Extrait d’un rapport des Archives nationales, F7 / 12 506.
Courrier daté du 16/12/1893 de Quimper. Préfecture du Finistère, Cabinet du Préfet, Direction de la Sûreté Générale, Surveillance des anarchistes. Arrivé à Paris le 18/12/1893. 3 pages manuscrites. Les passages soulignés sont soulignés en bleu dans le rapport. Les passages entre [ ] sont de mon fait : (LB.)
« Quimper le 16/12/1893.
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous adresser ci-après les renseignements que vous m’avez demandés, par télégramme-circulaire du 14 de ce mois, sur l’organisation des anarchistes de mon département.
Les individus qui, dans le Finistère, se sont fait connaître comme anarchistes, résident tous dans la ville de Brest et à Lambézellec, commune importante qui forme un faubourg de Brest.
La plus grande partie d’entre eux est employée comme ouvriers à l’arsenal maritime de Brest.
Ils ne sont pas constitués en groupes. Ils ne se réunissent que pour assister aux réunions publiques dans lesquelles des « compagnons », tels que Martinet, au mois de mars dernier, Meunier, ces derniers mois, font des conférences de propagande.
Ils entretiennent, cependant, des relations entre eux.
Monsieur le Ministre de l’Intérieur.
Je vous ai signalé, dans les notices que je vous ai adressé le 2 décembre, les anarchistes qui ont des habitudes de déplacement hors du département, et qui doivent, être en rapports avec les anarchistes des autres départements.
Je vous signale particulièrement, dans cette catégorie, l’anarchiste Meunier qui était précédemment à Angers et n’habite Lambézellec que depuis 6 semaines. Il reçoit très fréquemment des lettres de Paris.
Comme anarchiste ayant des relations avec l’étranger, ou tout au moins avec des anarchistes français résidant à l’étranger je ne puis vous citer que le sieur Guénemmeur [?] auquel sont adressés fréquemment de Londres des ballots de placards que, depuis un an, je fais saisir au bureau de poste de Brest.
Je ne sais si l’on peut considérer comme constituant un groupe les quatre anarchistes Meunier, Hamelin, Préséguy [= Petrequin Jean-Marie ?] et Bizien André, qui habitent ensemble à Lambézellec, au lieu dit « Keranfurus-Izella », une maison appartenant à l’anarchiste Sévré (Sévré a quitté, il y a un an, Lambézellec pour aller résider en Belgique. Je vous ai néanmoins envoyé à son sujet, le 2 décembre, une notice en même temps que celles concernant les autres anarchistes de mon département.) Cette maison est entourée complètement d’un mur haut de deux mètres, et est éloignée de 150 à 200 mètres de toute habitation. Les femmes qui vivent avec ces quatre individus, ne peuvent communiquer avec qui que ce soit. Les anarchistes amis peuvent seuls, et avec un signe conventionnel (?), pénétrer dans cette maison. Les allures mystérieuses m’ont paru de nature à rendre nécessaire une surveillance constante et très étroite de cette maison. J’ai fait donner des ordres en conséquence au Commissaire de police de Lambézellec.
Je n’ai rien de suspect à vous signaler en ce moment sur les agissements des anarchistes de Brest et Lambézellec.
Meunier s’est abstenu, ces derniers temps de faire de nouvelles conférences.
Conformément à votre télégramme chiffré de ce jour, je donne copie à M. le Procureur Général de Rennes du présent rapport, ainsi que des notices et des listes d’anarchistes que je vous ai adressés le 2 décembre.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respectueux dévouement,
Le Préfet
(signature) »
Mouvement révolutionnaire angevin 