A Biribi !

Là-aussi une chanson très répandue dans les rangs du mouvement ouvrier. A Biribi (chanson d’Aristide Bruant – 1891-) que vous pouvez écoutez.

Biribi, n’est pas un lieu précis. Tous les jeunes turbulents, et plus largement touTEs les françaisES savent que ce lieu quasi-mythique, est le surnom donné à l’ensemble des structures disciplinaires de l’armée en Afrique du Nord : Gafsa, Douera, Bougie, Dar-Bel-Hamrit, Tatahouine, etc. Pouvaient y être envoyés, les apaches (surnoms des délinquants de l’époque), les souteneurs (les macs), les enfants des maisons de corrections, les indisciplinés pendant leur service militaire et, depuis 1912 les antimilitaristes. Les chaouchs, les sous-offs, y faisaient régner une discipline terrible -on ne devait pas forcément revenir des Bat’d’Af) avec la complicité de nombreux disciplinaires… L’historien Kalifa, en fait un livre publié chez Perrin.

Paroles de la chanson :

Y »en a qui font la mauvaise tête au régiment
Les tires-au- cul ils font la bête inutilement
Quand ils veulent plus faire l’exercice et tout l’fourbi
On les envoie faire leur service à Biribi à Biribi

A Biribi c’est en Afrique où qu’l’plus fort
L’est obligé d’poser sa chique
Et de faire le mort
Où que l’plus malin désespére de faire chibi
Car on peut jamais s’faire la paire à Biribi à Biribi

A Biribi c’est là qu’on marche faut pas flancher
Quand l’chaouche crie « en avant marche » il faut marcher
Et quand on veut faires ses épates c’est peau d’zébi
On vous met les fers aux quat’ pattes à Biribi à Biribi

A Biribi c’est là qu’on créve de soif et d’faim
C’est là qu’il faut marner sans trêve jusqu’à la fin
Le soir on pense à la famille sous le gourbi
On pleure encore quand on roupille à Biribi à Biribi

A Biribi c’est là qu’on râle qu’on râle en rude
La nuit on entend hurler l’mâle qu’aurait pas cru
Qu’un jour y s’rait frocé d’connaitre Mamzelle Bibi
Car tôt ou tard il faut en être à Biribi à Biribi

On est sauvage lâche et féroce quand on r’vient
Si par hasard on fait un gosse on se souvient
On aimerait mieux quand on s’rappelle c’qu’on subit
Voir son enfant à la Nouvelle qu’à Biribi qu’à Biribi

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