié dans le numéro 06 de décembre ; il y ait fait part d’une réponse donnée au syndicat de Bégrolles et surtout l’annonce du Congrès national en mai 1895, avec une demande liée, pour Cholet pour savoir s’ils peuvent accueillir le Congrès.

  • 10 au 16 novembre 1894

Grève à Trélazé à la carrière de la Grand’Maison. Piron, ouvrier carrier d’à-bas, est mis à pied un jour, pour refus d’obéissance. Tous les ouvriers fonceurs et ceux d’à-haut cessent le travail. Les ouvriers se déclarent content de leur paie et n’agissent que par solidarité. Notons qu’il existe à ce moment deux groupes principaux d’anarchistes à Trélazé, l’un plus violent et insurrectionaliste avec Mercier, savetier tenant l’échoppe à Trélazé, L’Arche de Noé anarchiste (84 membres) et l’autre se réunissant à la Solitude de Malaquais (Société éducative et d’enseignement, plus syndicaliste) avec Ménard, Bahonneau, Georget comprenant 52 membres. Il existe également d’autres petits groupements annexes, de jeunes principalement. Tous se rencontrent régulièrement par ailleurs. Il existe une vraie porosité entre les groupes et il ne faut pas y voir l’imagerie traditionnelle déformante d’une pseudo-coupure entre « individualistes » et « communistes » ou « syndicalistes ».
(M.Poperen, Un siècle…)

  • DÉCEMBRE

// Au conseil fédéral de la Fédération du Textile tenu le 24/12/1894, annonce que le 3e Congrès de la fédération se tiendra en mai 1895 à Cholet. En parallèle un texte annonce quels sont les grandes lignes les objectifs, en particulier la finalité du mouvement syndicaliste, « la socialisation de tous les moyens de production » (L’Émancipation n°7 de janvier 1895 ; compte-rendu et texte général).

  • 20 décembre

Départ sur le Ville de St-Nazaire, pour le bagne de Chevry et Meunier.

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