1904

À Amsterdam, le Congrès socialiste international, à une très forte majorité, déclare la grève générale «inexécutable, parce qu’un telle grève rendrait chaque existence, celle du prolétariat comme tout autre, impossible».

Création en Juin, à Amsterdam, de l’Association Internationale Antimilitariste (A.I.A).

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Arch. BNF/Gallica. L’Action antimilitariste, journal servant de relais à l’A.I.A.

Le 5 janvier, Alexandre Millerand est exclu du Parti socialiste français pour ses prises de position contre le désarmement. Création le 18 avril du journal L’Humanité, quotidien socialiste ; rédaction : Gustave Rouanet, René Viviani, Aristide Briand, Francis de Pressensé, Jean Longuet, Jean Allemane, Albert Thomas ; directeur : Jean Jaurès.  Au congrès de la C.G.T. à Bourges, rejet de la représentation proportionnelle demandé par les réformistes et décision de mener campagne pour la journée de 8 heures qui doit culminer le 1 mai 1906. Le 1er mai. Loi supprimant les bureaux de placement payants. Le 27 novembre, rencontre des délégations du PSF et du PSDF pour former la commission d’unification qui siège du 19 au 30 décembre.

Le nombre d’insoumis en France pour l’année 1904 est de plus 3000. Il y a en un pour la subdivision militaire de Cholet (Les Temps nouveaux n°13 du 29/07/1905).

Almanach illustré du Libertaire pour l'année ... Paris : Aux bureaux du Libertaire, 1903-1904 library.harvard.edu

SOURCES : library.harvard.edu. Almanach illustré du Libertaire pour l’année … Paris : Aux bureaux du Libertaire, 1903-1904.

  • JANVIER

// Émile Hamelin, propose dans Le Libertaire n°10 du 09/01/1904, une idée pour la propagande libertaire ciblant en particulier les instits. Quelques temps pus tard, il met en place cette idée puisqu’il demande à celles et ceux de Trélazé, ayant lu le journal Le Libertaire mais aussi Les Temps nouveaux (y a t’il d’autres journaux ?) de lui donner aussi si cela est possible 15 centimes pour l’envoyer aux instits du Maine-et-Loire dont il a l’adresse (Le Libertaire n°15 du 13/02/1904 et Les Temps nouveaux n°38 du 16/01/1904).

// La propagande contre les Bureaux de placement (1903) ou Beausoleil est passé dans l’Ouest, et est passé par Angers, à coûté 180 francs (La Voix du Peuple n°170 du 17/01/1904).

// Les cordonniers d’Angers versent une petite somme en solidarité pour les ouvriers Talonniers de Limoges en grève dans La Voix du Peuple n°175 du 21/01/1904.

  • FÉVRIER – MARS

Avrillé, Grève ardoisière.

Fin Février, Picherit directeur-gérant souhaite baisser les tarifs. À cela s’ajoute le décès de 15 ouvriers suite à la rupture d’un câble, depuis ils montent et descendent par des échelles.
Début février les ouvriers cessent le travail et réclament une augmentation de salaires.
Le 4 février la carrière est fermée.
Le 13, réunion à la Bourse du travail d’Angers.
Meeting le 18, à l’issue de cette réunion les carriers repartent à Avrillé en cortège. En route, ils cernent la maison de Picherit, protégé par 85 policiers et gendarmes. Des cris et des pierres volent, les gendarmes à cheval chargent à plusieurs reprises. Picherit propose de baisser encore plus les salaires et refuse toute conciliation.
Le 27/02, après une réunion, 350 carriers vont vers la carrière et essayent de détruire les machines mais la gendarmerie qui occupe le terrain s’y oppose. Le lendemain une compagnie d’infanterie prend position sur le terrain. Les ouvriers de fonds à l’origine du conflit à la mi-mars souhaitent reprendre le travail, mais ceux du-haut s’estiment trahis car eux sont en grève uniquement par solidarité. Le 11 mars, les ouvriers décident de reprendre le travail uniquement lorsqu’il y aura satisfaction des revendications, la fédération propose de mettre l’interdit sur la carrière. Le chantier est rouvert entre le 11 et 14/03. Les grévistes menacent ceux favorables à la reprise.
Dans la nuit du 13 au 14 mars, une centaine d’ouvriers se rassemblent sur la route d’Angers à Avrillé, arrachent des poteaux télégraphiques pour gêner les charges de dragons et de gendarmes montés. Plusieurs militaires sont blessés par des jets de pierres et de boulons. Des heurts ont également lieu à proximité de la carrière avec les militaires qui assure la garde des puits et des machines.
Le Premier avril la grève cesse faute de ressources financières, 120 ouvriers sont congédiés.
(M. Poperen, un siècle…)

  • FÉVRIER-AVRIL

Trélazé. Grèves ardoisière. Chantiers de la Société et à ceux de la Commission. Solidarité dans le segréen et sud-Mayenne.

 Les ouvriers avaient obtenues quelques concessions, notamment le choix par eux, de nommer un contrôleur chargé de vérifier le toisage et le repérage des comblements. Il en avait résulté une augmentation des salaires tout en ayant un travail moins intense « Travailler moins pour gagner plus » en somme. Le patronat est revanchard.

Le conflit de 1904, a aussi une autre cause essentielle : une opposition sur l’application de la durée du temps de travail suite à la loi « réglementant la durée du travail dans les exploitations minières« , soit 10h30 de présences prévues. Les fonceurs estiment que temps de remontée doit être comprise dans le temps de travail. Le patronat pense l’inverse. Il faut se rappeler que les ouvriers descendent par des échelles bien souvent.

En résumé, pour les patrons il faut être en bas à 6 heures (donc commencer la descente vers 5h30) et remonter à partir de 16h30 (donc revenir en haut vers 17h). Les ouvriers veulent commencer à descendre à partir de 6 heures (et être en bas vers 6h30) et être en haut pour 16h30 (donc commencer la remonte vers 16h).

D’autres revendications connexes, jamais vraiment réglé existent également comme le droit de choisir son médecin en cas d’accident du travail (reconnu par la loi alors).

Le 3 ou 4 février, à la carrière de la Grand’Maison, au puits n°18, dépendant de la Société de l’Anjou, le directeur désigne 5 ouvriers ne sachant ni lire ni écrire pour faire le contrôle du toisage et de repérage. C’est inversé les rôles puisque ce sont normalement les ouvriers qui désignent leurs contrôleurs. Les 5 ouvriers protestent et réclame un ouvrier sachant lire et écrire. Devant la position obstinée et provocatrice des patrons, les 5 ouvriers vont voir le Syndicat qui envoie une délégation. Le lendemain, par l’intermédiaire d’un ingénieur, Brosse, c’est une fin de non-recevoir. Pire, faut-il être surpris, le patronat dit qu’il refuse dorénavant de discuter avec le Syndicat. Trois décisions patronales en résulte : 1/ : le patron prétend imposer les contrôleurs ; 2/ que les ouvriers ayant quitté le travail pour se concerter, il impose un lock-out en fermant les chantiers ! ; 3/ un livre d’embauche va être ouvert et que la direction choisira ses ouvriers en effectuant une sélection. Une grève est déclenchée en réaction. Pendant 3 semaines, les ouvriers « sagement » demandent par 6 fois une entrevue. À chaque fois, les partons refusent.

À Trélazé, une centaine de gendarmes sont mobilisés pour maintenir l’Ordre.

Du côté ouvrier, le 10 mars, une délégation est envoyé à Misengrain où les ouvriers sont employés par la même Société de l’Anjou. Les centaines d’ouvriers cessent le travail. Ils se rendent à Renazé, en Mayenne, mais proche d’une dizaine de kilomètres. Les gendarmes ne peuvent rien faire contre la destructions des poteaux télégraphiques, la destructions des ardoises de modèle anglais prêtes à être livrées. Après concertation, trois jours plus tard les ouvriers de Renazé cessent également le travail. Le bureau du Syndicat ardoisiers est désigné pour se rendre à Misengrain et Renazé. Environ 6 à 7000 personnes attendent la délégation syndicale au train à Misengrain. Au chant de l’Internationale, succède celui de La Carmagnole mais sans doute d’autres aussi. Le meeting se tient Place de la Mairie à Renazé. Ludovic Ménard, secrétaire du Syndicat ardoisier y prend la parole. Une fois le meeting terminé, un bureau syndical est désigné à Renazé. Les ouvriers se rendent ensuite à la carrière de la Ganterie, une carrière indépendante qui livre ses ardoises à la Société Ardoisière de l’Anjou. Des camions sont retournés, les ardoises détruites.

Pendant ce temps, une colonne d’ouvriers de la Grand’Maison, se rend à la carrière et attaquent les bureaux de la Société. Les gendarmes tentent de s’interposer mais ils sont repoussés. La septième demande de rendez-vous est faite de façon plus ferme et une demande ultime de réouverture des chantiers est effectuée.

Le 11 Mars, une délégation syndicale se rend à Combrée. Là encore plus de mille ouvriers, de la carrière de La Forêt, s’inscrivent sur les registres syndicaux. Une manif a lieu. Suite à des incidents, le maire consent en réparation à faire tirer des bons pour 100 pains de 6 livres (3 kilos).

Le Syndicat des ardoisiers passe de 1500 à plus de 4000. 

Le Préfet convoque le Secrétaire général du Syndicat suite au dernier ultimatum posé le 10 mars par les ouvriers de la Commission. C’est la direction de la Grand’Maison  qui demande cette entrevue. En présence du Préfet, tous les avantages obtenus sont confirmés et sont étendus à tous les chantiers de la Société Ardoisière de l’Anjou.

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CPA issu du site cartoliste. Publiée sans doute vers 1904.

Plus de 800 gendarmes auront été mobilisés.

Mais, le patronat se parjure et n’applique pas les accords. De nombreuses violences ont lieux en répercussions. Des maisons de gardiens sont attaquées. Deux compagnies du 6e régiment et du 135e régiment d’infanterie sont positionnés à Trélazé tout comme un escadron de « dragons ».

Le 2 avril, les ouvriers fonceurs et journaliers des Fresnais passent à l’action pour finir le travail plus tôt. Ils remontent tous pour 16h. La compagnie qui veut la remontée pour 16h30, licencie 4 ouvriers considéré comme ayant lancé le mouvement d’action directe de réduction du temps de travail.

Le 3 avril, à l’heure de la descente, l’ensemble des ouvriers d’à-bas des Fresnais cessent le travail, refusent de descendre. Le mouvement se répand dans les cinq autre chantiers de la Commission. 420 ouvriers fonceurs et 380 journaliers sont en grève. Une centaine de gendarmes sont envoyés sur place. L’arrêt de l’extraction entraîne au chômage le reste du personnel, soit 1800 personnes. Une réunion syndicale a lieu à la Maraîchère. Vers 21h ou 22h, à la fin de la réunion, des groupes de carriers partent en manifestation dans les rues, d’autres vont dans les perrières et commettent des actes de sabotages, des déprédations si on dit les beaux mots du pouvoir.

Dans la nuit du 07 avril au 8 avril :

Grands-Carreaux : 4 à 5000 ardoises détruites, bris de vitres de la salle des machines n°5 ;

Monthibert : au grand puits n°3 : destruction complète des devantures de la salle des machines, câble électrique coupé, lampes brisées ;

Hermitage – Petits Carreaux : 31000 ardoises brisées, 6 wagonnets jetés dans un vieux puits, une conduite d’eau et une pompe d’épuisement détériorées, 30 vitres détériorées et 2 fenêtres brisées ;

Champ Robert : la devanture du Puits n°5 cassée, bureau du chef des travaux pris d’assaut : une porte et deux fenêtres enfoncées, un appareil téléphonique détruit, fenêtres et vitres de la chaufferie brisées, 5 wagons de terrassement jetés dans un vieux puits abandonné et inondé.

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CPA issue de cartoliste. Publiée par Les Temps nouveaux, sans doute vers 1904.

Le patronat réagit par le lock-out.

Le patronat écrit et fait la morale aux différents corps d’état : préfet, parquet. À ce propos le préfet De Jolly, rappelle au dirlo qui peste contre l’inaction de la flicaille que :

« Je m’empresse de vous faire savoir que vous commettez une erreur en vous adressant au Parquet pour demander que des mesures préventives soient prises. Ce n’est pas son rôle : il n’a pas à prévenir mais à réprimer. C’est à moi seul qu’incombe le devoir dont vous parlez.

J’ai, dès le premier jour, envoyé des forces considérables : cent gendarmes, et vous m’avez, à moi-même, déclaré que ce nombre était largement suffisant. Ce matin, de ma propre initiative, j’ai augmenté dans d’importantes proportions l’effectif réuni à Trélazé pour la protection des propriétés et le maintien de l’ordre public.

Vous parlez de l’inaction de la force publique ; je dois protester énergiquement contre une pareille expression : la gendarmerie ne mérite à aucun degré le moindre reproche de négligence. Je me permets de vous rappelez d’ailleurs que deux gendarmes ont été blessés pour la défense des propriétés de votre Société et que, dans l’obscurité la plus complète et sous la grêle des projectiles qui tombaient sur ceux, groupés aux  »Petits Carreaux », ont tous courus de réels dangers pour votre service. »

Après quelques semaines de conflit, la tension retombe en avril. Les sanctions contres les ouvriers sont levées. Un compromis est trouvé : descente à 5h50 et remontée à 16h20. La grève se termine, faute de ressources, vers la mi-avril.

SOLIDARITÉ FINANCIÈRE :

Les versements en solidarité viennent des Syndicats (pour ceux qui passent par Paris – Condéréation, Union syndicale de la Seine… des versements sont bien entendu envoyé directement à Trélazé dont je n’ai pas de traces) pour les versements : des cordonniers de la Seine, des travailleurs du Laboratoire de la Marine ; des Tailleurs et Couturiers (Paris ?) ; des Tabacs de Pantin ; de la Dorure chimique ; de l’Union de la Bijouterie-Joaillerie ; des Modeleurs-Mécaniciens ; de l’Ameublement de Saint-Loup-sur-Semouse (2 fois) ; des carriers de Savonnières-en-Perthois ; des Travailleurs du Port de Brest ; des Orfèvres ; des Musiciens de Marseille ; des Émailleurs sur métaux ; des Porcelainiers de Villedieu-de-l’Indre ; des Métallurgistes du Boucau ; des Cotonniers de Malauny ; des Ouvriers charbonniers du port de Cette (Sète) ; de la Fédération des Syndicats d’Auxerre ; les Découpeurs, Estampeurs et Outilleurs ; des garçons de magasins, Cochers livreurs ; des Coiffeurs ; des Parqueteurs ; des Naturalistes Taxidermistes ; des Riveurs-Chanfreneurs de Saint-Nazaire ; des ouvriers du Chevreau glacé ; des Métallurgistes d’Audincourt ; des Allumettiers de Pantin et d’Aubervilliers ; des Bûcherons des Trois-Vèvres ; Syndicat des mineurs de Grand-Croix (5 francs) ; du Groupe Union et Solidarité du XVIIIe (5 francs) ; des Travailleurs réunis du Port de Cherbourg (15 francs) ; des Huiliers, Pétroliers et Savonniers du Havre (3 francs) ; La Chambre Syndicale de l’Industrie cotonnière de Laval (10 francs) ; la Chambre syndicale des Gaîniers (5fr50).

=> Les caisses des sections locales des syndicats ardoisiers de l’anjou sont sans doute pleine (qui manquera cependant quelques semaines plus tard). D’important versement, très rare, sont faits par les syndicats ardoisiers de Sorges (Trélazé/Ponts-de-Cé), de la Forêt (Combrée, segréen), de Misengrain (segréen) et Renazé (sud-Mayenne, proche de Misengrain, Noyant-la-G et Combrée). Chaque section verse 100 francs ! pour les métallurgistes du Cateau. Le Syndicat des ardoisiers dit d’ailleurs d’arrêter de leur donner de l’argent en solidarité et que els souscriptions déjà versées doivent être envoyées à d’autres. La Voix du Peuple n°186 du 08/05/1904.

 

Sources : Poperen : Un siècle de luttes au pays de l’ardoise, pp92-94. Les Temps nouveaux : n°42 du 13/02/1904 ; n°43 du 20/02/1904 ; n°44 du 27/02/1904 ; n°47 du 19/03/1904 ; n°48 du 26/03/1904n°49 du 02/04/1904n°49 du 02/04/1904n°51 du 16/04/1904 ; . L’Humanité : n°1 du 18/04/1904. Le Libertaire : n°18 du 05/03/1904 –brève 1 et réflexions Hamelin– ; n°20 du 19/03/1904 ; n°24 du 16/04/1904 ; La Voix du Peuple : n°175 du 21/02/1904 ; n°177 du 06/03/1904 ; n°177 du 06/03/1904 ; n°179 du 20/03/1904n°180 du 27/03/1904 ; Dans le n°175 du 21/02/1904, un appel à la solidarité financière est lancé. Des versements en Solidarité sont attestés dans les n°176 du 28/02/1904 ; n°177 du 06/03/1904 ; n°178 du 13/03/1904 ; n°179 du 20/03/1904 ; n°180 du 27/03/1904 ; n°181 du 03/04/1904 ; n°182 du 10/04/1904 ; n°184 du 24/04/1904 ; n°186 du 08/05/1904. Ce dernier numéro voit 400 francs versés pour les métallurgistes de Cateau eux-aussi en grève par les différentes sections ardoisières de Sorges, Combrée, Renazé, Misengrain.

  • p44 Almanach illustré du Libertaire pour l'année ... Paris : Aux bureaux du Libertaire, 1903-1904. Harvard Library.edu

    SOURCES : Harvard Library.edu. p44 Almanach illustré du Libertaire pour l’année … Paris : Aux bureaux du Libertaire, 1903-1904.

    MARS

// La Bourse du Travail d’Angers envoie une motion de soutien à Yvetot face à sa nouvelle condamnation au procès de Rouen (La Voix du Peuple n°178 du 13/03/1904).

// La CA de la Bourse du Travail, envoie également un Ordre du jour de soutien en faveur de Spano. Ce jeune homme de 23 ans, en 09/1903, tue son contremaître qui venait de le virer, le condamnant lui et sa mère à une grande misère. Il est condamné à mort début 1904. Un mouvement de solidarité a lieu envers cette « victime de l’injustice sociale » (La Voix du Peuple n°177 du 06/03/1904, n°178 du 13/03/1904).

// Un autre Ordre du jour est voté par la CA de la Bourse du Travail d’Angers, toujours dans le même n°178 du 13/03/1904, contre le crime d’Alcala del Valle en Espagne, où des camarades sont en butte à la torture.

  • AVRIL

// Solidarité financière : Robin verse 5 francs pour la colonie libertaire d’Aiglemont (Le Libertaire n°22 du 02/04/1904) et Mercier, 6 francs pour Louise Michel qui est malade dans le Sud (Le Libertaire n°25 du 23/04/1904).

// Une grande grève dans le Textile est lancée pour la journée de 10 heures sans baisse de salaire, mais rien ne semble bouger dans le Maine-et-Loire (La Voix du Peuple n°182 du 10/04/1904).

  • MAI

// Des soldats ivres poursuivent des passants à Angers, baïonnettes au poing (L’Humanité n°30 du 17/05/1904).

// Le journal L’Ennemi du Peuple est vendu par Legloahec (n°19 du 01/05/1904).

  • 21 mai  

Angers, Ludovic Ménard au nom des ardoisiers prend la parole à la Fête de La Paix, au côté de pacifistes bourgeois de la L.D.H. et des loges maçonniques d’Angers et Saumur. (Boussion S.)

  • JUIN

// Lors de processions religieuses, des incidents ont lieux. Des bagarres, opposant, semble-t’il, des religieux et des libre-penseurs blessent une dizaine de personnes dont un policiers et deux gendarmes. Puis quelques jours plus tard, des étudiants de l’université catholique provoquent des bagarres devant le journal Le Patriote de l’Ouest (L’Humanité n°51 du 07/06/1904 et n°58 du 14/06/1904).

// Publication dans L’Humanité n°58 du 14/06/1904 de l’appel pour la tenue du Congrès antimilitariste d’Amsterdam.

// Publication des versements des Syndicats des fendeurs d’Avrillé (5 frs) et des Allumettiers (14.85 fr) pour la camapagne contre les bureaux de placement. Les allumettiers versent également 10 francs pour la campagne en faveur des 10 heures (La Voix du Peuple n°191 du 12/06/1904).

// Une grève à lieu à Bessonneau pour une meilleure prise en compte du travail fourni. Une centaine d’ouvriers-peigneurs sont en grève (La Voix du Peuple n°191 du 12/06/1904).

  • 30 juin – début juillet
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Arch. municipales d’Angers numérisées. 06 Fi 353.

Angers. Maison Mingot. Déclenchement d’une grève des ouvriers cordonniers, des monteurs en particulier. Leur revendication porte d’une part sur le refus de la diminution des salaires. D’autres part, les ouvriers veulent que le patron n’emploie plus de femmes dans les ateliers. Lors de la conciliation faite début juillet ; le patron accepte de ne pas baisser les salaires ; les ouvriers laisse tomber leur revendication sur le refus du travail des femmes. Je ne sais pas qu’elle était la position du Syndicat des Cordonniers, adhérent à la Fédération des Cuirs et Peaux (C.G.T.) sur cette dernière revendications malheureusement répandu. Lors de cette grève une mise à l’index à lieu de la part de la Fédération de la C.G.T. en demandant aux cordonniers de ne pas se rendent à Angers tant que le conflit n’est pas résolu. Une solidarité financière est également demandée par le biais de la Fédération pour soutenir les grévistes (affiche municipale 06Fi353 ; L’Humanité n°86 du 12/07/1904 ; La Voix du Peuple n°195 du 10/07/1904, n°196 du 17/07/1904 et n°197 du 24/07/1904).

  • JUILLET
  • AOÛT

// Constitution de la fédération nationale des ouvriers ardoisiers, à Malaquais, Trélazé, le 21/08, qui adhère à la CGT. Émile Sevry est élu trésorier et Ludovic Ménard Secrétaire général.

// Reims. Congrès de la Fédération du Textile. Le syndicat de Cholet y présent (L’Humanité n°120 du 15/08/1904).

  • SEPTEMBRE

// Paris : Congrès Fédération des Allumettiers. Trélazé représenté au moins par un nommé Renard et sans doute Soutif (orthographié Lontif) (L’Humanité n°142 du 06/09/1904 ; n°143 du 07/09/1904 ; n°144 du 08/09/1904 ; n°145 du 09/09/1904 et n°146 du 10/09/1904).

// Prévision d’une grande tournée de conférences de Sébastien Faure, sur le thème « La Paix ou la Guerre« . Il est prévu qu’il soit en Anjou vers le mois de février 1905. Viendra-t-il ? Je doute (Lb.) (L’Humanité n°158 du 22/09/1904).

// Le Syndicat des jardiniers d’Angers donne son accord pour éventuellement créer un syndicat national. Les syndicats de Paris, Lyon, Angers et Orléans propose de se rencontrer soit à Bourges soit à Orléans (L’Humanité n°141 du 05/09/1904).

  • 1er septembre

Bourse du Travail. Angers. Face aux chicanes des réformistes de la Bourse à l’encontre des trélazéens, en particulier carriers, Ménard réplique « Je n’ai qu’à demander l’ajournement de la réunion et venir à la prochaine avec les 3000 syndiqués de chez nous, et alors nous serons sûr d’avoir raison ! » Les trélazéens continueront à œuvrer pour le syndicalisme-révolutionnaire.

  • 20 septembre

Angers. Création d’une section de l’A.I.A. sous l’impulsion de E.Hamelin. Le 20 septembre à lieu une réunion préparatoire dans un café de la rue Lyonnaise. (S. Boussion, op. cit. )

  • 21 septembre

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    Archives municipales d’Angers numérisées. 06 Fi 354.65 cm par 49.2 cm

Angers. Grève des ouvriers maréchaux. Ils demandent : la suppression du travail du dimanche et la fin de l’obligation de la nourriture et du logement obligatoire chez les patrons. La journée de 10 max, comprise entre 6 heures du matin et 18h le soir ; avec une pause casse-croûte d’une demie-heure le matin et d’une heure et demie le midi. Le salaire horaire payé chaque semaine. Les patrons refusent toute conciliation (Affiche de refus de conciliation patronale, arch munic. Angers 06 Fi 354)

  • 26 septembre

E.Armand, Trélazé, salle Marrec, rue de l’Asile « Le Communisme pratique» (Le Libertaire, n°47, 11e série du 24/09 au 01/10/1905)

  • 27 septembre
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E. Armand. Dico des anars. Maitron

E.Armand, Angers, Université populaire « Les Doukhobores, leur origine, leur histoire, leurs aventures au Canada »
(Le Libertaire, n°47, 11e série du 24/09 au 01/10/1905)

  • 30 septembre

E. Armand, Trélazé, salle Marrec  « Une société libertaire est-elle possible ?»
(Le Libertaire, n°47, 11e série du 24/09 au 01/10/1905)

  • Tous les dimanches de 9 à 11h du matin

Rue des Deux-Haies, Angers. Groupe de l’Association Internationale Antimilitariste. « Cocherie, un des membres les plus influents de la section antimilitariste d’Angers » profite d’une conférence-fête le 04/12 pour créer une section à Trélazé.

  • OCTOBRE

// Cholet et Mauges. Grande grève de plus de 4000 ouvriers tisseurs à Cholet, 10.000 avec les Mauges proche. Les revenus moyens oscillaient entre 0 frc90 et 1 franc 75 par jour. Vers les 3 francs dans le meilleur des cas, dans les tissages mécaniques. Les patrons décident unilatéralement à la mi-août, de briser le contrat de tarifs qui fixait les prix. À la baisse bien entendu.

À la demande du Syndicat des tisserands, une réunion à lieu à la sous-préfecture le 24 septembre 1904. 25 patrons y sont présents. Ils répondent qu’ils étudieront les tarifs, mais, entre-eux !

Le lendemain, la grève éclate. Tisseurs, blanchisseurs, apprêteurs, piqueuses… Selon, le journal L’Humanité, via le secrétaire Guérin, il est possible qu’il y ait des raisons politiques derrière l’intransigeance patronale car ils auraient perdu le contrôle total de la mairie.

Les revendications sont que les tarifs augmentent entre 12 et 15% et qu’ils soient discutées par atelier en tripartite : patron/délégation ouvrière/syndicat ; que les nouveaux tarifs soient déposés au Tribunal des prud’hommes. Les ouvrières piqueuses ne revendiquent rien mais sont en grève de solidarité. Patience, modération malgré les provocations patronales et le nombre de grévistes n’entraîneront aucun résultats positifs pour les ouvriers.

Les partons baissent les salaires. L’un d’eux, Brémond, répondra à une supplique pour avoir du pain par « vous n’avez qu’à mangez du foin » (Les Temps nouveaux n°23 du 08/10/1904, n°24 du 15/10/1904, n°25 du 22/10/1904, n°26 du 29/10/1904, n°27 du 05/11/1904. L’Humanité n°179 du 13/10/1904, n°183 du 17/10/1904, n°197 du 31/10/1904, n°201 du 04/11/1904).

// Dans le journal L’Humanité, Cognée et Godaud versent une somme d’argent en faveur des victimes du lock-out de Marseille. Ils se déclarent alors instituteurs à Angers (L’Humanité n°185 du 19/10/1904).

  • Samedi 08 octobre

Angers. Cirque Théâtre. Environs 2500 personnes. Jaurès, Camélinat, Ducos de la Haille font une conférence. Elle était à l’origine prévue à Nantes mais faute de place, les socialistes se replient sur Angers (L’Humanité, n°175 du 09/10/1904).

  • Dimanche 09 octobre

Angers. Café Guilbault, butte du Pélican. 10H. Réunion de libertaires pour créer une section de l’A.I.A. (Les Temps nouveaux n°23 du 08/10/1904 et Le Libertaire n°49 du 08/10/1904). Tous les « antimilitaristes révolutionnaires » sont invités à se joindre à cette future section. Il est prévu également d’organiser la venue de Janvion.

  • Mercredi 12 octobre

Angers. Bourse du Travail. 20H30. Réunion de l’Université Populaire. Orateur : l’avocat Reveillard, sur le Socialisme (Les Temps nouveaux n°23 du 08/10/1904).

  • Mercredi 19 octobre

    cartoliste leon tolstoï

    Sources : cartoliste. 1905

Angers. Bourse du Travail. 20H30. Réunion de l’Université Populaire. Orateur : Émile Guichard, sur le Tolstoïsme et l’anarchisme (Les Temps nouveaux n°23 du 08/10/1904).

  • NOVEMBRE

// Grève aux ateliers bois et pelotage de Bessonneau. 2500 ouvrier-e-s cessent le travail. Baisse de 30 à 40% des salaires ! Surtout les ouvrières réclament le départ de deux contremaîtres qui usent « du droit de jambage » sur les jeunes ouvrières.  Réclamation aussi de réembauche d’une ouvrière virée. Le sieur Bessonneau veut bien réembaucher l’ouvrière, mais deux jours après la reprise générale du travail. Les ouvrier-s refusent, c’est un lock-out patronal en réponse (Les Temps nouveaux n°29 du 19/11/1904 et n°30 du 26/11/1904. L’Humanité n°209 du 12/11/1904, n°210 du 13/11/1904 et n°211 du 14/11/1904. Le Libertaire : ).

// Paris. La « citoyenne » Barbe des modistes d’Angers est présente au banquet d’ouverture du 3e Congrès des Associations ouvrières de Production (L’Humanité n°210 du 13/11/1904).

// Angers. Réunion du groupe de l’A.I.A. tous les dimanche de 9 h à 11h, café Lebon, rue Lyonnaise. Deuxième dimanche du mois : réunion générale (Les Temps nouveaux n°30 du 26/11/1904). Fait étonnant, le groupe communiste-anarchiste invite tous les camarades (du groupe anars ou les autres aussi) à se réunir le dimanche pour lancer la propagande (Le Libertaire n°02 du 13/11/1904).

// Un article d’Hamelin, publié dans Le Libertaire n°02 du 13/11/1904, propose -en réponse à La Raison, de se rendre le même dimanche, dans le maximum d’églises ou au moins de cathédrales, y conspuer les curés et chamabarder tous les gris-gris.

  • Samedi 12 novembre

Chez Houdayer, rue des Deux-Haies,  Groupe communiste-anarchiste
(Le Libertaire n°2 du 13/11/1904. + S.Boussion, op. cit., Les Temps nouveaux n°28 du 12/11/1904)

  • Samedi 26 novembre 1904

Salle Marrec, Trélazé.  Cocherie : causerie sur l’antimilitarisme et la nouvelle internationale. Création d’une section de l’A.I.A. Hamelin reçoit les adhésions et les cotisations.
Selon Boussion (p54) E. Hamelin affirme à Régis Meunier dans une communication interceptée par la police (courrier ?) avoir délivré une trentaine de cartes sur Trélazé et une quinzaine à Angers (Le Libertaire, n°5, du 04 au 11/12/1904 + Boussion S).

  • DÉCEMBRE

// Projet d’une tournée de conférences de Régis Meunier sur l’Ouest de la France, devant passer par Angers, Cholet et Saumur. Elle était prévue pour le début de l’année 1905 (Les Temps nouveaux n°33 du 17/12/1904 et Le Libertaire n°7 du 18/12/1904).

L'Action_antimilitariste___organe_mensuel_[...]Association_internationale_ bpt6k9748215 bnf gallica numero special 05111904

BNF/Gallica. Affiche issue du n° spécial de L’Action Antimilitariste du 05/11/1904.

// Annonce de la création à Angers d’une section de l’A.I.A. dans la presse antimilitariste. La section date cependant de septembre/octobre. Création d’une section en décembre à Trélazé avec pour secrétaire Hamelin, Tineuf comme trésorier. Les réunions ont lieux le 3e samedi de chaque mois, rue de l’Asile chez Levêque puis salle Marrec, toujours rue de l’Asile, le deuxième dimanche de chaque mois, à 15h (L’Action Antimilitariste n°3 du 15/12/1904 et n°4 du 15/01/1905, Les Temps nouveaux n°32 du 10/12/1904). À Angers les réunions ont lieux au café Lebon, 86 rue Lyonnaise, tous les dimanches matin de 9 à 11 heures avec une réunion générale tous les 2e dimanches du mois (Le Libertaire n°05 du 04/12/1904).

  • Dimanche 11 décembre

Trélazé. Salle Marrec, rue de l’Asile : conférence de Guichard sur « L’Antimilitarisme chez les tolstoïens et les anarchistes« . Suite à cette conférence, deux soldats du 6e génie, qui étaient présent -assistaient ?- dans l’auberge seront condamnés par le colonel Petibon et le général Peigné. L’un Leblanc, sera dégradé de son grade de caporal. Les deux condamnés (Leblanc ou seulement Rotereau condamnés à 60 jours ?) pour « Avoir assisté à une réunion anarchiste et antimilitariste et ne pas s’être retiré dès qu’il a vu le caractère antifrançais de cette réunion« . Ils seront en outre envoyé en Algérie pour finir leur service et donc envoyé à une mort probable. Émile Guichard interpellera la L.D.H. pour que soit soutenu ces deux soldats. Ce que fera la L.D.H. comme le laisse supposé un lettre qu’il dit avoir reçu de M. de Pressensé. Guichard poursuit sa correspondance également avec les deux soldats comme il l’écrit dans une brève de 1905. (Les Temps nouveaux n°32 du 10/12/1904 ; n°37 du 14/01/1905 ; n°39 du 28/01/1905 ; n°37 du 14/01/1905 ; n°52 du 29/04/1905).

=> Il semble que c’est à l’issue de cette réunion publique qu’est constitué officiellement (elle préexiste depuis quelques temps) la Jeunesse Syndicaliste de Trélazé, avec Hamelin comme 1er secrétaire et Tanieuf (Tineuf ?) comme 1er trésorier. Cette J.S. adhère aussitôt à l’Association Internationale Antimilitariste (A.I.A.) La cotisation est 25 centimes par mois, dont 10 centimes pour la propagande locale -faire venir affiches, tracts, brochures, faire venir des conférenciers-, 5 sous pour la Caisse du sou du soldat – entretenir des relations avec ceux partant à l’armée-, 5 centimes pour le Comité national de l’A.I.A. et 5 pour le Comité International (La Voix du Peuple n°219 du 25/12/1904 et n°216 du 04/12/1904). Les réunions auront lieu tous les 3e samedi du mois, à 20h, salle Marrec, rue de l’Asile à Trélazé.

  • 23 décembre

Ouverture à Paris du Premier Congrès des syndicats des jardiniers : syndicat de Paris (Seine), Montreuil, Vitry, Lyon et Angers. Il s’agit avant tout d’élaborer les statuts (L’Humanité n°141 du 05/09/1904 et n°251 du 24/12/1904).

  • 24 décembre

Trélazé. Réunion chez Lévêque.  Organisée par Hamelin. Conférence anticléricale par Guichard sur « le noël des gueux » (Les Temps nouveaux n°33 du 17/12/1904, n°34 du 24/12/1904).

  • 30 décembre

Le tribunal d’Angers ordonne une expertise et une enquête sur le fonctionnement du Bon-Pasteur à Angers (L’Humanité n°78 du 04/07/1904 et n°n°257 du 30/12/1904).