1894-03-19. 2 U 2-142 AD 49. Déposition de Octave Hamard, fabricant de chaussures à Angers, qui a occupé Henri Mercier pendant 8 ans.

Déposition de Hamard, fabricant de chaussures à Angers, qui a occupé Mercier pendant 8 ans

Le 19 mars 1894.

Je me nomme Hamard Octave, âgé de 47 ans, fabriquant de chaussures, demeurant à Angers, 46 rue des Lyonnais.

Je ne suis ni parent, ni allié, ni au service des inculpés.

Q. Veuillez nous faire connaître dans quelles conditions, vous avez employé le sieur Mercier du 20 septembre 1888 au 23 juillet 1893 ?

R. J’ai en effet eu Mercier chez moi pendant 8 ans. Il a d’abord été ouvrier monteur, puis il a été chargé de distribuer l’ouvrage aux autres ouvriers. Il devait gagner de 5 fr. 5 fr. 50 par jour.

Mercier était certainement un ouvrier très intelligent. Il se tenait bien à son travail, il faisait tout son devoir et ne disait jamais rien à personne.

Il ne s’enivrait pas. Je connaissais bien ses idées anarchistes, s’il n’avait pas été aussi assidu au travail qu’il l’était, je ne l’aurais certainement pas gardé.

Je dois ajouter que dans l’intérieur de la fabrique, je suis certain qu’il n’a jamais fait de propagande.

Je crois même qu’au moment de la grève des ouvriers cordonniers, il n’a pas été l’un des instigateurs de la grève. J’en suis même sûr, ce n’est pas dans ses idées.

J’ai encore comme contremaître chez moi, son frère qui, comme lui, se conduit très bien.

Je ne crois pas que ce dernier ait des idées aussi arrêtées que son frère. Les deux fils de ce Mercier qui sont donc les neveux de l’anarchiste, ont travaillé chez moi, mais ils n’y travaillent plus. Ils marchent sur les traces de leur oncle et il y en avait même un qui écrivait, je crois, dans le Père Peinard.

Lecture faite, le témoin signe avec nous et le greffier.