Dessins avec un texte de légende

La misère protégeant le bourgeois. Arch. F.H.

Extrait du Père Peinard. Légende du dessin : « La Misère protégeant le bourgeois »

« La misère. – Qu’as-tu donc à trembler ? … Hum. hum ! … Ça ne sent pas la rose ; on croirait que t’as fait dans tes culottes.

Le bourgeois – Y a de quoi ! N’entends-tu pas mes ouvriers ? Ils deviennent terriblement grincheux.

La misère. – Bast, ne suis-je pas là pour un coup. Y a assez de temps que je te protège, pour que tu ais un peu confiance ; je suis vieille, mais je n’ai pas envie de crever … Tes ouvriers ont beau faire les malins, je suis là ! Ah, je m’y entends à leur manger le ventre ; et les gosses, ce que j’aime à mordre dans leur petite chair, leur sucer le sang ! …

Le bourgeois. – Oui, oui, ce que tu dis est vrai ! Pourtant j’ai un trac du diable ; ils parlent de grève générale.

La misère. – Peuh, des grèves générales a la flan ! Comme les Belges par exemple, qui veulent se foutre en grève générale le 1er novembre, pour décrocher le suffrage universel … Ou bien dans d’autres pays c’est la journée de huit heures qu’on demande par la grève : rassure-toi c’est pas sérieux.

Le bourgeois. – Pourtant s’ils quittaient le travail ?

La misère. – Tu ne comprends rien de rien ; y a deux et trois ans la grève générale était un danger : ceux qui l’ont foutu en avant voulaient, sous ce prétexte chambarder tout. Heureusement, j’étais là ! J’ai fait brouiller les cartes pour mes bons amis les politiciens socialos de sorte qu’aujourd’hui la grève générale n’est qu’une blague.

Le bourgeois. – Mais ceux qui ont mis la chose en train, que sont-ils devenus, ils vivent toujours ?

La misère. – Hélas oui ! Et le jour ou on les écoutera nous passerons un sale quart-d’heure. Ils ont une vilaine façon d’entendre la grève générale … Et ils se pourraient bien que les ouvriers, sortis pour réclamer huit heures, ou le suffrage universel, se foutent en colère et fassent comme disent ceux-là au lieu d’attendre que les cailles leur tombent rôties du ciel, ils iraient dans tous les châteaux et se gobergeraient ; c’est pas tout, ils t’étriperaient comme une merde ; tes usines, tes mines, ils les garderaient pour eux, et s’ils craignaient de ne pouvoir les conserver, ils les foutraient en l’air… Mais encore une fois, rassure-toi, les politiciens-socialos sont-là pour nous sauver la mise …

Le bourgeois. – Rassure-toi, c’est vite dit ! Mais foutre, le soleil qui se lève là-bas, ne me dis rien de bon ; il me chauffe rudement la bouillotte, j’ai peur de rôtir à ce sacré soleil ! »

Arch. BNF / Gallica. Le Père Peinard n°223 du 25/06/1893.

Arch. FH. Le Père Peinard n°223 du 25/06/1893.

 

Arch. F.H. Le Père Peinard n°221 11/06/1893

Arch. F.H. Le Père Peinard n°221 du 11/06/1893

 

Arch. FH Le Père Peinard n° 06/08/1893

Arch. FH Le Père Peinard n°229 du 06/08/1893

 

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