1894-03-23 // 29/03/1894 // 2 U 2 -143 AD 49. Perquisitions en séries contre Hamelin et Manceau Aimée; rapports de perquisitions du n°11 à 13.

La malle d’Hamelin était saisie à la gare d’Angers par le commissaire spécial.

Commissariat de police d’Angers

Procès-verbal n°11

Affaire Hamelin Émile anarchiste

Perquisition

L’an 1894 et le 29 mars,

Nous Jean Lesbre, commissaire spécial de police d’Angers, officier de police judiciaire, auxiliaire de monsieur le procureur de la république.

Agissant en vertu de la commission rogatoire ci-jointe de M. le juge d’instruction d’Angers, nous commettant à l’effet de faire une perquisition au domicile du sieur Hamelin Émile, demeurant chez sa mère, pour y rechercher toute correspondance, écrits, publications et autres documents anarchistes.

Nous nous sommes transporté au village de Plaine, commune d’Angers, où étant, nous avons procédé au domicile de Hamelin Émile, ainsi que chez la mère de celui-ci, à de minutieuses recherches.

Dans un tiroir de commode de la chambre occupée par Hamelin Émile, nous avons saisi :

Une lettre de Pouget, gérant du Père Peinard, commençant par ces mots : « Cher copain » et se terminant par « à toi et à la Révolution sociale et anarchique » sans date.

2° Une lettre de convocation des Égaux angevins et un paquet de circulaires de la même société.

3° Une affiche du Père Peinard

4° Un numéro du Père Peinard en date du 10-17 avril 1892, adressé par Hamelin à sa mère et portant encore la bande [illisible] avec l’adresse d’Émile Hamelin à Paris.

Interpellé, le sieur Hamelin Émile a reconnu comme lui appartenant : la lettre de Pouget, l’affiche du Père Peinard et le n° du Père Peinard du 10-17 avril 1892 ; mais il a déclaré que la convocation et les circulaires des Égaux angevins appartenaient à son frère Pierre, actuellement à Buenos-Aires.

Le commissaire spécial

Nous avons ensuite visité les vêtements du sieur Hamelin, qui nous a déclaré n’avoir que les habits qu’il portait sur lui, sa malle étant restée à Brest où des camarades doivent la lui expédier en petite vitesse. Cette déclaration nous a été confirmée par sa mère et sa sœur qui ont affirmé qu’il n’était porteur d’aucun paquet ou colis quelconque à son arrivée aux Plaines dans la nuit de mercredi à jeudi.

Dans la poche de dessous de son paletot de velours, nous avons trouvé :

1° Trois numéros du Chambard daté du 3 mars courant

2° Deux numéros du journal le Falot cherbourgeois datés l’un 1er-15 avril 1892 et l’autre 15-30 avril 1892

3° Un numéro du journal El Perseguido, daté de Buenos-Aires, octobre 18 de 1891

4° Une lettre datée du 23 février 1893, de l’administration du Journal, 106 rue de Richelieu à Paris en réponse, parait-il à l’envoi d’un article à publier.

5° Une lettre de Henri Gauche et Charles Chatel de la Revue libertaire, datée du 2 février 1894, relative à l’envoi d’un colis postal de 35 exemplaires de la revue.

6° Une lettre de famille de sa nièce Savary Marie, à propos de l’arrestation de Hamelin à Brest.

7° Un livret militaire au nom de Hamelin Emile

8° deux récépissés de déclaration de colportage

9° un couteau

Interpellé le sieur Hamelin a reconnu tous ces objets comme lui appartenant mais à refusé de signer avec nous.

Le commissaire spécial

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Commissariat spécial de police d’Angers

Procès-verbal n°12

L’an 1894 et le 29 mars,

Nous Jean Lesbre, commissaire spécial de police d’Angers, officier de police judiciaire, auxiliaire de monsieur le procureur de la république.

Agissant en vertu de la commission rogatoire ci-jointe de M. le juge d’instruction d’Angers, nous commettant à l’effet de faire une perquisition au domicile d’Aimée Manceau, demeurant chez sa mère, 56 faubourg Brémigny à Angers, pour y rechercher toute correspondance, écrits, publications ou autres documents anarchistes qui pourraient se trouver au domicile de la sus-nommée.

Nous nous sommes transporté au numéro 56 du faubourg Brémigny où étant, nous avons procédé en la présence de Aimée Manceau et avec son autorisation à une minutieuse perquisition dans la pièce qu’elle occupe avec sa mère, au premier étage de l’immeuble.

Nous n’avons découvert aucun document, correspondance ou écrit anarchiste.

La sus-nommée nous a déclaré que partie de Brest à pied, en compagnie de Hamelin Émile, son amant, elle avait laissé ses effets, avec ceux de Hamelin Émile, dans une malle qui avait été expédiée de Brest en petite vitesse à l’adresse de « Louise Manceau à Angers » et qui n’était pas encore arrivée en gare d’Angers.

Elle a ajouté, et cette déclaration a été confirmée par sa mère, que Hamelin et elle n’étaient porteur à leur arrivée à Angers, mercredi soir 14 mars 1894, que d’une musette de toile blanche dans laquelle ils mettaient alternativement leurs souliers ou leurs sabots.

Ils seraient venus de Brest à Morlaix à pied et de Morlaix à Angers en chemin de fer.

De tout quoi nous avons dressé le présent procès-verbal pour être transmis à monsieur le juge d’instruction à toutes fins utiles.

Le commissaire de police.

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Commissariat spécial de Police

Gare d’Angers

Procès-verbal n°13

Affaire Émile Hamelin et autres : association de malfaiteurs

Perquisition dans la malle de Hamelin

L’an 1894 et le 23 mars

Nous Jean Lesbre, commissaire spécial de police d’Angers, officier de police judiciaire, auxiliaire de monsieur le procureur de la république.

Agissant en vertu de la commission rogatoire de M. le juge d’instruction d’Angers en date du 19 mars courant, nous prescrivant de rechercher à la gare d’Angers tout colis adressé au nommé Hamelin Emile et de saisir toute pièce, correspondance ou publications anarchistes qui pourraient y être contenues.

Informé qu’une malle appartenant au dit Hamelin Émile venait d’arriver à la gare à l’adresse de Louise Manceau, 56 faubourg Bressigny à Angers.

Nous avons fait ouvrir ladite malle, ainsi qu’un sac d’effets [illisible] en présence du sieur Mardelle Antoine, âgé de 38 ans, chef de quai à la gare St Laud et Bau Jean, âgé de 25 ans homme d’équipe à ladite gare, et avons procédé à un examen minutieux du contenu de la malle et du sac.

Nous n’avons trouvé dans le sac de vêtements aucun objet suspect ; dans la malle nous avons saisi :

1° Un volume des « Chansons de J. B Clément »

2° Cinq récépissés de déclaration de colportage au nom d’Hamelin Émile

3° Un carnet d’ouvrier au nom d’Hamelin Émile

4° Un petit carnet portant diverses mentions

5° Un petit livret du « Bon Génie ? » de Nantes

6° Une facture de « Fabrique de France » à Brest

7° Une carte routière de la France

8° Sept reçus de l’administration des postes pour envois d’argent à divers journaux révolutionnaires

9° Deux photographies (avec dédicace)

10° Deux feuilles de chansons anarchistes.

Après lecture faite, les sieurs Mardelle Antoine et Bau Jean ont signé avec nous.

Le commissaire

Textes pris sur le site Archives anarchistes