1894-03-17. 2 U 2-142 AD 49. 7e interrogatoire de Mercier par le juge d’instruction d’Angers.

Je me nomme Mercier Henri, déjà interrogé.

Q. Dès le mois d’avril 1892, vous avez été signalé comme un anarchiste dangereux. Vous avez à cette époque, dans la réunion publique du 23 avril , tenu des propos de la dernière violence. Notamment celui-ci : « Je suis prêt à me révolter et je pousse mes camarades à la révolte. »

R. C’est complètement faux, je n’ai pas dit cela…

Q. Dans la même réunion du 23 avril, vous avez, à plusieurs reprises, proposé la candidature de Ravachol ?

R. C’était une fumisterie.

Q. Et vous vous êtes retiré de cette réunion, en criant à plusieurs reprises : « Vive l’anarchie »

R. Je ne l’ai crié qu’une seule fois, en réponse à des individus qui criaient : « Vive la République » et qui ne sont pas républicains.

Q. Vous avez fait parti du Comité central de la Ligue anarchiste dont le siège était à Paris, 13 rue de Maistre. Votre adresse a été donnée : M. Mercier, 6 rue Dacier à Angers ?

R. Je n’ai jamais eu connaissance de ce comité là. Ainsi que je l’ai déjà dit, je n’ai jamais fait partie d’aucun groupe.

Le renseignement qui a été fourni à ce sujet, sur mon compte est inexact.

Q. Dans la réunion du 15 octobre dernier tenue à Angers, sur l’initiative du sieur Philippe, dans le but évident de constituer un groupe anarchiste, vous avez à plusieurs reprises, pris la parole dans des termes qui doivent être considérés comme une provocation directe au meurtre. Vous avez dit, notamment : « espérons que nous nous servirons des marmites pour autre chose »

Vous avez dit également : « Les ouvriers devraient mettre la main sur les machines, chacun choisir dans le tas, il faut une révolution avec un chambardement à la clef ».

R. Je n’ai jamais tenu ces deux propos. Ils ne seraient pas d’accord avec mes idées. On m’attribue des propos qui sont peut-être tenus par d’autres.

Q. Vous avez encore dit, dans un autre passage : « Le capital amassé dans les caisses du patron est de l’argent volé. Ouvriers intelligents, vous devriez faire comprendre cela à vos camarades. Le moyen est tout indiqué : « tuer les patrons » (Il répète cela trois fois) et prendre leur matériel.

« Pourquoi en grève, ne met-on pas le feu dans la fabrique ? »

R. Si ces propos étaient exacts, comment n’aurais-je pas été poursuivi ? J’affirme catégoriquement que je n’ai pas dit tout cela. Il faudrait être fou pour tenir des propos comme cela, devant un commissaire. Je suis assez intelligent pour savoir ce que je dois dire et rien que cela.

Q. Vous avez également dans cette réunion annoncé que « tous les dimanches, à la même heure, vous feriez une conférence anarchiste dans le même local et qu’on entrerait au moyen de cartes ?

R. S’il a été fait une convocation de ce genre, elle a été faite par le propriétaire du local et non par moi.

Je persiste à affirmer que je suis, il est vrai un théoricien de l’anarchie, mais nullement partisan de la propagande par le fait.

Lecture faite, l’inculpé signe avec nous et le greffier.