Les débuts de la manufacture carcérale de Fontevraud (1753-1845) par Jacques-Guy Petit

Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest

Les débuts de la manufacture carcérale de Fontevraud (1753-1845)

dans : Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest. Tome 97, numéro 3, 1990. Les industries textiles dans l’ouest XVIIIe-XXe siècles. pp. 329-342 ;

Par Jacques-Guy Petit

 

Résumé

Les maisons centrales perpétuent, au XIXe siècle, les institutions de l’Ancien Régime qui astreignent les pauvres à un travail quasi forcé, mais elles renferment alors des condamnés qui travaillent au profit d’un entrepreneur général. La manufacture textile de Fontevraud, ouverte en 1814, en constitue en exemple éclairant. Des entrepreneurs peu novateurs sous-louent les bras de 1500 condamnés, dans des ateliers qui transforment le chanvre et le coton. Le travail pénitentiaire, conçu par la Constituante comme un moyen de réinsertion sociale, est devenu un travail forcé et déqualifié, un châtiment redoutable.

Quand on étudie l’industrie textile en France dans la première moitié du XIXe siècle, on oublie parfois l’existence, dans une vingtaine de départements, des grandes manufactures carcérales que sont les maisons centrales de détention1. Inaugurées en 1801, importantes surtout entre 1815 et 1890, ces centrales renferment environ 20 000 condamnés, hommes et femmes, dont la grande majorité, jusqu’au Second Empire, travaillent dans des filatures et des tissages de chanvre, de lin, de laine, de coton ou de soie, sous la direction d’entrepreneurs privés2.

La maison centrale de Fontevraud, près de Saumur, en projet dès 1793, décidée en 1804, ouverte en 1814 et fermée seulement en 1962, fut, pendant tout le XIXe siècle, la manufacture carcérale la plus importante de France après celle de Clairvaux.

1. Le travail carcéral ou la peine utile

La généalogie de la prison pénale. La décision de créer la maison centrale de Fontevraud en 1804, par NAPOLÉON et CHAPTAL, veut mettre en application le code de 1791. L’institution de la prison pénale par la Constituante, à l’occasion de la rédaction des premiers codes correctionnels et pénaux n’est pas une création ex nihilo, mais l’aboutissement d’un processus à l’œuvre en Europe depuis la fin du Moyen- Age. L’arbre généalogique de la prison pénale a trois racines : les institutions d’enfermement des mendiants et marginaux ; les galères et bagnes qui détiennent les condamnés aux travaux forcés ; les prisons préventives d’avant la Révolution3.

Pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, dans le contexte de l’utilitarisme des Lumières, un mouvement général se dessine chez les élites de la bourgeoisie et de l’aristocratie libérale, pour réclamer la réforme de la justice et l’humanisation des peines. Le courant philosophique demande que les coupables soient punis sans barbarie, par une peine légale et proportionnée au délit, de telle sorte que le condamné se rende utile à la société et si possible à lui-même. L’ouvrage de BECCARIA Des délits et des peines (1764), qui montre que l’utilité commune doit être à la base de la justice pénale exerce une influence considérable. John HOWARD, le grand philanthrope anglais, explique que seul le travail peut rendre le pauvre condamné honnête. Son influence est relayée par MIRABEAU qui demande, en 1788, « l’amendement des coupables » dans des maisons de pénitence où ils seraient appliqués au travail4.

Les principaux promoteurs de la nouvelle prison pénale, Adrien DUPORT et Michel LE PELLETIER, la font adopter par la Constituante comme une peine utile d’isolement et de travail, qui facilite le repentir et la réinsertion sociale. Ils voulaient en faire la seule base de la nouvelle pénalité et supprimer la peine de mort et les travaux forcés. Dans son Code pénal de 1791, la Constituante ne les suivit pas sur ce point, la peine de mort et les fers ou travaux forcés dans les ports étant maintenus. Mais elle fit bien de l’emprisonnement, correctionnel ou criminel, le pivot de la répression.

Vers les manufactures carcérales. En 1790-1791, le courant philanthropique et hygiéniste voulait détruire les anciennes prisons préventives de l’Ancien Régime et construire, dans chaque département, une nouvelle prison pénale qui fonctionnerait comme une véritable « manufacture », à

l’exemple de celle de Gand5. Lorsque, après Thermidor, la Convention reprend le dossier de la pénalité de droit commun, elle s’oriente vers la création de manufactures régionales. A la fin du Directoire, sous l’impulsion de François de NEUFCHATEAU, le problème des prisons particulières pour les condamnés semble devoir se résoudre par une réorganisation des dépôts de mendicité et le développement de leurs ateliers sous la direction de l’entrepreneur F. DELACOMBE (contrat du 16 vendémiaire an VII)6. Mais, avec l’arrivée du savant manufacturier CHAPTAL au ministère de l’Intérieur, c’est le modèle des maisons de force (Gand) qui va triompher.

En 1801-1802, CHAPTAL, mettant en œuvre la nouvelle politique du Consulat organise, pour un siècle, le système pénitentiaire. Le budget des prisons est réduit et les détenus doivent améliorer leur sort par le travail. Dans les grandes maisons de détention (arrêté du 28 janvier 1801), il sera fait appel à des fabricants, selon le système de l’entreprise générale (de préférence à la régie directe), pour des travaux ayant « pour objet une matière grossière », et « le sort des individus travaillant sera amélioré proportionnellement à leur zèle et à leur conduite »7.

De Gand à Embrun et Fontevraud. La maison de force de Gand créée en 1775 par le vicomte J.J.P. VILAIN XIIII était considéré comme la prison modèle, pour sa classification des détenus et son organisation industrielle. Son fondateur avait cherché à l’insérer dans l’économie régionale, de telle sorte que les délinquants puissent retrouver, à leur libération, des travaux, principalement dans le textile, semblables à ceux qu’ils avaient pratiqués pendant leur détention8. Après quelques déboires, les ateliers de la maison venaient d’être repris par des manufacturiers novateurs, Liévin BAUWENS et ses frères. Ceux-ci, portés par l’essor économique de la région, veulent développer leurs production. Cherchant des ouvriers qui travailleront le coton, le lin et la laine, ils s’intéressent à cette grande prison. Le 3 mai 1801, un décret impérial décide que les condamnés à la réclusion, à la gène et à la détention de 14 départements (du Nord à l’Escaut et la Sarre), seront renfermés dans les deux maisons de détention établies à Gand et à Vilvorde, « et ils y seront employés au travail ». Le préfet de L’Escaut, FAIPOULT, ami de BAUWENS, ne tarira pas d’éloge sur l’organisation de Gand,. En 1802, dans les Annales de statistiques, il met en valeur le genre de vie des détenus « qui leur inspire le goût du travail ». Bien que « coupables envers la société (…), ils lui seront utiles »9.

Le modèle paraissant efficace et peu coûteux pour l’État, l’Empire cherche à l’étendre avec un triple objectif : rendre effective la réforme pénitentiaire décidée en 1791, renfermer le surplus de prisonniers provoqué par une accentuation de la répression, développer la production intérieure, car les guerres, puis le blocus, perturbent le commerce maritime. Cette politique se trouve facilitée par la disponibilité de grands biens nationaux (abbayes ou séminaires, mais aussi de dépôts de mendicité et des châteaux), par la relative pénurie de main-d’œuvre provoquée par la conscription et aussi par un véritable engouement local. Les premières maisons centrales du territoire français décidées en 1803-1804 à Embrun, Eysse et Fontevraud en offrent l’illustration.

Avant de revenir à Fontevraud, relevons le cas d’Embrun où, en 1802, le projet ministériel de fonder une centrale dans l’ancien grand séminaire soulève l’enthousiasme des notables locaux. Ils lancent une souscription pour équiper les ateliers et attendent de la future manufacture carcérale, qui ouvrira en 1805, le développement de leur région. Le travail des condamnés, pense-t-on, favorisera les cultures textiles et l’artisanat rural, arrêtant ainsi, dans la région des Basses-Alpes, l’hémorragie saisonnière des migrations temporaires10. Les manufactures carcérales de la proto-industrialisation constituent, comme le remarque S. CHASSAGNE pour l’ensemble des manufactures rurales, un système qui veut limiter l’exode rural, le désordre des mouvements de populations et garder aux capitales provinciales leur rôle de gardienne « des modèles culturels et idéologiques » traditionnels11.

2. L’organisation du travail dans la centrale de Fontevraud

Les détenus. La maison centrale de Fontevraud, installée dans les locaux réaménagés de l’ancienne abbaye de femmes reçoit des prisonniers à partir de juin-juillet 1814 et ouvre officiellement le 3 août. Les condamnés, hommes, femmes, enfants, arrivent alors de neuf départements de l’Ouest. Ils ne sont que 469 en octobre 1814, car les travaux d’aménagement sont loin d’être terminés. Ils proviennent alors de près de vingt départements. Les centrales de Rennes et de Beaulieu (Caen) couvrant surtout la Bretagne et la Normandie, celle de Limoges le centre, Fontevraud reçoit principalement les condamnés des huit départements qui entourent le Maine-et-Loire12. A partir de la fin de la Restauration, le nombre moyen des condamnés variera- entre 1 400 et 1 700 (dont, alors, de nombreux Bretons).

Au 31 décembre 1838, les effectifs s’élèvent à 1 709 : 1 101 correctionnels (857 hommes et 244 femmes) ; 407 réclusionnaires (357 hommes et 50 femmes) ; 115 enfants (102 garçons et 13 filles) ; 82 femmes condamnées aux travaux forcés et 4 divers13. Comme dans les autres centrales, la majorité des prisonniers (autour de 75 %) ne sont pas des criminels; mais des délinquants condamnés principalement pour des vols d’aliments, d’habits, de bois ou de petites sommes d’argent. Ce sont surtout des ruraux et des célibataires dont l’âge moyen, entre 1814 et 1862 est 34 ans14 ; presque exclusivement des travailleurs pauvres ou des marginaux. En 1854, on dénombre, pour 1673 hommes (les femmes sont parties à la centrale de Rennes) : 367 ouvriers de l’agriculture, 290 mendiants et vagabonds, 241 domestiques, 190 ouvriers du textile (tisserands surtout), 208 ouvriers du bâtiment, 180 marchands ambulants (colporteurs, brocanteurs…) etc., et 83 propriétaires et rentiers15. Dans l’Ouest rural, une bonne partie des condamnés connaît le travail du textile, à temps plein comme les tisserands du choletais, ou à temps partiel.

Entreprise générale et entrepreneurs. Si le gouvernement paie un personnel administratif qui dirige et garde la centrale, il a aussi passé un contrat, après adjudication publique, avec un entrepreneur général. Le cahier des charges de F. Ch. DROUIN, « pour l’Entreprise des travaux et

des fournitures de la maison centrale de Fontevrault » a été approuvé en janvier 1815, pour une durée de 9 ans. Par ses agents et sous-traitants, moyennant un prix de journée de 40 centimes, DROUIN nourrit, habille, éclaire, chauffe les prisonniers et le personnel. Il fournit le couchage, entretient les bâtiments et fait même enterrer les morts. Il a aussi le « monopole du travail » (art. 35) et il a le droit (et même le devoir, car le gouvernement craint l’inactivité des détenus) d’exploiter le travail de tous les prisonniers « pour son compte et à son profit ». Il reçoit enfin, sans payer de loyer ni d’impôt, tous les greniers, magasins et fours nécessaires à son service, de même que des logements convenables pour ses employés (art. 51)16.

Reprenant le système expérimenté dans les dépôts de mendicité, l’État qui se méfie d’un personnel administratif peu motivé et peu compétent (les gardiens sont d’anciens militaires qui ne trouvent pas d’autre travail), fait toute confiance à l’initiative de l’entrepreneur privé (le « fermier général ») pour organiser, au mieux de ses intérêts et de ceux de la société, les nouvelles prisons. C’est ce que prône J. BENTHAM, le grand militariste anglais, dans son Panoptique : « je conférerais à mon entrepreneur [de prison] tous les pouvoirs que son intérêt pourrait lui commander de souhaiter afin qu’il tire le meilleur parti de son affaire »17.

François-Charles DROUIN qui assure les fournitures de la centrale depuis 1814 était bien placé pour obtenir un marché aussi avantageux. En 1812, à 36 ans, encore célibataire, cet ancien commissaire des guerres se fait nommer facilement maire de la commune de Fontevrault. Il a de l’assurance, de l’ambition. et plaît aux autorités. Il réunit, dit le sous-préfet, « l’instruction et la douceur des mœurs ». Sa fortune, qui ne s’élève alors qu’à 4 000 F, le place, au regard de celle de ces collègues maires du 3e arrondissement du Maine-et-Loire (Saumur), parmi les patrimoines les plus modestes18. Le 30 mai 1814, la Première Restauration installant de nouveaux maires, il laisse sa place à Joseph HUBERT. DROUIN, cependant, fait partie, en 1816, des 26 électeurs du canton de Saumur Sud, en compagnie de tous les autres notables du canton (maires, propriétaires, négociants et juges)19. Il gardera ses entrées au ministère de l’Intérieur, ne manquant pas de rappeler le dévouement constant de sa famille aux Bourbons, et l’exécution de son père, pendant la Terreur, « pour leur cause ». Sa famille, reconnaît-il, a trouvé sa félicité et sa « prospérité » en plaçant « sa fortune et toutes ses espérances dans l’industrie de la Maison de Fontevrault »20.

Cette fortune s’est donc accrue rapidement, comme celle d’autres entrepreneurs généraux de la Restauration qui se retirent après 10 ans de service avec, en plus du profit annuel, une plus-value sur le matériel et la marchandise (200 000 Francs à Clairvaux)21. En 1818-1821 DROUIN vend de nombreuses terres, pour un total d’environ 25 000 Francs22. Il a besoin de liquidités pour acheter des métiers et de la matière première, au moment où il développe véritablement la manufacture de toile à voiles de la centrale. En 1826-1827, le directeur MARQUET-VASSELOT, considère que cette fortune offre suffisamment de garanties, pour que l’on puisse de nouveau confier l’entreprise à DROUIN23. En 1829, il sera toutefois, remplacé par des entrepreneurs d’envergure nationale.

Discipline des ateliers, violences, punitions. Le règlement des ateliers, du 16 septembre 1816, fait preuve d’une sévérité très marquée, beaucoup plus que dans les manufactures royales ou les fabriques libres24.

Ce règlement de 300 articles rappelle que « le but principal des centrales est de ramener les détenus à l’amour du travail » (art. 74). Aucun détenu, sauf maladie prouvée, ne peut donc être dispensé de travailler. Tous « sont mis à la disposition de l’entrepreneur général » (art. 12). Ils doivent à l’entrepreneur ou à ses agents, comme aux gardiens, une obéissance toute militaire, « sans réplique ni murmure », sous peine de 24 heures de cachot, « pour la moindre désobéissance » et de 15 jours en cas de désobéissance aggravée. Tout refus de travailler est puni jusqu’à un mois de cachot. Les bris d’outils commis par moins de trois individus sont sanctionnés par un mois de cachot dont 15 jours avec fers, plus une retenue pécuniaire. Tout refus de travailler, ou bris d’outil de trois détenus, réputé « complot », est puni; qu’il y ait commencement d’exécution ou non, par un à deux mois de

cachot dont 15 jours avec fers (art. 152-157)25.

Pendant la Restauration, la majorité des punitions graves infligées aux détenus sont liées au travail : refus de travailler, injures ou voies de fait à rencontre des contremaîtres détenus ou des agents de l’entrepreneur, bris de métiers. En 1826, l’inspecteur général DELA VILLE est envoyé par le ministère de l’Intérieur pour enquêter après un fait grave : il a fallu amputer la jambe de BARRAUD, qui, pour altération de sa pièce de toile, était resté un mois au cachot avec les fers. Pour DELA VILLE, « le règlement est trop sévère et trop prodigue de châtiments, surtout en ce qui concerne la discipline des ateliers26. Il relève de nombreuses peines de cachot avec fers, une punition dangereuse pour la santé au bout de quelques jours (nourriture insuffisante, fers trop serrés et suppuration). De plus, les infractions ne sont pas toujours prouvées.

Les bris de métier, substituts de la grève dans ce monde clos, restent longtemps des faits isolés. Mais ils se multiplient entre 1829 et 1832, à Fontevrault comme dans les autres maisons centrales, à l’occasion de l’installation de nouveaux métiers et de nouvelles mécaniques, car les entrepreneurs en profitent pour diminuer le salaire des détenus. Il y a alors un véritable luddisme carcéral qui cherche moins à détruire les métiers qu’à se venger des entrepreneurs. Après l’installation du nouvel atelier de rouennerie, les condamnés Joseph MORON et Jacques GENTY s’introduisent dans l’atelier des tisserands, en novembre 1831, au moment de la promenade et coupent, sur toute leur largeur, les chaînes de 21 métiers. BOUVIER, le directeur de la centrale se plaint du fait que les coupables sont

« encouragés » par le tribunal correctionnel de Saumur qui ne les condamne, pour ces faits fréquents, qu’à trois mois de prison27. Les magistrats n’allongent pas davantage la détention des briseurs de chaînes (les métiers, sont rarement détruits) parce qu’ils considèrent que la peine infligée en cachot est déjà sévère et surtout parce qu’ils sont convaincus que l’entreprise générale est en partie responsable du mécontentement des condamnés. C’est ce que confirme l’affaire MONCOURIER. En 1828, ce détenu réussit à faire parvenir au préfet et au ministre, au nom de ses

camarades, une pétition qui dénonce la condition des 1 500 « esclaves » livrés à l’entrepreneur par un directeur qui lui est « vendu »28. Cette dénonciation des exactions de l’entreprise et du non-respect du cahier des charges provoqua la mutation du directeur MARQUET-VASSELOT.

3. La manufacture carcérale, le village, l’Anjou

Une attente locale. Au début, plus encore qu’à Embrun, la centrale de Fontevraud correspondait à une attente locale. Juste après le départ des religieuses, fin 1792 – début 1793, la commune demande au directoire du département que l’on installe dans l’ancienne abbaye une manufacture de toile à voiles où travailleront des « malheureux ». Cet hôpital général-manufacture paraît nécessaire au bien de la commune et son installation serait facilitée par l’abondance de la matière première, le chanvre, par la proximité de la Loire et du port de Montsoreau. Les habitants de Fontevraud se réfèrent explicitement aux manufactures cotonnières rurales du pays de Caux pour espérer le développement, dans leur région, de l’agriculture et du commerce29.

Julien-Pierre BOULLET, originaire de Fontevraud, ancien avocat au Parlement de Rennes et secrétaire de l’abbesse, maintenant membre du directoire de Maine-et-Loire appuie le projet. Pendant le Directoire (il est alors juge au tribunal de Cassation), il le présente au gouvernement en demandant la création, non d’un hospice, mais d’une maison de détention. En 1803, les membres du conseil général de Maine-et-Loire poussent les démarches du préfet et de BOULLET auprès de CHAPTAL, invoquant la nécessité « d’utiliser jusqu’à des membres (…) nuisibles à la société », pour

« repeupler et vivifier une contrée où la misère a succédé à l’aisance »30.

Dans des Souvenirs très documentés, l’ancien prêtre jureur F.Y. BESNARD qui était un habitué du lieu relève bien que, en plus des religieuses (une centaine seulement en 1790, plus quelques moines), de nombreux familiers, 350 à 400, vivaient aux frais de l’abbaye. La commune et les environs fournissaient ainsi la consommation de 500 personnes. D’autre part, la charité abbatiale entretenait la mendicité du « bacicot », les baquets où les servantes de l’abbaye mélangeaient tous les restes des victuailles et distribuaient une ration de soupe quotidienne à tous ceux qui se présentaient. « A l’époque de la suppression de l’Abbaye, écrit BESNARD, tout ce monde avait donné des signes de douleur et de regret, pour ne pas dire de désespoir… ». II. montre cependant que la population de la paroisse, avant la Révolution était réduite à la misère. Par contre, quand il revient à Fontevraud, pendant l’Empire, il est frappé par l’activité de paysans, dont beaucoup sont devenus de petits propriétaires, entretenant avec beaucoup plus de soin les champs, les maisons et les troupeaux31. BESNARD, parent de BOULET, fut pressenti, autour de 1805, pour devenir le premier directeur de la centrale de Fontevraud. Cet homme prudent préféra le poste de percepteur dans cette commune et il devient le témoin des progrès de la fortune de DROUIN. La maison de l’entrepreneur général fut bientôt la plus riche du bourg. DROUIN était reçu par la noblesse, notamment par DU PETIT THOUARS. Quand les conflits d’intérêt soulevés par les profits de la manufacture carcérale jetèrent définitivement « le trouble » dans la petite société locale, BESNARD se retira dans un village voisin pour se

vouer à l’horticulture32.

Conflit entre la manufacture carcérale et celle de Beaufort (1819-1820). En exécution du marché d’entreprise générale, le ministère de l’Intérieur avait fait installer 107 métiers à tisser le chanvre. DROUIN est donc à la tête d’une « fabrique », en 1817-181833. Devant la montée des effectifs de condamnés, il faut agrandir les ateliers et, en janvier 1819, le contrat de l’entrepreneur est renégocié. Le gouvernement, pour un devis de 41 028 F, accepte de construire deux nouveaux ateliers pour que l’entrepreneur puisse disposer, en-tout, de 200 métiers. En échange, DROUIN, améliorera la nourriture, l’habillement et la literie et il fera travailler tous les nouveaux prisonniers sous peine d’indemnité de chômage34.

Cet accord suscite très rapidement une levée de boucliers dans le département. L’attaque est menée par les JOUBERT-BONNAIRE père et fils, propriétaires des manufactures de toile à voiles de Beaufort et d’Angers. Ils inondent la préfecture, le ministère et la chambre de pétitions, notes et rapports. Ils font agir les députés DELAUNAY et PAPIAU de la VERRIE, de même que les municipalités d’Angers, de Saumur, de Cholet, de Beaufort et de Chemillé. Ils craignent que DROUIN les concurrence trop avec 200 métiers. Ils condamnent son « monopole » à Fontevraud, où le gouvernement lui fournit entièrement les locaux, plus des bras bien gardés à moitié prix. Il serait en train d’enlever le marché des toiles pour l’Espagne sur la place même de Beaufort. Les manufacturiers s’efforcent aussi d’inquiéter le pouvoir : « la classe ouvrière murmure… »35. Le préfet de Wisme soutient les manufacturiers locaux et le ministre DECAZES hésite, car de semblables conflits apparaissent alors autour de la plupart des centrales qui développent leurs ateliers (Eysses, Gaillon, Clairvaux, etc.) DROUIN fait valoir son droit (le contrat). Il brandit aussi une menace efficace : si les entrepreneurs généraux se retirent, le gouvernement héritera de grandes prisons ingouvernables et dangereuses.

Le problème est réglé par GUIZOT, directeur de l’Administration communale et départementale. Dans ses rapports au ministre, il insiste sur l’importance du travail dans le système pénitentiaire et sur l’exagération des réclamations des manufacturiers. 200 métiers à Fontevraud ne peuvent réduire à la misère les 20 000 ouvriers libres du textile dans le département, et les 300 000 francs de recette annuelle auxquels pourra prétendre DROUIN ne déséquilibreront pas un marché français qui importe alors pour plus de douze millions de francs de toiles de l’étranger36. Les manufacturiers d’Anjou, par deux fois, en 1819 et 1820, exigeront l’arbitrage du Conseil Général des manufactures. Sur l’avis de DARU et CHAPTAL, celui-ci rejettera définitivement, le 6 avril 1820, la réclamation des fabricants37. CHAPTAL, l’initiateur des manufactures carcérales, pouvait-il juger autrement ? Cependant, DROUIN doit s’engager à ne pas installer plus de 200 métiers de toile à voiles.

Quel était le bien fondé de ces plaintes ? Les deux manufactures royales de toile à voiles de Beaufort et d’Angers, propriétés de JOUBERT-BONNAIRE et de GIRAUD depuis 1790, utilisent le chanvre de bonne qualité cultivé en abondance dans la vallée de la Loire. Celle de Beaufort, en 1790, fait travailler 90 métiers concentrés, plus 30 dispersés, donnant du travail à environ 1 500 personnes, dont 1 200 fileuses, sur un rayon de 20 km. En 1810, au sommet de sa prospérité, la manufacture de Beaufort occupe 170 tisserands, mais celle d’Angers est plus importante (250 tisserands). A elles deux, elles fabriquent alors 450 000 mètres de toile, dont 350 000 sont achetées par la marine impériale. Le capital engagé dans les deux manufactures s’élève à un million de francs. JOUBERT-BONNAIRE est devenu, avec la fortune, un homme politique important (membre des Cinq-Cents, puis maire d’Angers), « un bienfaiteur de l’humanité » selon le préfet MONTAULT en 180138. Avec la déroute de l’Empire, et avec la Restauration, les manufactures du libéral JOUBERT-BONNAIRE reçoivent de moins en moins de marchés gouvernementaux. En 1819, la situation de la manufacture de Beaufort n’est pas brillante : 64 métiers battants de toile à voiles concentrés (et 99 inoccupés), plus 30 dispersés (120 au chômage). 106 000 mètres de toile non vendus restent en magasin et l’on cherche à exporter vers l’Espagne39. On comprend que les 200 métiers de la manufacture carcérale et les 1 200 ouvriers concentrés à 30 km de Beaufort fassent peur.

Cependant, DROUIN ne concurrence pas Beaufort pour la toile à voiles destinée à la marine royale. Il fabrique de la toile de chanvre « à l’aune » pour les marchés extérieurs, des toiles de ménage et d’emballage et des étoffes pour la centrale. La manufacture de Beaufort souffre davantage de la concurrence des manufactures libres et surtout de celle d’Angers. JOUBERT-BONNAIRE fils se désengagera de plus en plus de celle de Beaufort qu’il vendra en 1837. En période de crise, notamment en 1831, la municipalité de Beaufort se plaindra encore de la concurrence de Fontevraud. Elle essaiera de récupérer à son profit, en 1843, le travail des jeunes détenus de la centrale. En expliquant ses difficultés, la municipalité de Beaufort montre cependant que la concurrence de Fontevraud n’est qu’un « mal » secondaire40.

En 1839-1841, c’est la manufacture de Cholet qui se plaindra de la concurrence des cotonnades et siamoises de Fontevraud. Toutefois, là encore, cette concurrence n’est que, secondaire par rapport aux difficultés économiques générales et à la concurrence anglaise41. En 1841, la manufacture de Beaufort est active et LECLERC-GUILLORY, secrétaire de la Chambre Consultative des Arts et manufactures d’Angers dresse un tableau euphorique de la situation des manufactures de toile à voiles d’Angers (625 métiers concentrés et dispersés). Elles profitent alors d’une excellente récolte de chanvre (8 millions de kg en Maine-et-Loire), elles trouvent des débouchés diversifiés et elles installent la première filature mécanique de chanvre de la ville42.

La manufacture carcérale, moins compétitive que les fabricants locaux ne le craignait, ne fait plus peur à Angers, comme le confirment les réponses à l’enquête parlementaire sur le travail, en 184843. Mais les ouvriers du textile exagéreront encore longtemps le danger du travail dans les prisons, perceptible surtout en période de crise grave. En 1907, le syndicat « rouge » du textile distribuera, dans les usines BESSONNEAU d’Angers, un tract qui exigera, parmi ses revendications, « la suppression du travail dans les prisons »44.

Fabrications, tarifs. Pendant la Restauration, la manufacture de Fontevrault file principalement le chanvre pour alimenter les 200 métiers de toile à voiles. Les condamnés sont employés au pilage et au sérancage, à la filature, au dévidage et au tissage du chanvre. Ils battent aussi le lin, le filent et le tissent. Pour l’habillement et la literie des détenus, des ateliers sont affectés au cardage, à la filature et au tissage de la laine de droguet. En 1820, DROUIN, ne pouvant développer davantage le travail du chanvre, installe une filature de coton, d’abord avec 14 mécaniques. En 1826, le produit des travaux de la manufacture s’élève à 127 318 francs, dont 41 653 reviennent à l’entreprise, 44 245 francs sont payés aux condamnés et 41 419 francs sont placés en réserve pour leur être distribués lors de leur libération45. Les salaires sont très faibles. DROUIN a obtenu que les tarifs annuels ne soient pas établis par la Chambre de Commerce d’Angers, mais par une commission contradictoire de quatre experts : deux désignés par le sous-préfet, deux autres choisis par l’entrepreneur général. Les experts se rangent à l’avis de DROUIN46.

Sur le tarif, l’entrepreneur a droit, pour les difficultés particulières au travail des prisons, à un abattement de 25 %. Sur ces 75 % du tarif libre, un tiers lui est encore abandonné par le gouvernement, dans l’espoir qu’il demandera moins pour le prix de journée. L’entrepreneur général, qui bénéficie ainsi de la moitié du prix de la main d’œuvre, perçoit de plus, en 1826, 231 020 francs pour l’entretien des condamnés. Autres avantages : les entrepreneurs ne paient pas de location pour leurs ateliers installés gratuitement par l’État et ils sont dispensés de la patente, des impôts mobiliers, des impôts sur les portes, et fenêtres. L’apprentissage est long (3 à 6 mois). Les condamnés qui connaissent le travail, peu qualifié, ainsi que les récidivistes doivent toujours commencer par cette période dont la rémunération est presque nulle.

Une centaine d’entre eux, payés à la journée, sont employés au service général. L’écrivain et le barbier perçoivent 1,50 F en 1820 et les ouvriers du bâtiment 1,25 F. Les femmes, laveuses ou couturières, ne reçoivent que 75 centimes. Les contre-maîtres détenus gagnent au moins 1,50 F47. Surtout, ils augmentent ce gain par la « bienvenue » qu’ils exigent de tout nouvel ouvrier, l’obligeant souvent à vendre ses vivres, abus qui persiste jusque sous la Monarchie de Juillet. Pendant la Restauration, les tisserands gagnent 40 à 50 centimes par jour, mais 300 à 400 détenus, dont une majorité d’hommes adultes, sont considérés comme des « petits fileurs », filant au rouet et même à la quenouille, pour un gain dérisoire : 10 centimes par jour48. En 1835, le salaire moyen journalier des détenus de Fontevrault ne s’élève qu’à 22,4 centimes49.

En 1828, le ministère exige que DROUIN remplace sa filature de coton, dont les mécaniques sont usées et dépassées et qu’il supprime la filature du chanvre au rouet et à la quenouille. Celle-ci ne sera supprimée que sous la Monarchie de Juillet, après la reprise de l’entreprise, en 1829 par GUILLOT, CAPON et CHAUSSON. Ils installent de nouveaux métiers de toile à voiles et une fabrique de rouennerie. En 1829, pour initier à cette technique les détenus de Fontevraud, ils font venir 9 condamnés de Gaillon, des tisserands normands50. En 1831, ils possèdent pour 185 000 francs de capital mobilier dans la centrale. Ces entrepreneurs se signaleront par de nombreuses fraudes sur la nourriture et le refus d’installer une machine à vapeur.

La machine à vapeur est installée en 1840 par les nouveaux entrepreneurs ROUX et MONTAUT. Elle sert principalement à la production d’eau chaude et au broyage des grains pour la boulangerie. Elle actionne aussi l’atelier de pilage du chanvre et un atelier de filature à la mécanique51. La manufacture s’est principalement enrichie d’une sérancerie et d’une corderie. Au 1er janvier 1842, la centrale compte 1 617 détenus dont 1 485 travaillent : 183 tisserands en toile, 137 rouenneurs, 136 fileuses, 127 chapeliers en lateniers, 80 brodeurs, 63 tanneurs, 58 tailleurs, 57 cordiers, 48 bonnetiers, 38 fileurs à la mécanique, etc.52

Devant la persistance des abus de l’entreprise générale, le ministère décide de prendre quelques centrales en régie, dont Fontevraud début 1845 (l’expérience durera jusqu’à 1859). La reprise par l’État des biens et marchandises laissés par les entrepreneurs coûte 280 789 francs. En 1846, par rapport au système précédent, et tout en continuant à faire appel à des fabricants particuliers pour les ateliers, le bénéfice de la régie s’élève à 52 324 francs53. Le bénéfice de l’entrepreneur général était encore plus important puisqu’il fraudait sur les fournitures. Par rapport au capital investi, dans les bonnes années, son profit s’établissait donc à environ 20 % par an.

Comme les hôpitaux généraux et les dépôts de mendicité de l’Ancien Régime, les centrales astreignent les pauvres au travail, principalement dans des ateliers textiles, en vue de les moraliser. Mais ces grandes manufactures carcérales renferment maintenant des condamnés par la justice. Sous la direction des entrepreneurs généraux, elles concentrent dès le premier Empire des milliers d’ouvriers, avec une discipline sévère, pour un travail très déqualifié, en essayant, par la sous-traitance des ateliers ; d’intégrer tout le processus de production, de la préparation de la matière brute à la fabrication des étoffes. Cependant, Fontevraud, comme les autres manufactures carcérales de la première moitié du XIXe siècle, emploiera longtemps des mécaniques archaïques et résistera à l’introduction de la machine à vapeur. Conçue comme un moyen de réinsertion pour délinquants et comme un levier pour le développement de l’économie régionale, la manufacture carcérale, loin de l’idéal philanthropique de ses promoteurs, sera un lieu de travail forcé perçu comme un concurrent déloyal par les entrepreneurs et les artisans du département.

Jacques-Guy Petit

Université d’Angers

NOTES :

1 Dans ses nombreux articles sur l’histoire de l’industrie textile en Anjou aux XVIIIe et XIXe siècle, V. DAUPHIN ne mentionne que rarement la maison de détention de Fontevraud. V. DAUPHIN, Recherches pour servir à l’histoire de l’Industrie textile en Anjou, Revue de l’Anjou, 1913 et 1914, (voir 1914, 2, pp. 121-122).

2 Sur la naissance, le développement et le rôle des prisons pénales en France, nous nous permettons de renvoyer, une fois pour toutes, à Jacques-Guy PETIT, Ces peines obscures— La prison pénale en France (1780-1875), Paris, Fayard, 1990.

3 R. ROTH, Pratiques pénitentiaires et théorie sociale, Genève, 1981, p. 15 sq ; J.P. GUITTON, La société et les pauvres en Europe (XVIe – XVIII.), P.U.F. 1974 ; B. GEREMEK, La potence ou la pitié – L’Europe et les pauvres, du Moyen-Age à nos jours, Gallimard, 1986 ; P. SPIEREN-BURG, « From Amsterdam to Aubrun », Journal of social History, 20, 3 (1987), pp. 439-461 ; A. ZYSBERG, Les galériens. Seuil, 1987.

4 J. HOWARD, État des prisons, des maisons de force et des hôpitaux, Paris, 1788, 2 vol. ; MIRABEAU, Observation d’un voyageur anglais sur la maison de force appelée Bicêtre, 1788.

5 H. BEGOUEN, « Un rapport inédit de Mirabeau sur le régime des prisons », Revue d’économie politique, 1887, pp. 491-512 ; F. DOUBLET, Mémoire sur la nécessité d’établir une réforme dans les prisons et sur les moyens de l’opérer, Paris, 1791.

6 A.N. F4 1248-1300.

7 MOREAU-CHRISTOPHE, Code des prisons, t1, pp. 22 et 426.

8 VILAIN XIIII, Mémoire sur les moyens de corriger les malfaiteurs (…), Bruxelles, 1775, pp. 203-206.

9 Annales de statistique, Paris, t 3, an X (1802) p. 98. Voir aussi F. LELEUX, À l’aube du capitalisme et de la révolution industrielle. Liévin Bauwens, industriel gantois, Paris, 1969, pp. 230 sq.

10 Rapport du préfet LADOUCETTE à CIIAPTAL. 11 messidor an X, A.N. F16 327.

11 Serge CHASSAGNE, « Industrialisation, et désindustrialisation dans les campagnes françaises », Revue du Nord, n° 248, janvier-mars 1981, p. 41.

12 A.N. F16 347A. Centrale de Fontevrault – Dépenses 1823-1824.

13 A.D. 49. Y. Centrale de Fontevraud – 1Y22.

14 M. DASSÉ, Les prisonniers de Fontevraud de 1812 à 1862, Angers, 1982.

15 Ministère de l’Intérieur. Statistique des prisons. Année 1854, Paris, 1856, p. 14.

16 A.N. F16 347A. Soumission de DROUIN, 20/01/1815.

17 J. BENTHAM, Le panoptique (éd. De 1791), publié par M. FOUCAULT et M. PERROT, 1977, p. 119.

18 AD.49. 2M116. Liste des maires du 3e arrondissement de Maine-et-Loire.

19 AD.49. 3M51.

20 A.N. F16 347 A. Lettre de DROUIN au ministère de l’Intérieur, 15 septembre 1826.

21 A.N. F16 365. Rapport d’inspection sur la centrale de Clairvaux, 1829.

22 AD.49 5E38 44-15 (étude de Jean HUDAULT, notaire de Fontevraud).

23 AN. F16 347A. MARQUET-VASSELOT : « Statistique morale de la maison centrale de Fontevrault sous les divers rapports de sa localité, de son industrie et de son administration ». 6 octobre 1826.

24 A. BIROLEAU, Les règlements d’ateliers (1798-1936), Paris, B.N., 1984.

25 A.D.49. 1Y23 et A.N. F16 107 : «Règlement général pour la maison centrale de Fontevrault », approuvé par le ministre de l’Intérieur, 16 septembre 1816.

26 A.D. F16 365. Centrale de Fontevraud, Rapport de DELA VILLE, 1826.

27 A.D. 49. 1Y22. Rapport de Bouvier au préfet de Maine-et-Loire, 7 février 1832.

28 A.N. F16 361B– Centrale de Fontevrault, 1828.

29 A.D. 49. 1Y1. Pétition du conseil général de la commune de Fontevraud et arrêté du 8 janvier 1793.

30 A.D. 49. 1N4. P.V. du Conseil général de M-L., rapport N° 8, floréal an XI.

31 François-Yves BESNARD, Souvenirs d’un nonagénaire, publiés par Célestin PORT, 1880, tI, pp. 264-271. t II, p. 238-246.

32 Ibid, t II, p. 253-255.

33 A.D. 49. Fontevraud 1Y21. Lettre de DROUIN, 12 février 1818.

34 A.N. F16 347A.

35 Ibid. Lettre du 10 août 1819 au ministre de l’Intérieur.

36 Ibid. Lettre de DROUIN à GUIZOT le 20 juillet 1819 et rapport de GUIZOT, 26 juillet 1819.

37 B. GILLE, Le Conseil Général des manufactures 1810-1829, Paris, 1961, p. 104.

38 DAUPHIN, op. cit. (1), 1913, pp. 390 et 402 ; 1914 (I), p. 378 (chiffres recueillis à l’occasion de l’enquête de Montalivet).

39 Rapport du maire de Beaufort, 11 janvier 1819. Cité par J. BODET, La manufacture royale de toiles à voiles de Beaufort, Beaufort, 1953, pp. 36-37.

40 A.D. 49. 67M2, fo 18 – Réclamation de la mairie de Beaufort. Voir aussi BODET, pp. 39-45.

41 AD. 49. 67 M2 fo 139, 148, 152 et 165. Voir notamment la lettre du maire de Cholet, 9 juillet 1838 et le «Tableau» des articles de la fabrique de Cholet par la Chambre consultative des arts et manufactures de Cholet. Ces références sur Cholet nous ont été aimablement indiquées par JJ. CHEVALIER.

42 AD. 49. 67 M2, fo 179 et 169.

43 A.N. C 958. Enquête sur le travail agricole et industriel, 1848, Maine-et-Loire.

44 Cité par M. POPEREN, Filassiers, cordiers et toiliers d’Anjou, 1981.

45 AD.49. Fontevraud 1Y22. Rapport sur l’exercice 1820.

46 Ibid, 1Y21. Rapport du sous -préfet, 30 décembre 1819.

47 AD. 49. 1Y21. Salaire à payer aux détenus (…) pendant l’année 1820.

48 A.N. F16 347A. « Statistique morale de la maison centrale de détention de Fontevrault… », par MARQUET-VASSELOT, 6 octobre 1826.

49 Maisons centrales de force et de correction. Analyse des réponses des directeurs (…), 1838, p.92.

50 A.D. 49. 1Y22. Fontevraud. Dossier 1828-1829.

51 A.D. 49. 1Y23. Rapport au préfet, 27 janvier 1841.

52 Annuaire statistique de Maine-et-Loire pour l’année 1842, Angers, p. 225.

53 Rapport du colonel ALLARD à la Chambre des députés, séance du 30 mars 1847. Moniteur universel, n° 115, 15 avril 1847, 3e supplément, p. 930 ; n° 150, 30 mai 1847, supplément D, p. XIV.